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«Ce jour-là j'ai compris ce qui me troublait. Peut-être moins le spectacle de la douleur, de la déraison, du dénuement, que cette lutte qui ne s'éteint jamais, au bout d'un an comme de vingt, en dépit des traitements qui érodent la volonté et du sens de la défaite, ça ne meurt jamais, c'est la vie qui insiste, dont on ne vient jamais à bout malgré la chambre d'isolement et les injections à haute dose. Tous refusent, contestent, récusent, aucune folie ne les éloigne définitivement de cet élan-là.»Durant toute une année, Joy Sorman s'est rendue au pavillon 4B d'un hôpital psychiatrique et y a recueilli les paroles de ceux que l'on dit fous et de leurs soignants. De ces hommes et de ces femmes aux existences abîmées, l'auteure a fait un livre dont Franck, Maria, Catherine, Youcef, Barnabé et Robert sont les inoubliables personnages. À la folie est le roman de leur vie enfermée.
Tous les mercredis, pendant un an, elle s'est immergée dans deux unités psychiatriques. Il fallait bien cela pour pouvoir témoigner.
C'est un essai intelligent qui met au coeur du propos les malades et les soignants.
Il y a de la souffrance, de cris, beaucoup de cris, des gens qui se parlent tout seul, ceux qui sont mutiques, des tentatives de suicides, des parents maltraitants, des familles démunies.
Il est aussi questions de dépression, de colère, de peur souvent, de tristesse aussi.
Il y a tout cela mais aussi parfois des sourires comme lorsqu'on trouve fantômette dans un lit le matin et qu'on ne sera jamais qui elle est ou bien quand Franck fait la grève du verbe, pour protester mais on ne sait pas contre quoi puisqu'il a décidé de garder le silence.
Il y a aussi de la solidarité, les gestes de réconfort, des petits moments de joie et même de la poésie dans certaines pages.
Joy Sorman n'élude pas les difficultés, les paradoxes, les économies qui s'imposent brutalement, les dysfonctionnements mais sans jugement, jamais.
Le style est précis, agréable et rend la lecture plaisante malgré le sujet abordé.
Un essai qui met l'humain au centre du récit et qui raconte « les fous » autrement.
Maria, Robert, Fabrice, Youcef, Jessica, Franck, Igor, Vivianne, Jordan sont des colocataires un peu particuliers. Ils vivent tout dans le pavillon 4B d'un hôpital psychiatrique. Barnabé, Catherine, Daniele, Eva sont psychiatres, infirmières et psychologues.
Pendant un an, Joy Sorman a partagé le quotidien de ces hommes et de ces femmes, patients et soignants. Elle leur donne la parole et écoute ce qu'ils ont à transmettre. L'hôpital psychiatrique comme dernier recours pour apprendre à contenir leurs angoisses, leurs folies et leur réapprendre à vivre « normalement », en société. L'hospital psychiatrique pour cacher ceux dont le monde ne veut plus…
Au cours de cet essai, l'autrice questionne notre humanité. On enferme ceux qu'on ne veut pas (plus) voir. Très justement, elle écrit « Le monde se déglingue et on se débarrasse auprès de nous de tous les indésirables, même les généralistes agacés démunis nous adressent leurs patients dont ils ne comprennent plus les souffrances–dès qu'une explication somatique claire ne s'impose pas c'est pour nous, c'est psy ! ».
Un texte bouleversant d'humanité à lire absolument !
Quand la tendresse du printemps la quitte, la voici déjà au pavillon 4B.
Promiscuité, claustration, collectivité et souffrance sont au rendez-vous ainsi
que l'odeur de l'enfermement de l'hôpital et service HP.
Dans le cadre d'un projet de livre, elle rendra visite aux malades. Les patients...
éléments perturbateurs du service tous les mercredis pendant un an.
Franck 40 ans côtoie les chambres d'isolement et se met en danger avec l'alcool.
Schizo et parano, il délire.
Maria, bipolaire et maléfique, se présente comme une sorcière & la fiancée du diable.
Nadia est hospitalisé sous contrainte.
Youcef aux errances à se prendre pour un agent de la DGSE ou encore le soldat inconnu....
D'autres comme Jessica, Thérèse, Viviane, Igor, Pauline, Megan…. viennent se tisser au portrait de la vie en hôpital psychiatrique.
Des patients psychotiques qui rechutent.
Privée de vie sociale et affective, ses patients sont extrêmement touchants dans ce document.
On les suit, on rit, on s'interroge, on souffre par empathie.
Comme on aimerait leur offrir une conscience à hautes fréquences et les éveiller au monde extérieur.
Merci à l'auteure Joy Sorman de nous avoir guidé dans leurs univers respectifs soignants, patients et ce monde psychiatrique A la folie.
Un roman & témoignage bouleversant de leur vie enfermée dedans.
@flammarion #flammarion #Alafolie #joysorman
Joy Sorman s'est rendue chaque mercredi pendant une année dans le pavillon 4B d'un hôpital psychiatrique. Elle va y côtoyer les patients dont les âges et les pathologies sont divers et les professionnels (ASH, aides-soignants, infirmiers, médecins) qui y travaillent.
Dans cet essai, elle met au cœur « l'humain » en retranscrivant la parole des patients et des soignants et dresse un état des lieux de la psychiatrie française, qui est plutôt alarmant.
Elle y évoque la dégradation que connaissent les établissements psychiatriques français au fil du temps : le manque de personnel et le manque de budget alloué à la psychiatrie, mais aussi, le travail administratif qui prend de plus en plus de place au détriment de l'humain : L'infirmier doit consigner instantanément sur ordinateur la prise de médicament du patient au moment où il le donne et cela tue la relation. Les soignants ne peuvent plus rien faire ni rien proposer (sorties, activités, initiatives personnelles etc.) sans que cela soit prescrit auparavant ou que des protocoles trop lourds viennent tuer l'envie de les réaliser.
L'auteure aborde également la détresse des soignants et des patients, la violence tant physique que psychique car elle est parfois institutionnelle, la privation de liberté (elle évoque la loi de 2013 qui oblige les établissements à présenter les patients hospitalisés sans consentement à un juge de la liberté et des détentions lors d'une audience), des solutions pas toujours adaptées faute de mieux.
Pour autant, ce livre ne décrit pas uniquement des moments sombres et tristes, il y a aussi des moments lumineux, de l'écoute, de l'empathie, des échanges, de l'engagement où de la poésie.
J'ai beaucoup apprécié ce livre car l'écriture est fluide. Il n'y a aucun voyeurisme dans la démarche de l'auteure, elle soumet des réflexions intéressantes sur la psychiatrie en partageant ses observations. « A la folie » est un récit humain et touchant.
Une de mes meilleures lectures en tant que jurée du Grand Prix des lectrice Elle. Mademoiselle Elle y allait à reculons. La folie, l’enfermement et la déchéance qui semblaient être annoncés par le sujet lui faisaient peur.
Cependant Joy Sorman décrit avec des mots très justes, pas seulement humains, la folie, et tous ces éléments, ces fêlures, qui font que les personnes enfermées nous sont proches. Et pourtant le livre se referme sur un mystère qui reste entier. Les dérapages dans leurs vies qui les ont menées dans le pavillon 4B, pour certains sont balisés depuis leur enfance longtemps mais pas tous. Tout le monde peut dévisser et les histoires rapportées dans l'ouvrage nous rapprochent d'autant plus de ces destins. Ce qui peut effrayer mais aussi amène à s'interroger sur ce qu'est véritablement la folie, le fou d'hier n'est pas celui de demain. Cela pourrait rappeler le comportement infligé aux personnes considérées comme déviantes dans des dystopies ou dans des sociétés totalitaires.
L’auteur qui a pu passer du temps régulièrement dans 2 lieux clos décrit avec une précision chirurgicale et poétique le fragile équilibre recréée entre ces murs. Le lecteur peut ainsi saisir la réalité de l’hôpital qui souffre du manque d’effectifs et des remplacements de l‘humain par les logiciels, un suivi informatique, la chimie et les traitements médicamenteux . Car le récit nous emmène dans la souffrance des patients mais aussi des soignants. Chacun appréhende différemment le rôle qui lui est imparti et s'y tient ou déborde du cadre comme Adrienne qui les aime les fous comme elle l'affirme. Ou alors on croise des soignants qui ne veulent pas être touchés...allez le faire comprendre aux personnes enfermés sans contacts humains...cela peut véritablement rendre fou.
A travers différents destins nous assistons à toutes ces privations quotidiennes liées à la situation, les horaires strictement encadrés, les effets personnels placés sous clef, selon les effectifs et moyens financiers en fait.
On ressent le même sentiment d’impuissance qui doit envahir les pensionnaires , volontaires ou pas, de ces établissements avec cette vie sous clef.
N’importe quelle personne dehors ne le supporterait pas. Pour ceux enfermés, cela peut être pire pour les plus fragiles ou qui vivent dans une réalité alternative.
C’est un livre essentiel sur la folie et le traitement réservé à ces personnes actuellement. Le récit est très réussi avec tous les symboles que l’auteur déchiffre, décrypte patiemment et qui prennent une place proéminente une fois enfermé : le temps régulé, les effets personnels enfermés, les portes claquées ou entrebâillées...
En le refermant, On regarde différemment la folie, à l’aune de quel repère peut-on considérer une personne comme « folle » lorsque l’on est encore imprégné de toutes les paroles portées par l’auteur ?
J'ai hâte de lire d'autres ouvrages de l'auteur que je viens tout juste de découvrir avec cette immersion impressionnante. Son regard vif et les mots si justes qu'elle manie avec délicatesse ne sont que de bons présages pour les prochaines lectures...
« Le chocolat, je l’aime à la folie, je t’aime à la folie. »
Après avoir lu ce passionnant docu de Joy Sorman, le lecteur ne prononcera plus ces mots avec autant d’insouciance ou de passion.
En immersion durant un an, en hôpital psychiatrique, l’auteure a le regard de Candide, notre regard.
Sans à priori, sans jugement, avec beaucoup d’empathie, elle laisse parler les patients du pavillon 4B : Robert, Maria, Franck, Jessica ( Calamity Jane ) Igor, Nadia et tous les autres.
Elle n’occulte pas la maladie, les pathologies, elle remarque surtout les souffrances.
Franck : « J’ai fumé trop de shit, mes yeux sont partis à l’arrière de ma tête, ils se sont collés au fond de mon crane, et ils me regardaient, ils me surveillaient, c’était insupportable. J’avais trop de délires en moi, et aussi le cadavre d’un jumeau que j’avais avalé dans le ventre de ma mère parce que j’étais le plus fort des deux, le plus volontaire. »
Elle rapporte avec beaucoup de précision et d’objectivité les souffrances des patients :
- L’absence d’objets personnels (« Si l’inventaire est une mesure de précaution, il dépouille aussi les patients de toute propriété. (… ) Confisquer à un patient psychotique ses effets personnels peut tragiquement enflammer son anxiété. »)
- L’importance du langage, du geste, du temps que le soignant peut consacrer ou pas, au patient, de sa proximité. (« Quand le moindre geste est de soin, son interruption peut être bouleversante, dramatique. Quand le moindre geste est aussi du langage, (…) sa disparition est une forme de maltraitance, une manière brutale de se détourner. Ici, le moindre geste compte, soigne, peut anéantir aussi. »
- l’importance de l’origine sociale, du niveau de vie familial
« Fabrice (infirmier) reconnait dans cette histoire singulière, un invariant, un poncif de la psychiatrie : l’individu atteint est bien souvent le symptôme d’une famille malade qui ne peut conserver sa cohérence et sa légitimité qu’en désignant un de ses membres comme l’élément perturbateur, le ferment du désordre. »
Portraits de patients, mais aussi des soignants : les infirmiers(ères) Catherine, Miguel, Barnabé, l’infirmier bouddhiste chaleureux, l’ASH (agent de service hospitalier ou femme de ménage), Adrienne, la plus proche des malades, Eva, la psychiatre.
Tous expliquent leur difficulté de travail. Depuis l’ASH à la psychiatre en passant par les infirmiers, les aides-soignantes.
- Les tâches administratives de plus en plus chronophages
Catherine est infirmière : « le métier s’est réduit à peau de chagrin, le chagrin des soignants, celui des patients et de leurs familles. (… ) Désormais, la moindre initiative doit être validée par l’ordinateur, le dossier du patient doit être consulté avant toute décision. (… ) On nous a confisqué toute liberté d’évaluation. Dix fois par jour, retourner au poste informatique, cliquer sur l’onglet du patient et obtempérer aux ordres du médecin qui légifère à distance sur les actes les plus anodins du quotidien. »
- Le pouvoir tout puissant et croissant des gestionnaires et inversement proportionnelle, la diminution de la possibilité d’initiative des soignants :
Miguel est infirmier : « là-haut, dans les bureaux, ils ne veulent pas comprendre que le temps du soin n’est pas celui des procédures. Si un patient veut une feuille et des crayons pour dessiner dans sa chambre, en dehors des heures officielles d’ergothérapie, il faut demander une autorisation. Le temps de la demander et de l’obtenir, le patient a renoncé et il est passé à autre chose, et il est trop tard pour soigner avec délicatesse et précision. »
- Tous insistent sur le manque de moyens.
Adrienne, l’ASH : « En vingt ans, j’ai vu la situation empirer, le manque d’argent et de considération s’aggraver. »
Joy Sorma est un témoin de ce temps renfermé, entre parenthèses.
« Ici, on dort assis ou debout autant que couché. Ici, tout se fige dans la glace des neuroleptiques et de l’enfermement. Le temps aussi est une banquise, à moins qu’il ne soit de la mélasse, un truc qui colle et se distend. A force, ce n’est même plus du temps, mais une masse informe qu’on voit glisser dans les couloirs, telle une créature de Miyazaki. »
Le ton est juste, sincère, elle s’interroge sur la façon de soigner la folie, et quelle folie ? Qui est fou, par rapport à quelles normes ?
« Ainsi en 1952, comme au Moyen-âge, on ne sait toujours pas soigner la folie, le Largactil n’étant qu’un médicament du cerveau pas de l’esprit, mais on peut enfin traiter les symptômes sans tuer le patient, le soulager en même temps qu’on soulage la société et les médecins, qu’on ramène le calme, le sédater pour que les infirmiers ne soient plus de simples gardiens mais aussi des soignants, qu’ils aient moins peur, et ayant moins peur, ils se mirent à penser mieux , à trouver le temps et la disponibilité d’esprit nécessaires pour inventer de nouvelles thérapies. »
Une prison chimique, efficace mais douloureuse et deshumanisante pour tous les enfermés de l’HP.
Endormir, morceler, mais pas soigner
« Tous ceux qui sont ici contre leur volonté ont brisé un pacte, quelque chose s’est mal passé, pour eux ou pour les autres et on a considéré qu’on ne pouvait pas laisser faire, que ça ne pouvait plus durer. On compte alors sur l’ordre de l’hôpital pour résorber le désordre des individus. On compte sur l’internement pour réduire la part de violence de toute folie. Mais on sait bien que rien n’est plus dur qu’un crâne, et que si le cerveau se mâte, l’esprit s’échappe toujours. »
Un témoignage passionnant et sincère qui se lit comme un docu.
A lire !
Pendant un an, tous les mercredis, l’auteure a pu circuler librement dans le pavillon 4B (hôpital psychiatrique) Deux particularités qu’elle notera d’emblée : odeurs et chaleur constantes …
Joy Sorman a interviewé, tour à tour, les résidents (Franck, Maria, Youcef, Robert, Julia, Bilal, Samantha, Esther, Arthur, Lucette, Adel, Jessica, Stéphanie, Asia, Thérèse, Viviane, Igor, Pauline, Megan, Jacques, Jordan) et le personnel (Catherine, Sarah, Miguel, Barnabé, Eva, Adrienne, Lea, Fabrice, Claudine, Anita, Danièle) en toute impartialité.
Les malades ont entre 18 et 82 ans, ils sont schizophrènes, bipolaires, en proie à des délires de persécution ou des hallucinations, dépressifs ou encore suicidaires.
L’auteure pointe du doigt – sans jugement aveugle – le manque de personnel, les traitements pas toujours appropriés, les privations de liberté basiques (téléphone ou cigarettes mis à disposition à heures fixes) promenades dans le jardin impérativement accompagnées, règles incompréhensibles au cours des repas, etc …) Une profonde détresse chez les malades – comme chez les soignants bien souvent dépourvus de moyens …
Un témoignage percutant, qui se veut le plus neutre possible. Une très belle écriture, un choix de mots mûrement réfléchi. Un récit à la fois factuel et puissant qui dénonce sans condamner vraiment – aussi paradoxal que cela puisse paraitre. Un très beau texte sur une triste réalité, qu’il faut être prêt à accueillir.
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