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Le projet de la collection obéit depuis le début au désir de confronter le travail d'un plasticien avec celui d'un écrivain : jouer l'articulation d'un regard avec la parole ; prendre le parti du frottement contre celui de l'illustration, dispositif de circulations au risque de la porosité, et faire naître des hasards les plus belles correspondances.
Le travail que nous proposent l'écrivain Laurent Herrou et le photographe Jeanpierre Paringaux possède pour lui l'évidence d'une telle correspondance, parce que leur projet y est ici de part en part, et depuis quelques années, échange. Si chacun possède ses singularités, leur articulation joue l'un pour l'autre, en diffusion : les deux artistes travaillent l'un avec l'autre, c'est-à-dire aussi l'un contre la forme de l'autre, miroitement intense de l'image sur son écriture, et de l'écriture en regard de l'image.
Journal tenu lors d'une résidence à Bruxelles - la ville devient la plaque impressionnante où se réfléchit cette articulation : de la ville, on dira peut-être qu'elle finit par devenir le lieu de la rencontre, en point de fuite qu'on n'atteindra jamais. Est-ce que l'image est l'espace projeté dans lequel les textes se recueillent en précipices intimes ? ou leur conscience même, l'intériorité de ces fragments de journal, qui disent au jour le jour les lectures (Sagan) les rêves (ses peurs), les désirs (dans ses douleurs les plus profondes, les plus extrêmes) et les joies qui accompagnent le passage des jours ?
Mais la dialectique intérieur/extérieur est illusoire ici, parce qu'aucune secondarité ne fait fonctionner la machine désirante qu'est Bruxelles Plic Ploc - les deux formes ne cessent de questionner leur rapport : rapport sensible, rapport de force comme en l'autre trouver ses propres questions, rapport de faiblesse aussi, en ce que l'objectivité que ne cesse de renvoyer le monde ne suffit pas, n'est jamais suffisante en regard de la question qu'on lui adresse.
Devons-nous (me) déconstruire ensemble - comme je le fais seul de l'écriture, depuis tellement d'années - pour que j'aie une chance de (re)vivre ?
Solitudes essentielles qui s'affrontent au geste de montrer le monde, de le dire ; solitudes qui trouvent en elles-mêmes la possibilité de se rejoindre.
Arnaud Maïsetti
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