Comme beaucoup de jeunes femmes à l'époque ( au XIXe siècle ), Emma Bovary a été éduquée au sein d'un couvent jusqu'à la fin de son adolescence. Vivant au rythme des prières et des leçons dispensés par les soeurs, protégée dans ce cocon loin de toutes les vicissitudes de la vie, elle n'a trouvé...
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Comme beaucoup de jeunes femmes à l'époque ( au XIXe siècle ), Emma Bovary a été éduquée au sein d'un couvent jusqu'à la fin de son adolescence. Vivant au rythme des prières et des leçons dispensés par les soeurs, protégée dans ce cocon loin de toutes les vicissitudes de la vie, elle n'a trouvé d'autre refuge pour s'évader que les charmes de la religion et le romantisme exacerbée des romans pour dames.
Lorsqu'elle quitte enfin le couvent pour rejoindre la demeure familiale, dans la campagne normande, l'idée qu'un grand amour l'attend quelque part, à l'image de l'ardente ferveur des nonnes et des histoires d'amour qui peuplaient ses lectures, ne la quitte plus. Elle se rêve en amoureuse transie, en amante passionnée, avec à ses côté un homme de qualité, digne de ses sentiments et capable de donner un sens à sa vie.
De son côté, Charles Bovary a été un élève passable, pas vraiment à sa place au milieu de ses camarades que sa taille et son air de paysan mal dégrossi ont toujours tenus à distance. Devenu un médecin médiocre, il est poussé par sa mère à épouser une veuve prétendument riche.
Tous deux se rencontrent alors que Charles est appelé au chevet du père d'Emma, Monsieur Rouault, qui s'est brisé la jambe. le médecin, appliqué, fait forte impression auprès du malade et s'en retourne charmé par la beauté et l'allure de sa fille. Finalement libéré de son mariage sans amour par la mort de sa femme, qui le laisse en fait sans le sous, il retourne avec joie auprès d'Emma et de son père. Ce dernier, qui ayant bien compris l'intérêt que Charles porte à sa fille, le pousse à se déclarer et la noce est rapidement organisée et les jeunes mariés partent s'installer dans un petit village.Emma touche enfin du doigt ce à quoi elle a toujours rêvé mais, devant le vide de sa vie conjugale et la platitude de la personnalité de son mari, déchante rapidement. Rien n'éveille de passion en elle et elle aspire plus que jamais à une histoire d'amour qui la ferait vibrer, grâce à laquelle elle se sentirait enfin vivante.
« Madame Bovary » est l'histoire d'un désenchantement, d'une profonde désillusion.
C'est le récit d'une femme qui, par de trop grandes espérances, a fait de sa vie une tragédie.
Emma, qui a grandit loin de tout, dans une ambiance de profonde ferveur, s'est nourrie des grandes passions littéraires qui ont croisé sa route et, une fois rendue à la ( vraie ) vie, s'est naïvement attendue à ce que son existence y ressemble trait pour trait. Désireuse d'expérimenter le meilleur, notamment sur le plan amoureux, elle s'est malheureusement rapidement confrontée au manque de sel du quotidien d'épouse d'un homme sans envergure qui était, dans la précipitation, devenu le sien.
Comment faire face à une telle déception? Comment trouver un quelconque intérêt à vivre quand tout autour de soi respire la médiocrité et l'ennui?
Emma qui, bien loin de partager le goût de Charles pour les petites joies de la vie à deux et totalement incapable de se satisfaire de sa situation, a pensé à tort trouver la solution en se jetant à corps perdu dans une aventure, puis une autre, rêvant à chaque fois que ce soit la bonne, et s'est finalement perdue dans des désirs sans fin.
La plume de Flaubert, sublime de style, de précision et de ( cruel ) réalisme, se fait sans concessions pour décrire les sentiments, les attentes et les travers de cette femme qui n'a jamais su accepter la destinée qui était la sienne. Son personnage principal m'a sensiblement fait pensé à celui De Maupassant dans « Une vie », Jeanne, qui partage les mêmes aspirations et se confronte également douloureusement à la réalité.
Toutes deux inspirent au lecteur aussi bien l'envie de compatir à leurs déboires que la condamnation de leur trop grande candeur, leur incessant mécontentement et, particulièrement pour Emma, la dénonciation de leurs choix irréfléchis et égoïstes. On peut en effet les accuser d'avoir confondu rêve et réalité et de s'être complu dans cette illusion, mais elles n'en sont qu'en partie responsables, n'ayant pas choisi de se construire loin du monde et de sa dure réalité. Nombre de jeunes femmes ont dû à l'époque, comme elles, sévèrement déchanter en découvrant que la vie d'épouse et de femme au foyer n'avait rien d'un conte de fée.