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Benjamin Grossman veut croire qu'il a réussi, qu'il appartient au monde de ceux auxquels rien ne peut arriver, lui qui compte parmi les dirigeants de BeCurrent, une de ces fameuses plateformes américaines qui diffusent des séries à des millions d'abonnés. L'imprévu fait pourtant irruption un soir, banalement: son téléphone disparaît dans un bar-tabac de Belleville, au moment où un gamin en survêt le bouscule. Une poursuite s'engage jusqu'au bord du canal Saint-Martin, suivie d'une altercation inutile. Tout pourrait s'arrêter là, mais, le lendemain, une vidéo prise à la dérobée par une lycéenne fait le tour des réseaux sociaux. Sur le quai, les images du corps sans vie de l'adolescent, bousculé par une policière en intervention, sont l'élément déclencheur d'une spirale de violences. Personne n'en sortira indemne, ni Benjamin Grossmann, en prise avec une incertitude grandissante, ni la jeune flic à la discipline exemplaire, ni la voleuse d'images solitaire, ni les jeunes des cités voisines, ni les flics, ni les mères de famille, ni les travailleurs au noir chinois, ni le prédicateur médiatique, ni même la candidate en campagne pour la mairie. Tous captifs de l'arène: Paris, quartiers Est.
Négar Djavadi déploie une fiction fascinante, ancrée dans une ville déchirée par des logiques fatales.
Fresque sociétale et sociale au travers des quartiers Est de Paris, Négar Djavadi nous envoie, lecteurs, au milieu de cette « arène », bien loin du cadre idyllique de la ville de Paris, vendu aux touristes.
Via ce roman-choral, ce sont les destins d’une pléthore de personnages qui se verront bouleversés suite à une rencontre anodine et impromptue, menant à un drame. Au travers d’une durée de seulement 48h, l’auteure évoque cette société proche du chaos où le choc des classes sociales n’est jamais très loin.
Constitués des X, XI, XIX et XXème arrondissements, les lieux sont constitués de plus de 70% par des cités où y vivent un florilège de communautés différentes. Alors que chaque individu tente de s’en sortir, les émotions seront exacerbées par des provocateurs, les réseaux sociaux, les journalistes.
Ce qui pourrait être une énième critique de la vie moderne, est en fait un livre menant à la réflexion sur cette société qui s’étiole de jour en jour, où les sentiments de solidarité et d’empathie sont mis de côté. Y a-t-il encore une solution pour changer cela? Alors que le Pouvoir préfère détourner le regard de ces problèmes, pourrait-il vraiment faire quelque chose?
Digne des meilleurs romans noirs, le livre fourmille de références, notamment cinématographiques et l’auteure offre des anecdotes historiques sur la ville de Paris. Néophyte, je ne les connaissais pas.
Cette vision contemporaine réaliste et lucide est portée par un style brut et vif. Très ancrés dans l’actualité, les clichés sont absents. Mené avec beaucoup de tensions, le récit est très dense, tout comme le nombre de personnages mais au final, leurs histoires s’imbriqueront finement.
Si vous souhaitez un livre « optimiste », alors ce livre n’est pas ce que vous cherchez dans l’immédiat mais néanmoins, gardez-le bien sous la main!
Un roman qui ne laisse pas indiffèrent ou « comment un événement mineur va enclencher une spirale incontrôlable ».
L'intrigue se passe dans les quartiers populaires de Paris où se côtoie une population issue de toutes les origines et qui tente de vivre ensemble.
La violence engendre la violence. On fait en sorte de ne pas s'attacher aux personnages tant on craint pour eux.
J'ai retenu mon souffle tout le long du récit redoutant la catastrophe annoncée.
L'écriture est percutante, précise et nous embarque dans l'histoire. Il n'y a rien de binaire dans le récit. L'auteure ne tombe pas dans le piège des gentils et des méchants. Chacun fait ses choix comme il le peut avec son histoire, ses failles, son courage, l'endroit où il est né, les possibilités qui s'offrent à lui.
On sait que ces quartiers-ghettos, les migrants qui ne sont pas accueillis avec dignité, les laissés-pour-compte sont une cocotte-minute qui peut exploser à tout moment mais Arène permet d'incarner tous ces anonymes.
Une lecture coup de poing.
Je suis d'autant plus impressionnée par ce roman que je n'avais pas été emballée par Désorientale, le premier roman de Négar Djavadi. Ici, tout est fort, brillamment ajusté, percutant. Le contexte, l'unité de lieu et le parti-pris narratif m'ont parfois fait penser à l'ambitieux Les lois de l'ascension de Céline Curiol mais la comparaison s'arrête là, chacun de ces deux romans ayant une personnalité propre et bien affirmée, et Arène s'inscrivant dans un temps très court pour mieux mettre en évidence la folie de la course au temps de nos sociétés modernes.
Ce temps qui s'emballe en quelques secondes autour d'un fait divers dans un quartier sensible de l'est parisien : le corps sans vie d'un adolescent retrouvé au petit matin, et un concours de circonstances qui va impacter les vies de Sam la policière, Camille la lycéenne et bien d'autres qui gravitent dans le périmètre. Sans oublier celle de Benjamin Grossmann, qui s'était pourtant extirpé de ce quartier de son enfance, Benjamin devenu cadre influent chez BeCurrent, l'une des plus importantes plateformes de diffusion de séries, Benjamin qui n'aurait peut-être pas dû rendre visite à sa mère ce soir-là. A partir de là, l'auteure met en scène un emballement haletant au cœur d'une société devenue celle du spectacle et du divertissement, où l'image est reine. La ville se transforme en arène avec des citoyens chauffés à blanc. Une société où l'on conçoit des séries à tour de bras pour mieux détourner l'attention des réalités, où il suffit d'une vidéo postée sur les réseaux sociaux pour déclencher un lynchage médiatique, où les scénaristes de cinéma sont désormais au service des hommes et femmes politiques...
Ce qui impressionne c'est la densité de l'ensemble, la façon dont l'auteure encapsule la modernité à travers des personnages à la fois représentatifs et incarnés. Tout y est : la contrainte économique, l'enfermement, la pression que subit chacun à son niveau et qui entraîne la peur, la manipulation, la violence ou l'erreur. C'est redoutablement intelligent, grâce à des ingrédients qui nourrissent le fond et facilitent grandement la projection, et à une écriture très cinématographique qui mène l'intrigue dans un crescendo captivant et addictif. J'ai particulièrement apprécié le questionnement induit sur la société du divertissement, le règne du storytelling auquel chaque citoyen apporte sa pierre sans forcément en être conscient. On ne s'ennuie pas un instant, j'ai adoré.
(chronique publiée sur mon blog : motspourmots.fr)
Négar Djavadi, en partant d'un simple vol de portable, fait une critique acerbe des travers de notre société. Les personnages qui se côtoient dans l'arène, sont tous très différents et vont être entraînés dans une spirale de violence dont ils ne sortiront pas indemnes. Dans un roman très ancré dans l'actualité, elle aborde divers sujets comme les violences policières, les inégalités sociales, les trafics de drogues, les discriminations et le racisme, notre rapport maladif à l'image via les réseaux sociaux et les dangers de l'information en temps réel.
J'ai apprécié l'écriture rythmée et incisive de l'auteure et sa description très détaillée de l'est de Paris dans lequel tout semble prêt à s'embraser. C'est un roman intéressant et ambitieux mais j'ai trouvé que le fil de l'intrigue n'était pas toujours facile à suivre. Il y a beaucoup de personnages et de sujets évoqués, ce qui provoque un manque de fluidité général. Le lecteur peut être quelquefois un peu perdu. J'ai eu du mal à m'attacher aux personnages parfois très antipathiques.
« Arène » est un roman qui s'inscrit dans une réalité sociale et qui aborde de façon judicieuse aussi bien le hasard et la fatalité que la question de la responsabilité et de la culpabilité.
Un roman qui met en scène des personnages attachés, peu ou prou à l'est parisien, depuis leur naissance ou depuis leur arrivée comme migrants et leurs inter-actions sociales, religieuses, politiques et économiques. le pilier de la narration, Benjamin Grossman nourri au biberon cinématographique par sa mère, restauratrice de films anciens est devenu un important responsable de la société BeCurrent qui produit des séries à succès qui rapportent beaucoup d'argent. La perte de son Iphone déclenche une cascade d'événements et de situations qui rappellent des faits réels impliquant la circulation de drogue, les relations tendues entre la population et la police, les attentats, les infox circulant particulièrement bien sur les « réseaux sociaux »…..Les différents épisodes sont écrits sur un rythme de séries télévisuelles, parfois endiablé et rapide, mais souvent un peu lourd et décousu. Beaucoup d'imagination et d'ingrédients intéressants, mais au final, une recette un peu loupée.
En suivant les pas de Benjamin Grossman, responsable de la branche France de BeCurrent, concurrent de Netflix, j’ai été aspiré dans l’Arène. Cette Arène, c’est Paris où tout se joue, où toutes les tensions, les frustrations, les injustices vont aller jusqu’à l’explosion, causant beaucoup de dégâts.
Négar Djavadi, déjà bien appréciée dans Désorientale, rencontrée aux Correspondances de Manosque 2020, s’est lancée dans une fresque impressionnante, passionnante de bout en bout, avec la bagatelle de cent quarante-huit personnages ayant chacun son histoire, le tout en neuf grandes parties, plus des mouvements musicaux. C’est bien construit et cela m’a tenu en haleine jusqu’au bout, un peu comme dans un polar.
Dans ces quartiers de Paris, Xe, XIe, XIXe, XXe arrondissements, se concentrent 70 % de cités, 43 % de foyers non imposables, 25 % de la population sous le seuil de pauvreté. Aucune communauté n’est épargnée : Blancs, Noirs, Juifs, Arabes, Chinois, Indiens, Sri-Lankais, Caribéens, tous ont leur misère à gérer. Alors, lorsque des bandes de gosses de 16-17 ans commencent à régler leurs comptes sur fond d’un trafic de drogue exponentiel, cela ne peut qu’aboutir au pire.
Négar Djavadi dresse le tableau de ces existences prises dans un tourbillon urbain démentiel. La vie est déjà difficile mais cela ne serait pas si terrible si quelques individus ne se chargeaient pas d’exciter ces jeunes, de faire monter la haine, d’attiser les ressentiments sur fond de racisme, d’islamophobie, espérant tirer les marrons du feu.
Pour cela, il y a les fameux réseaux dits sociaux qui permettent de diffuser n’importe quoi, de bidouiller des vérités bien trafiquées afin d’entraîner les crédulités vers la haine et la violence qui en découle. Avec ça, les chaînes d’info continue se chargent de rameuter ceux qui ne sont pas encore touchés, invitant sur leurs plateaux de sinistres agitateurs tentant de se faire passer pour des spécialistes.
Dans son travail, Benjamin Grossman se charge de faire tourner des séries qui cartonnent et continuent un peu plus chaque jour de ronger les cerveaux. Lui qui est originaire de ces quartiers faisant bien partie pourtant de la Ville-lumière, se rend chez Cathie, sa mère, qui vit seule et dont le travail consiste à restaurer de vieux films aux pellicules abîmées.
D’ailleurs, les références au cinéma sont nombreuses comme les noms de médicaments, de drogues permettant à ces fameux décideurs de s’afficher toujours au meilleur de leur forme…
Au fil de ma lecture, j’ai rencontré la misère des réfugiés qui dorment sur les trottoirs, sont délogés sans ménagement par la police, cette fameuse police qui va se trouver au cœur d’une polémique savamment orchestrée pour que tout dégénère.
Au passage, j’ai bien apprécié les précisions historiques sur Paris comme sur le fameux Gibet de Montfaucon, le tournage du film d’Orson Welles (Le Procès) ou pour savoir qui était le Colonel Fabien. De temps à autre, l’autrice égratigne l’équipe municipale actuelle, lui reproche de ne pas se rendre dans ces quartiers. Comme les élections approchent, on fait un bout de chemin avec une candidate qui rêve d’être maire. En pleine campagne électorale, elle tente d’exploiter le drame qui est le nœud de l’histoire.
Dans ces quartiers Est de Paris, autour des stations Belleville, Ménilmontant, Jaurès, c’est la terre promise des damnés de la Terre, le cœur raté du cosmopolitisme comme l’autrice le démontre bien. C’est là qu’une vidéo devenue virale déclenche un cataclysme, brise la vie d’une jeune flic pourtant respectueuse et tentant d’être humaine dans l’exercice difficile de son métier.
J’ai plongé dans l’Arène de Négar Djavadi et j’ai été aspiré jusqu’au bout, captivé par le sort de chacun des protagonistes mais horrifié par ce que deviennent nos villes où la pandémie décuple encore les difficultés quotidiennes de celles et de ceux qui tentent d’y vivre.
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Negar Djavadi est auteure et scénariste et ça se voit !
Dans ce second roman, le premier était très autobiographique, elle décortique les événements qui, du vol d’un téléphone portable à la diffusion d’une vidéo dénonçant les violences policières, vont déclencher une guérilla urbaine dans l’Est parisien. L’effet papillon dans un savant mélange, version moderne, de scénario façon 24 ou Engrenages résumé en un peu plus de 400 pages.
Si au début on se perd un peu dans tous les personnages, rapidement le rythme devient soutenu, haletant et on a du mal à décrocher. On se rend compte assez rapidement qu’il était important de camper les protagonistes. L’autrice a donc dressé un portrait de chacun avec leur histoire, leurs failles, leurs doutes, leurs espoirs et leur origine. Car il est bien fondamental de parler de leurs origines dans ce quartier de Paris, Belleville-Ménilmontant, à cheval sur 4 arrondissements, où l’immigration a façonné les tours, les commerces et les vies.
Quand Benjamin Grossmann, responsable du développement de la filiale française de BeCurrent, l’équivalent de Netflix, se pose la question de savoir si « nous sommes réellement qui nous sommes » il interroge tout le monde, lecteurs compris, sur le pouvoir des réseaux sociaux et d’une façon plus générale, sur le regard de l’autre. Cet homme qui s’est fait tout seul, est devenu connu, reconnu de tous, mais est-il en phase avec lui même ? Dans ce monde ultra connecté, prend encore le temps de s’occuper de l’essentiel (sa famille, ses amis ...), ou bien vit-on pour un coach sportif de l’autre côté de l’atlantique qui scrute les résultats de ses fins matinaux ? Les autres personnages ne sont pas en reste et leur profil est tout aussi intéressant.
Véritable fresque sociale dans un Paris éclectique, violent, où les armes en tout genre côtoient les tweets tout aussi ravageurs, ce roman nous interroge sur le rapport entre réalité, fiction et mise en scène dans cette arène qui est tout à la fois physique et virtuelle. Une grande réussite !
Roman très contemporain, qui nous montre bien les ravages que peuvent causer les réseaux sociaux et les médias.
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