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Comme un pivot, ce 4eme tome est au centre des 7 volumes de « A la Recherche du temps perdu ».
J’y ai retrouvé le narrateur laissé au 3eme tome, dans la cour à attendre le duc et la duchesse de Guermantes et qui va surprendre M. de Charlus en compagnie du giletier Jupien, entrant ensemble dans la boutique du tailleur. Rongé par la curiosité, le narrateur va les épier. Il ne les verra pas mais entendra par une lucarne entrouverte des ébats aux cris de souffrance et de jouissance. Le narrateur découvre qu’un homme peut avoir une relation amoureuse avec un autre homme et comprend l’attitude et les humeurs du baron Charlus rencontré dans « Le côté de Guermantes ».
Dès le 1er chapitre, j’ai été étonnée par le coup de gueule écrit par Proust sorti d’un coup de la chrysalide du narrateur.
J’ai été surprise par la diatribe lancée avec force à l’encontre des gens intolérants qui se permettent de critiquer d’autres personnes qui ne vivent pas dans le cadre des normes attendues par une société conventionnelle tels les homosexuels mais aussi les juifs.
Puis, et ce ne peut être le narrateur mais Proust lui-même qui, sur plusieurs pages, lance un virulent plaidoyer concernant le droit d’être homosexuel.
Il va aussi expliquer le point de vue de l’homosexuel, comment il découvre son goût pour ceux du même sexe, le plaisir de cela et la vie à laquelle il (ou elle) est confronté et contraint dans son quotidien en société. Ce sont des pages d’un texte absolument contemporain qui a dû être choquant à l’époque bien que déjà dans les années 20, l’homosexualité commençait à trouver sa place sans s’en cacher.
Puis, Proust revient dans la peau du narrateur tel qu’on le connait, évoluant dans le monde de la haute bourgeoisie à épier, observer, analyser la nature humaine et qui correspond in fine à tout groupement de personnes de nos entourages quelle que soit notre classe sociale.
C’est probablement ce qui fait le succès et la pérennité de ce roman fleuve : nous raconter…
Dans cet opus, Proust réunit tous les personnages rencontrés auparavant avec un retour à Balbec et sa région normande. Le narrateur est amoureux d’Albertine et cette histoire d’amour universelle raconte très bien les tourments que connait toute personne amoureuse dont la jalousie car cette Albertine semblerait aimer les femmes ce qui perturbe beaucoup notre héros devenu jeune adulte affirmé avec des opinions personnelles très assurées.
Les propos tenus sur la mort de sa grand-mère qu’il chérissait tant, ses amitiés, les manigances entre les uns et les autres, ses insomnies, l’analyse de ses rêves, la douleur des deuils, son opinion tranchée pour Dreyfus quand alors la France à majorité antisémite est divisée sur le sujet qui crée de la discorde dans le pays, son témoignage de l’environnement qui connait le progrès des transports et des sanitaires, tout cela en fait un roman que j’ai lu avec grande aisance et beaucoup de plaisir.
Le livre de poche a de nombreuses annotations enrichissantes, une analyse de texte en fin de volume ainsi qu’une préface signée Françoise Leriche qui apportent un complément « d’enquête » sur le pourquoi et le comment de cette œuvre qui reste une référence mondiale en traversant les siècles.
Sans pour autant y être indifférente, je laisse l’analyse de l’œuvre aux proustiens et m’abstiendrai de faire couler une encre qui serait inutile et bien superflue.
Je me contenterai de dire que j’aime beaucoup lire Proust et que je dois aller acheter « La prisonnière » pour connaitre la suite de ce tome 4 qui me laisse sur ma faim...
Où Marcel, à l’affut derrière sa fenêtre, guettant la fécondation d’une orchidée par un insecte pollinisateur, surprend une scène qui lui révèle la véritable personnalité du baron de Charlus. S’en suit un long développement sur ce qu’implique socialement et personnellement le fait d’être inverti, dans une société qui condamne de tels penchants, et dresse un catalogue qui pourrait être une élégante façon de suggérer comment identifier ce que l’on cherche à cacher.
Suit une soirée chez la princesse de Guermantes, source d’angoisse préalable puisque Marcel ignore jusqu’au dernier moment s’il est invité ou non. Une fois introduit dans la place, outre l’observation de Charlus, chez qui il tente de confirmer ce qu’il a vu quelques jours plus tôt, Marcel scrute, analyse et se fait une idée de la mondanité dont il tente tant de se rapprocher.
Ses certitudes quant aux moeurs de Charlus font le pendant de ses doutes vis à vis d’Albertine. Si elle clame sa détestation de Gomorrhe, le docteur Cottard est loin d’y croire et en fait la démonstration au malheureux jeune homme.
Marcel poursuit son éducation mondaine, et se fait une place encore ambiguë au sein de ces élites dont il tente de se rapprocher, tout en réalisant les illusions de supériorité qu’il leur attribuait.
Un opus au cours duquel Marcel allège le ton général , en s’adressant au lecteur, puis en rapportant avec humour les défaillances langagières du maitre d’hôtel de Cabourg.
Et toujours magie de cette prose unique, cette petite musique si reconnaissable et envoutante.
Je continue mon voyage à la recherche du temps perdu et si j'apprécie chaque étape, Sodome et Gomorrhe m'a fait sentir à quel point chaque tome s'intègre dans un tout d'une plus grande ampleur.
[Attention spoiler dans les lignes qui suivent]
Le narrateur est de retour à Balbec, endroit qui lui rappelle sa grand-mère et leurs moments passés ensemble. Son deuil est si réaliste, sa douleur si poignante, que j'en ai eu le cœur serré.
Une fois passées ces premières et funèbres émotions, le ballet des invitations, des dîners, des visites, reprend de plus belle.
Les relations amoureuses sont au cœur de Sodome et Gomorrhe et le narrateur les observe, les dissèque, que ce soit les siennes ou celles des autres, qu'elles soient homosexuelles ou hétérosexuelles.
Exit Saint-Loup et les Guermantes, place au Baron de Charlus et aux Verdurin. Je préférais les précédents mais l'analyse est toujours aussi fine, l'écriture toujours aussi belle.
Et la petite musique de Proust continue de m'enchanter.
"Mais jamais je ne pourrais plus effacer cette contraction de sa figure, et cette souffrance de son cœur, ou plutôt du mien ; car comme les morts n'existent plus qu'en nous, c'est nous-mêmes que nous frappons sans relâche quand nous nous obstinons à nous souvenir des coups que nous leur avons assénés."
Bon sang ! Monsieur de Charlus est homosexuel ! Le narrateur, et le lecteur, le découvrent de concert.
Albertine l’est-elle aussi ? Le narrateur ne peut trancher.
Beaucoup de « téléphonage » dans cet opus. L’instrument se démocratise.
De retour à Balbec, le narrateur se souvient de sa grand-mère, dont il apprend qu’elle était déjà fort malade lors de son précédent séjour.
En compagnie des invités des Verdurin, il prend le beau train d’une heure trente-cinq.
Les pages sur les généalogies des noms de villes sont un peu longues, mais cela change des généalogies des personnages. Quelques pages également sur le nom de certaines rues parisiennes.
Le narrateur relève par ailleurs les erreurs de langue, empruntées si souvent à l’anglais, mais qui ne nous choquent plus maintenant.
Les souvenirs du narrateur suivent les arrêts du train de la côte de Balbec. Mais il souffre de jalousie quand, dans ce même train, Albertine n’est pas avec lui dans le même compartiment.
Albertine, qui est cause de la fin de l’amitié entre le narrateur et son ami d’enfance Bloch. Ce premier se découvre snob (sans blague !)
Pour le narrateur, certains hommes sont de Sodome, et certaines femmes (dont Albertine ?) de Gomorrhe.
Quelques citations :
« Car aux troubles de la mémoire sont liés les intermittences du cœur. »
« Car comme les morts n’existent plus qu’en nous, c’est nous même que nous frappons sans relâche quand nous nous obstinons à nous souvenir des coups que nous leur avons assénés. »
« La médecine, faute de guérir, s’occupe à changer le sens des verbes et des pronoms. »
http://alexmotamots.fr/?p=2411
Ce tome se centre surtout sur le personnage de M. de Charlus, qui n'est pas, c'est le moins que l'on puisse dire, un personnage sympathique et je crois qu'il l'est encore moins quand il prend la voix de Guillaume Gallienne qui a beau être un excellent lecteur mais qui le rend vraiment horripilant. Et si M. de Charlus est au coeur de ce roman, ses moeurs le sont aussi et l'homosexualité ou l'inversion comme la qualifie Proust est donc un thème majeur de ce tome. Comme le titre biblique le laisse penser, nous sommes loin de l'ambiance des jeunes filles en fleurs ou des amours de Charles Swan. Ce qui est peut-être le plus intéressant, c'est l'évolution du narrateur. Pour la première fois, on sent qu'on n'a plus à faire à un enfant mais à un écrivain qui observe le comportement de M. de Charlus et la façon dont il est perçu par les autres. En bonne normande que je suis, j'ai aussi beaucoup apprécié le chapitre consacré aux origines des noms de villages normands. Sodome et Gomorrhe T.2-livre audio
De tous les tomes, c'est très clairement celui qui m'a le moins plus.
Avant tout, Marcel Proust c' est une écriture, une écriture sublime. C' est un voyage à travers les mots, leur essence, mais aussi à travers des tableaux.
J' approuve votre commentaire Guillaume. Le baron de Charlus vieillissant devient touchant, plus humain. Mais j' ai aussi un coup de cœur pour Swann : c' est un esthète. Je lui trouve un charme certain. il est d' une grande délicatesse.
Je considère que le baron de Charlus est l'un des personnages les plus intéressants de toute la saga de Proust, ce qui n'engage que moi bien évidemment. Son ambiguïté et sa personnalité imprévisible est enfin éclairé dans ce volume au grand jour, ce qui n'est pas pour me déplaire.
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