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En 2013, après le décès de sa grand-mère, Fanta Dramé se rend pour la première fois en Mauritanie à Ajar, le village natal de son père, lieu de sépulture de la défunte. De retour à Paris et bouleversée par ce voyage où elle a foulé la terre de ses ancêtres, elle décide de poursuivre le chemin et d'aller à la rencontre du plus troublant des paysages, celui de ses origines.
Pour la première fois, son père se met à nu, évoquant les doutes et les épreuves qui ont marqué sa décision de quitter son pays et jalonné son existence au coeur d'une culture si différente de la sienne, et dans laquelle il élèvera finalement ses enfants alors qu'il n'aurait dû y être que de passage. N'éludant que ce qui met à mal sa pudeur culturelle, il dévoile enfin l'histoire qu'il n'avait jamais racontée, celle que sa fille n'avait jusqu'alors jamais osé lui demander.
Ajar-Paris emmène le lecteur dans un récit sensible où les voix générationnelles se confrontent, dans l'émotion, l'incompréhension parfois, retraçant un itinéraire personnel et intime qui, trop souvent laissé de côté, s'inscrit pleinement dans la grande histoire nationale.
Fanta raconte la vie de son père, né à AJAR petit village Mauritanien qui a émigré en France en 1975. C’est plus un témoignage, un récit qu’un roman et, cette histoire particulière est aussi celle d’une émigration africaine à cette époque.Les difficultés, du départ, de l’arrachement à sa culture native, de trouver du travail, de régulariser sa situation administrative pour la transformer en autorisation pérenne de séjour, de la langue sont largement développées par l’autrice. Il manque peut-être un peu de romanesque pour égayer un ensemble austère sur le fond et sur la forme.
un premier roman touchant à l'écriture vive.
Dans ce récit de voyages, l'autrice nous entraine d'abord dans ses propres pas à la découverte de ce pays qu'elle ne connaissait. Par la suite, le point de vue change. L'autrice ravive avec une vive émotion les souvenirs et l'histoire de sa famille. Elle reconstitue avec tendresse le parcours tortueux de son père et toutes les difficultés qui accompagnent l'intégration, l'assimilation, la transmission et l'identité des individus. Un récit brillant et plein d'humanité !
Ce premier roman est un bel hommage au père de la narratrice.
Fille d'une fratrie d'origine mauritanienne-sénégalaise, l'auteure vient de perdre sa grand mère, pilier de la famille, installée à Belleville, quartier de Paris. le corps de sa grand-mère va être rapatrié sur sa terre natale, pas à Dakar, où pourtant elle a passé les vacances avec sa famille et a toujours cru qu'elle était d'origine sénégalaise. Elle va partir à Ajar, petit village du désert de Mauritanie. Elle est professeure de littérature et connaît bien sûr les textes d'Emile Ajar mais peu la Mauritanie, son histoire et son quotidien. Pays peu connu, il n'y a pas de bonne équipe de foot (!!).
Elle va alors décider de questionner son père sur sa vie, son enfance, son exil en France, les débuts de sa vie d'émigré en banlieue parisienne puis sa vie de fils, de mari, de père.
Un père qui va devenir éboueur pour la Ville de Paris mais qui est un lettré et a une bibliothèque de livres coraniques et qui souhaitait que ses enfants réussissent.
De belles pages sur la fierté de ces hommes face à la réussite de leurs enfants (une touchante scène de départ en retraite dans une des tours de la Défense)
" La seule chose qu'il craignait, c'était que nous ne soyons pas à la hauteur des « Français de souche », et que nous échouions. Il avait le sentiment, comme bon nombre d'immigrés, de ne pas avoir le droit à l'erreur, et que la légitimité de sa présence en France passait par la réussite de ses descendants. Plus que montrer, il fallait prouver qu'ils étaient à la hauteur. »
Un bel hommage à ces hommes qui quittent leur pays pour trouver un monde meilleur et avec toujours en tête un retour possible au pays natal. Puis la vie de ces hommes, mais aussi de leur épouse, mère et enfants.
#AjarParis #NetGalleyFrance
Qui connaît Ajar, quand il ne s’agit pas d’Émile ? Cette petite ville de Mauritanie, (parfois confondue avec Maurice !) est le berceau de la famille Dramé. Si celle-ci est établie en région parisienne depuis bien longtemps, le décès de la grand-mère de l’autrice sera l’occasion pour elle de revenir sur la terre des ancêtres, pour rentrer bien vite, en France, tant elle se sent perdue dans ce pays dont elle ne connaît ni la langue ni les codes.
Le deuil est profond, l’aïeule occupait une place importante au sein de la famille et son décès laisse un vide immense. Fanta se rend compte qu’elle ne connaît rien de cette période de l’histoire familiale quand dans les années soixante, son père est arrivé à Marseille caché au fond d’une cale de navire. Elle ne sait rien de la clandestinité, des faux papiers, de la détresse, de la solitude que cet homme a ressenti.
Avec beaucoup de tendresse, Fanta Dramé rapporte les confidences de ce père et construit ainsi le roman de ses origines, que le silence avait occultées. C’est un vibrant hommage qui s’adresse à son père mais aussi aux milliers d’émigrés, souvent anciens soldats ayant combattu dans les rangs de l’armée française, et rentrés au pays avec juste un papier de reconnaissance, inutile pour des années plus tard refaire le chemin dans l’espoir d’une vie meilleure. La précarité, le rejet, la menace permanente d’une expulsion et malgré tout , la lutte et l’espoir de s’en sortir.
Plus proche du témoignage ou du récit que du roman, ce premier écrit est empreint d’une empathie communicative.
208 pages Plon 25 Août 2022
Rentrée Littéraire 2022 – Premier roman.
C’est l’interview de Fanta Drame dans l’émission 28′ sur Arte qui m’a donné envie de lire tout de suite ce roman qui était déjà dans ma PAL.
Au décès de sa grand-mère paternelle qui vivait avec eux à Paris, Fanta Drame accompagne son père à Ajar pour son inhumation. Ajar est un minuscule village de Mauritanie, berceau de la famille Drame qu’elle va découvrir pour la première fois.
» Ajar. J’entendais ce nom depuis toujours. Situé dans le désert mauritanien, on en parlait comme d’une contrée lointaine, si lointaine qu’on avait l’impression qu’elle n’existait pas, qu’elle sortait tout droit de l’imagination de mes parents, comme dessinée par le verbe d’une fable ancestrale. Nous, les enfants, n’avions jamais vu Ajar mais on avait fini par s’en faire une idée, forgée par la manière dont mon père la racontait. »
La découverte de cet endroit va lui donner envie d’interroger son père sur son émigration en France en 1975 et d’écrire un livre sur sa vie.
Ce dernier est un peu sceptique au départ :
» Mais comment tu vas faire pour l’écrire, tu ne la connais même pas. En effet je ne connaissais pas grand-chose de sa vie, si ce n’est ce que j’avais vécu en tant que fille, ou les quelques anecdotes qu’il nous avait racontées çà et là, au détour d’un évènement ou d’une conversation. A l’heure où la vie privée est publique, où l’on raconte tout, photographie tout, où l’on peut même créer de toutes pièces des situations pour pouvoir ensuite les exposer sur les réseaux sociaux, lui avait gardé avec pudeur tous les évènements qui avaient jalonné son existence. Pourtant, il en passait du temps, à raconter des histoires. Mais jamais la sienne. Le moment était venu d’y remédier. Tu vas me la raconter. »
Découvrir le parcours de cet homme, parti de Dakar caché dans la cale d’un bateau, débarquant à Marseille sans parler un mot de français puis arrivant à Paris, où il va construire sa vie et créer une famille, force l’admiration du lecteur. Si les conditions de l’émigration en 1975 étaient différentes de celles d’aujourd’hui, ce n’en était pas pour autant un chemin pavé de roses.
Fanta Drame raconte son père avec beaucoup d’amour, d’humour aussi. Le portrait qu’elle dresse de lui est touchant et émouvant.
» La seule chose qu’il craignait, c’était que nous ne soyons pas à la hauteur des « Français de souche », et que nous échouions. Il avait le sentiment, comme bon nombre d’immigrés, de ne pas avoir le droit à l’erreur, et que la légitimité de sa présence en France passait par la réussite de ses descendants. Plus que montrer, il fallait prouver qu’ils étaient à la hauteur. »
Ce roman est un coup de coeur.
Je remercie les Editions Plon et Cultura de m’avoir permis sa découverte.
A la mort de sa grand-mère, Fanta Dramé jeune professeure de collège se rend pour la première fois en Mauritanie, à Ajar, le village d'origine de sa famille paternelle pour la sépulture. Elle, la Parisienne jusqu'au bout des ongles est bouleversée et, à son retour, décide d'écrire le roman de son père qui a quitté Ajar pour la France en 1975 et y a construit sa vie. Yély Dramé occupa parfois plusieurs emplois, souffrit du manque de son pays, dut s'adapter aux conditions de vie parisiennes.
C'est sa vie que sa fille raconte ici, dans son premier roman, celle qu'il gardait enfouie en lui.
J'ai beaucoup aimé ce livre. Fanta Dramé a trouvé le ton juste pour raconter l'histoire de son père. Elle le bouscule jusqu'à ce qu'il cède pour répondre à ses questions, tout en gardant pour lui un respect et un amour profonds, qui, j'ai l'impression, augmentent au fur et à mesure qu'elle découvre ce que son père a enduré, ce qu'il a dû supporter pour vivre en France, un pays dont il ne connaissait presque rien, à peine la langue. Mais elle garde également une certaine insolence ou moquerie avec beaucoup de bienveillance, pour user d'un terme un peu galvaudé, sur ce père qui est parfois rigide -mais finit par céder à ses enfants ou sa femme. Il semble que chez les Dramé, la force de caractère est une qualité très largement partagée.
Et puis, plus largement que la vie de Yély Dramé, Fanta Dramé parle des gens qui quittent leurs pays pour tenter leur chance ailleurs et adopte un point de vue qui me plaît : "On a souvent tendance à décrire les gens qui partent par le résultat de leur exil, plutôt que par le point de départ, des immigrés plutôt que des émigrants, avec tout ce que le premier terme véhicule de péjoratif -ils quittent leur pays pour venir voler le travail des Français et profiter des aides sociales. On les qualifie en fonction de ce qu'ils sont en arrivant, et non pas de ce qu'ils étaient en partant. Cela permet sûrement de leur rappeler qu'ils ne sont pas d'ici, qu'ils ne le seront probablement jamais. En se gardant bien d'utiliser la même terminologie pour un Français quittant son pays pour une autre patrie." (p.74/75)
Une réussite que ce roman du père qui permet de se faire une idée "du dedans" des souffrances de l'exil, de celles d'un accueil pas toujours à la hauteur dans le pays dit des droits de l'homme, de ce sentiment difficile à surmonter de n'être plus de son pays d’origine tout en n'étant pas totalement du pays dans lequel on a fait sa vie. L'auteure raconte un peu du parcours de tous les autres, même si elle veut rester sur celui personnel et intime de son papa. Écrire sur l'un de ses parents est souvent une entrée en littérature, plus ou moins réussie ; Fanta Dramé, avec beaucoup de pudeur, de délicatesse et un brin d'humour, écrit un très bon premier roman qui donne envie de lire les prochains.
Fanta Dramé convoque une histoire familiale de déracinement dans ce premier roman Ajar-Paris dont les accents intimes sont omniprésents. Elle choisit de raconter l’histoire d’une jeune femme, française, qui à la faveur du décès de sa grand-mère remonte le fil du trajet migratoire de son père.
Arrivé en 1975 de sa Maurétanie natale, et notamment de la petite bourgade d’Ajar, cet homme cultivé et profondément croyant que rien ne prédestinait à quitter son foyer va conquérir lentement, âprement, avec une témérité sans faille, le droit d’être français tout en gardant la culture de ses ancêtres.
Brins d’histoire
Le décès de sa grand-mère, figure tutélaire de sa famille, va contraindre la narratrice à aller découvrir la ville de ces ancêtres pour honorer la promesse qu’elle lui avait faite. Selon les finances de la famille, elle avait bénéficié de vacances au pays, mais c’était à Dakar, là où une partie de sa famille s’était implantée et où son père avait investi dans une belle villa. Mais, pour le fils aîné de cette femme, il n’était pas question de ne pas l’enterrer dans la terre ancestrale.
Alors, la narratrice, portant le même prénom que l’écrivaine, parfaitement parisienne, va être confrontée, brutalement, au mode de vie et à la culture de ses ancêtres naturels. Et, cela donne des passages savoureux où le choc des cultures est décrit avec humour !
De cette confrontation, Fanta, professeure, décide d’écrire l’histoire de cet homme, son père, avant qu’il ne soit trop tard, lui qui par pudeur, n’a jamais rien raconté,pourtant conteur merveilleux des histoires des autres;
De ce fil chronologique, Fanta Dramé tire un roman certes sensible et touchant, mais aussi édifiant de la dureté vécue, de l’opiniâtreté qu’il a fallu, de la réalité, enfin, contée, sans détour, dans sa crue réalité. Et, comme le souligne Faïza Guène dans la préface, il a urgence à raconter la force et la dignité de ces hommes et ces femmes qui ont choisi, souvent, de s’effacer derrière la réussite de leurs enfants pour qu’enfin connaissance, reconnaissance et respect fondent le regard porté sur eux.
Présentation complète ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2022/08/24/fanta-drame-ajar-paris/
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