Merci à Joëlle G, lectrice, pour son passionnant reportage
Merci à Joëlle G, lectrice, pour son passionnant reportage
Merci à Jean-Paul pour ses impressions, ses rencontres, ses Correspondances
Récit biographique intime, complexe, un cri du coeur, une révolte, une dénonciation et une lettre d'amour. L'autrice revient sur le vol PS752 reliant Téhéran à Kiev où sa cousine Niloufar Sadr fait parti des victimes.
Exilé, Politique, Préjugé, Colére, Famille, Conflit, Géopolitique, Drame.
L'autrice décortique et analyse le récit du drame et de sa colère, l'écriture est sensible, pudique, même si cette oeuvre mêle personnelle par la douleur et contexte géopolitique. La lecture est intéressante et pertinente à tous les niveaux mais je n'ai pas accroché plus que sa.
Merci aux animatrices de Cultura de me l'avoir proposé avant sa sortie lors de la rentrée littéraire 2023 une découverte de la plume Negar Djavadi et de ses faits réelles.
Au petit matin du 8 janvier 2020, le vol PS752 reliant Téhéran à Kiev s’écrase quelques minutes après son décollage. Aucune des 176 personnes présentes à bord ne survit. Parmi les victimes, Niloufar Sadr, cousine de l’auteure. Installée depuis des années au Canada, Niloufar était venue passer quelques semaines de vacances dans son pays. In extremis, elle avait repoussé la date de son billet de retour pour Toronto et obtenu la dernière place sur ce fameux vol 752, grappillant ainsi quelques jours supplémentaires auprès de sa famille. Funeste décision…
A Paris, dévastée par la nouvelle, Négar Djavadi veut savoir, comprendre. Elle scrute pendant des heures les réseaux sociaux, à l’affût de la moindre info, de la moindre image de ce crash, qui a eu lieu dans un contexte d’extrême tension entre l’Iran et les Etats-Unis. Ceux-ci ont en effet assassiné quelques jours plus tôt le général Souleimani, ponte du régime des mollahs, et s’attendent donc à de violentes représailles contre leurs bases aériennes en Irak.
Il faudra trois jours pour que les autorités iraniennes reconnaissent que l’avion civil a été abattu par deux missiles sol-air iraniens. Un tir accidentel, disent-ils. Mais le doute subsiste encore.
Ce livre retrace non seulement le fil de ces trois jours dramatiques et traumatisants, mais aussi la vie de Niloufar et l’histoire iranienne récente, de la dictature du shah à celle des ayatollahs. Il raconte surtout le peuple iranien, otage dans son propre pays d’un totalitarisme religieux aux mains de fanatiques avides de pouvoir et d’argent, pour qui une vie humaine vaut infiniment moins qu’un baril de pétrole. Un peuple qui, en dépit de la répression féroce, est tellement à bout que sa colère explose de plus en plus souvent dans des manifestations monstres à travers le pays (contre le carburant trop cher en 2019, contre le scandale du crash aérien en janvier 2020, contre la mort de Mahsa Amini en 2022). Ce livre parle aussi de l’amour et de la nostalgie de l’auteure, exilée en France à 11 ans, pour l’Iran de son enfance. De sa rage contre les dictateurs cruels, de sa colère contre les gouvernements occidentaux qui ne voient l’Iran que comme un pion dans un jeu géopolitique macabre, de son impuissance à y changer quoi que ce soit. Que peuvent les livres ?
Entre deuil personnel et deuil collectif, Négar Djavadi veut faire affleurer la vérité, celle des Iraniens, pas celle de leurs dirigeants, et faire en sorte qu’on se souvienne de leurs destins tragiques. C’est cela que peuvent les livres.
En partenariat avec les Editions Seuil via Netgalley.
#Ladernièreplace #NetGalleyFrance
C’est un coup de gueule, un cri de révolte qui anime les pages de ce récit personnel. Souvenez-vous, en janvier 2020, avant que ne déferle la pandémie qui a relégué le reste de l’actualité au rang d’anecdotes : de Téhéran un avion décolle avec 176 personnes à son bord. Quelques minutes plus tard, il s’écrase. Aucun survivant. C’est cet avion que Niloufar, la cousine de Negar Djavadi, avait pris pour retourner au Canada où elle vivait. Disparue, alors qu’elle devait partir trois jours plus tôt. Un coup du sort ? Certes, mais pas uniquement, puisque l’enquête prouvera que ce crash n’était pas un accident.
Au delà du chagrin, la révolte est immense.Cet accident est pour l’autrice le signal déclencheur d’un ras-le-bol, d’une prise de conscience et d’une volonté de rébellion qui a amené, avec la mort de Mahsa Amini, le peuple à descendre dans les rues au péril de leur vie.
Ce récit nous plonge dans l’histoire récente de l’Iran, de la dictature du shah à celle des mollahs, avec pour corollaire un peuple pris en otage, et une totale négation de la valeur d’une vie.
Negar Djavadi dit aussi l’amour qu’elle éprouve pour ce pays qui représente ses racines et son désespoir de le voir considéré comme un enjeu politique entre els grandes puissances avides de profit et l’aveuglement des fous qui le gouvernent.
C’est parfois un peu complexe, mais la langue reflète bien la rancoeur éprouvée vis à vis de ceux qui ont détruit l’harmonie d’une famille à présent dispersée à la surface du globe.
320 pages Stock 23 août 2023
Déracinée, désorientée, rêvant au fond de se « désorientaliser », Kimiâ, la narratrice, environ 35 ans, semble, aujourd’hui, avoir trouvé un sens à sa vie. Assise dans la salle d’attente d’un hôpital parisien, elle patiente, et laisse les souvenirs affluer. A l’image de sa vie mouvementée, ils reviennent dans le désordre, se bousculent au portillon de son esprit, se chamaillent à qui sera remémoré le premier. Et comme ils sont accompagnés d’une foule d’émotions, cela est d’autant plus compliqué à discipliner dans une narration linéaire. Kimiâ tente la manière rationnelle, chronologique, mais il suffit d’un rien, d’un mot pour déclencher une association d’idées, pour ouvrir un tiroir, et voilà le récit projeté 60 ans en arrière puis 25 ans en avant. Kimiâ est en France depuis l’âge de dix ans. D’origine iranienne, elle a fui son pays dans le sillage de ses parents, intellectuels bourgeois et opposants politiques au régime du Shah puis à celui de Khomeini. Mais évoquer son exil ne va pas sans évoquer son enfance en Iran, qui ne va pas sans évoquer le passé de sa famille sur trois générations, avant d’en revenir au déracinement. A l’espoir d’arriver dans un pays accueillant pétri de l’esprit des Lumières succède la déception de se heurter à l’incompréhension, l’indifférence, aux différences culturelles irréductibles. Alors vient le désir de tout oublier des horreurs vécues, de sa culture d’origine, de ne plus en parler et de tout cacher sous un tapis, histoire de s’occidentaliser, d’avoir enfin la paix et de se fondre dans la masse pour avancer avec elle, même sans savoir où, quitte à se détacher de sa famille, restée accrochée au passé.
« Désorientale » est un premier roman (fort autobiographique, j’imagine) qui veut dire beaucoup de choses en même temps (exil, dictature, résistance, machisme, identité, maternité, homosexualité, transmission, force et vulnérabilité, courage,…), ce qui comporte le risque d’en faire un brouhaha fourre-tout bavard et superficiel. Mais c’est loin d’être le cas ici. Certes la narration part dans tous les sens et on s’y perd un peu dans la généalogie, mais cela ne m’a pas dérangée. Au contraire, la construction est bien maîtrisée, greffant en discontinu l’histoire de la famille et du pays de la narratrice sur le fil rouge de sa vie actuelle. C’est même justement ce désordre apparent qui donne au roman ce ton si sincère et humain. Comme un bazar oriental, ce livre est extrêmement vivant, bariolé, intense et captivant.
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