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Ce livre d'Adorno sur Berg - le dernier qu'il ait publié de son vivant, en 1968 -, s'il n'est pas un des ouvrages majeurs du philosophe, en est l'un des plus attachants. Sa qualité toute particulière tient sans doute, comme Jean-Louis Leleu le souligne dans sa présentation, à la convergence de raisons différentes. Il y a d'abord la compétence qu'Adorno tire de son expérience de compositeur et de sa formation au sein de l'École de Vienne ; être l'élève de Berg, c'était recevoir indirectement l'enseignement de Schonberg, avec ce qu'il impliquait d'exigence et de responsabilité dans le rapport au matériau musical. Il y a d'autre part la distance critique qu'un regard de philosophe rompu à la dialectique lui permet d'avoir à l'égard de cette École, et notamment de Schonberg lui-même, distance dont témoigne avec éclat la Philosophie de la musique nouvelle et qui lui permet de mettre Alban Berg à sa juste place. Il y a surtout l'amitié que depuis leur rencontre en 1924 Adorno vouait à l'auteur de Wozzeck et qui donne à tous ces écrits leur «tonalité propre». Il s'est appliqué à établir un lien étroit entre la «physionomie musicale» de l'oeuvre et la manière d'être dans la vie de celui qui l'a produite. De là la cohérence profonde de ses analyses et la force de son portrait.
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