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Mary Peace ne sait pas lire. Pas correctement. Elle se débrouille avec les nombres, elle sait faire sa signature. En fait, elle sait faire tout un tas de signatures en fonction de ce qu'elle signe. Mary Peace n'est pas allée à l'école, elle n'a pas de numéro de sécurité sociale, n'a jamais payé d'impôts ou de cotisations sociales. Mary Peace est descendante de Charles Peace, un célèbre criminel de l'époque victorienne pendu à Leeds en 1879. C'était un meurtrier et un cambrioleur.
Mary a tout appris de son père, Nigel - leader d'une communauté hippie alternative et gérant d'une exploitation de culture de fraises, qui lui a lu dès son enfance la Bible, le Coran, le Livre des Morts tibétain, Mein Kampf, Le Manifeste communiste... Il lui a aussi appris à ne rien vouloir de matériel, mais il n'a pas réussi sur ce coup-là. Un été, Mary croise le regard d'un des cueilleurs de fraises saisonniers et décide de tout quitter : « Quand j'ai vu Tony, je n'avais jamais rien vu d'aussi beau. Il était bête. Et gentil. Et il avait une bite énorme. Il avait vingt ans et moi dix-sept. » D'arnaque en arnaque, Mary - avec ses multiples pseudonymes - sillonne le pays. Elle arnaque, vole et fuit. Les jeunes hommes sont sa proie de prédilection. Mary a du métier et sait effacer ses traces. Mais Jimmy Shaski, un ado débrouillard, le fils qu'elle a abandonné quand il était bébé et qui a promis à son père de ne jamais essayer de la retrouver, est à ses trousses. Ainsi que Julie Jones, « la grosse flic »...
Un roman drôle, puissant et lumineux. Avec son style simple et fluide, l'auteur touche à des sujets complexes comme l'abandon, la misère et la déception, mais avec un humour et une légèreté qui captivent et émeuvent.
Mary Peace n'existe pas. En tout cas pas officiellement, sa naissance n'a jamais été déclarée à l'état civil.
A plus ou moins 40 ans, Mary Peace ne sait ni lire ni écrire, tout juste reconnaître quelques chiffres et quelques mots, et apposer sa signature sur un papier.
Mary Peace a un fils, Jimmy, 20 ans, qu'elle a abandonné quand il avait deux ans. Il ne se souvient pas d'elle, mais son père, sur son lit de mort, lui en a parlé pour la première fois, et l'a supplié de ne pas tenter de la retrouver.
Parce que Mary Peace est toxique, dangereuse, belle, irrésistible. Elle aime le luxe, donc l'argent, donc les hommes riches, qu'elle escroque, ou pire, sans le moindre état d'âme.
Et pour cela, Mary Peace est recherchée par la police, en la personne de Julie Jones.
Et même si (ou parce que) Jimmy ignore tout de la vie délinquante de sa mère, il se met lui aussi en quête de Mary Peace.
"Analphabète" est donc un chassé-croisé entre ces trois personnages, à la fois quête et enquête. Un coupable, une mère, l'assouvissement d'un désir sans fin, chacun suit son fil avec entêtement. Qui va lâcher, qui va gagner, le suspense est drôlement bien amené, grâce à une construction en "puzzle choral" : une succession de courts chapitres, alternant passé et présent, centrés chaque fois sur des personnages différents. Au début c'est un peu confus, mais peu à peu le tableau se reconstitue sous nos yeux.
Dans un style fluide, l'auteur aborde les thèmes de l'abandon, de la quête d'origine et d'identité, des sectes, des addictions et du déterminisme social. Certains auraient mérité d'être approfondis, mais ce roman, entre enquête policière et portraits d'une femme intrigante et d'un jeune homme attachant, est un texte très agréable à lire.
Le cadre du dernier roman de Mick KITSON est original, Mary Peace, son anti-héroïne, est un pur produit des années hippies. N’ayant pas été déclarée à la naissance, elle n’a pas d’existence légale et louvoie en catimini et en toute illégalité dans la société britannique. Elle n’a jamais été scolarisée et a grandi à sa guise dans le cadre bienveillant de la communauté dont son père était le gourou. Pour tout éducation il lui a bourré le crâne de théories fumeuses prônant le refus de tout désir matériel dans un cadre pseudo religieux. Mais voilà, une fois adulte, complètement amorale, froide, sans affect, Mary est uniquement préoccupée à assouvir ses désirs de sexe et de luxe. Bien qu’analphabète elle est championne de l’arnaque.
Son fils Jimmy est, lui, un jeune homme bien naïf. Avant son décès, son père lui fait promettre de ne pas essayer de la retrouver. Ébranlé par la mort de ce père adoré, il ne peut que se précipiter à la recherche de la femme qui l’a abandonné.
En parallèle à cette recherche la police commence à s’intéresser à cette mystérieuse femme soupçonné d’escroquerie.
Chaque chapitre porte le nom d’un des très nombreux personnages de ce récit. Mick Kitson donne sur chacun d’eux beaucoup de détails que je n’ai pas trouvé trop utiles. Je m’y suis parfois un peu perdue et suis restée sur ma faim. En particulier j’aurais aimé que le caractère de Julie, la policière, soit plus développé, en étoffant peut-être la partie policière.
Ce récit rocambolesque s’apparente aux romans policiers et j’ai pris bien du plaisir à cette lecture. C’est écrit avec légèreté et humour tout en abordant les problèmes sociétaux contemporains . Et bravo aux éditions Métaillé pour la magnifique photo de couverture qui donne envie de découvrir ce qui se cache derrière ses belles fraises.
https://ffloladilettante.wordpress.com/2021/03/04/analphabete-de-mick-kitson/
Roman qui déroute dans ses premières pages, car l'auteur décide de présenter tous les intervenants dans de courts chapitres à eux consacrés, ce qui me perd un peu. Il me faut un peu de temps pour tout bien saisir et dès que c'est fait, je ne peux plus en décrocher. Un ressort quasi policier : les arnaques de Mary, son fils qui la recherche ainsi que les flics de divers endroits. Il est écrit en quatrième de couverture que c'est "un roman drôle, puissant et lumineux." et j'opine.
Drôle parce que certains personnages le sont dans leurs remarques, leurs attitudes ou parce qu'au détour d'une phrase, d'un paragraphe surgit une incongruité : "Quand j'ai vu Tony, je n'avais jamais rien vu d'aussi beau. Il était bête. Et gentil. Et il avait une bite énorme. Il avait vingt ans et moi dix-sept." (p.16)
Puissant parce que dans une style simple et direct, Mick Kitson parle de la misère, de la pauvreté, des gens sans qualifications qui peinent à trouver du travail et à vivre, de la vie loin des grandes métropoles. Il aborde également la marginalité, l'abandon et le désir de connaître ses parents lorsqu'iceux n'ont pas pu élever leur enfant. Il ne juge pas, ne qualifie jamais Mary de mauvaise mère. Il raconte sa vie qui l'a empêchée d'être mère.
Lumineux parce qu'il est écrit simplement et parfois légèrement, ce qui donne de l'espoir là où il aurait pu faire un roman plombant. Malgré leurs vies difficiles, ses personnages sont beaux et généreux. Humains avec leurs failles, leurs peurs et beaucoup de sympathie envers leurs semblables. Une très jolie manière de commencer l'année 2021.
Elle est belle, ou au moins désirable. Elle ne sait pas lire, elle n’a pas d’existence légale et elle est dangereuse.
Les quelques mâles qu’elle a croisés sur sa route ont à peine eu le temps de s’en rendre compte, avant de se retrouver délester d’un paquet de livres sterling, au mieux, ou de mourir.
Au cours de sa trajectoire meurtrière, elle a laissé aux bons soins de son père, Tony, dont elle s’est vite lassée, le jeune Jimmy. Et Tony, sur son lit de mort, lui a soufflé ce conseil : « N’essaie surtout pas de la retrouver ».
C’est le début d’une course poursuite ciblée : Jimmy, mais aussi Julie Jones, qui se charge de l’enquête officielle, sont sur ses traces. Parce qu’un jeune homme est mort dans un incendie suspect.
L’histoire est au début déroutante. Pas d’indication de temporalité, les générations sont mélangées, et on a un peu de mal à s’y repérer, d’autant que certains prénoms sont utilisés deux fois! . Heureusement peu peu, la cohorte de personnages devient plus lisible, au fur et à mesure que l’étau se resserre autour de la fugitive.
On ne peut pas dire que l’héroïne soit attachante, elle est plutôt glaçante dans sa froide détermination, et ce malgré les circonstances atténuantes liées à son enfance auprès d’un père tordu. Un « sacré » personnage, celui-là. C’est plutôt vers le jeune Jimmy que l‘on se tourne pour faire oeuvre de compassion. Un père mort jeune, une belle-mère elle aussi en proie à des addictions…
Roman à l’ambiance particulière, bien écrit et bien construit, si l’on excepte la première partie qui demande un effort non négligeable pour y trouver des repères, et un décor très anglais comme on les aime. On y retrouve des éléments autobiographiques de l’auteur, qui aime cultiver les framboises, construire des bateaux et vit dans Fife.
Merci à Netgalley et aux éditions Métailié
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