Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Par ces temps caniculaires, on peut tenter de se rafraîchir en voyageant par la pensée (au moins) vers la Sibérie orientale. Au début de l’automne, la neige va bientôt commencer à tomber et à recouvrir la région d’un épais manteau glacé pour de longs mois, propices à la chasse à la zibeline. Ca y est, vous visualisez la taïga par moins 30, le blizzard, les lacs gelés, vous commencez à grelotter ?
Bon, au moins j’aurai essayé.
Or donc, disais-je, transportez-vous sur la presqu’île de Rybatchi, coincée entre la mer d’Okhotsk et celle de Béring. La Nature y est rude, hostile, mais néanmoins généreuse envers qui sait la comprendre et la respecter. Les hommes y vivent de pêche l’été et de chasse en hiver, et aussi, du braconnage d’œufs de saumon. C’est illégal, mais à l’ère post-soviétique la corruption est endémique, et les autorités locales laissent faire moyennant de juteuses commissions de 20%. Tout le monde n’apprécie pas forcément ce racket institutionnalisé, mais la plupart s’en accommodent, faute d’alternative, il faut bien faire vivre sa famille. D’autres, plus rares, seraient plutôt tentés de se révolter, mais les moyens et/ou le courage leur manquent, et l’abus de vodka n’aide guère.
La vie coule son long fleuve tranquille, jusqu’à ce que la situation se tende après un incident entre Kobiak, l’un de ces pêcheurs-chasseurs insoumis, et un milicien ambitieux qui, en dépit du bon sens et des coutumes locales, fait remonter l’affaire jusqu’à Moscou, qui envoie sur place une unité spéciale d’intervention. Une chasse à l’homme, démesurée au vu de l’incident initial, est lancée, et Kobiak se cache dans la taïga comme un vieil ours solitaire, alors que l’hiver approche.
« Volia volnaïa » est une fameuse galerie de portraits d’hommes et de quelques femmes, les uns rebelles à des degrés divers, rudes, courageux, entêtés, solidaires, épris de liberté et de justice, les autres pourris et avides d’argent et de pouvoir, et les derniers vacillant entre les deux, cherchant à s’identifier aux uns ou aux autres. Le roman montre aussi le contraste entre une culture traditionnelle qui respecte la Nature, et le néo-capitalisme sauvage qui la surexploite au mépris de tout.
Une Nature grandiose magnifiquement décrite, des personnages touchants et attachants par leur caractère entier, un portrait à l’acide de la Russie poutinienne, « Volia volnaïa » est un très beau roman, lyrique et désespérant.
Quoique… Dans ce pays où tout se vend et s’achète, il reste peut-être une chose non négociable : Volia volnaïa, la « liberté libre ».
L’idée générale qui mène le roman est l’attrait exercé sur les jeunes générations issues des campagnes, par la ville, ou les pays étrangers, et en même temps, par la nostalgie profonde qui peut s’emparer des exilés lorsqu’ils s’éloignent de leur environnement natal. L’idée des deux cousines aux caractères si contrastés est attrayante, même si l’auteur a légèrement forcé le trait, à mon avis, dans cette opposition. Un événement dramatique qui survient environ au milieu du roman relance l’intérêt pour les personnages, et le roman gagne en intensité. Confrontée tant à la générosité qu’à la brutalité et à la malfaisance, Katia et Nastia manquent de se perdre, et le lecteur ne sait s’il doit se préparer à lire leur déchéance ou leur rédemption.
Au final, une lecture sans difficulté particulière, avec une tonalité originale et des thématiques attirantes. Si je ne suis pas folle d’enthousiasme, je peux toutefois recommander sans hésiter ce roman aux amateurs de littérature russe ou, plus généralement, de dépaysement, et à ceux qui s’intéressent à la Russie contemporaine. Ce roman en propose un tableau édifiant !
avis complet sur :
https://lettresexpres.wordpress.com/2019/03/04/victor-remizov-devouchki/
Les tribulations de deux cousines russes à Moscou
*
L'auteur, Victor Remizov ne m'est pas inconnu. J'avais lu une partie de son 1er roman Volia Volnaia puis abandonné lâchement. Je le regrette. La lenteur du récit m'a dérangé. Puis à l'issue de son second roman (celui-ci), je me suis rendu compte que cette lenteur avait quelque chose de typiquement russe. Une sorte de langueur à forte connotation romantique (dans le sens littéraire).
Autant le premier parlait de la nature contemplative, autant Devouchki raconte une portion de vie dans un Moscou plein de fureur.
Dit comme ça, ils n'ont rien en commun.
*
Focus sur l'immense Sibérie, dans un petit village de pêcheurs, dans une famille pauvre mais aimante. Katia, notre héroine va devoir aller "à la capitale" pour quitter cet avenir misérable. Sa cousine, la belle et fougueuse Nastia l'accompagnera.
Moscou, ville de toutes les tentations, véritable jungle, les engloutira.
Nous suivons donc deux parcours bien distincts. Deux jeunes filles très différentes qui feront des choix et devront assumer les conséquences.
Pleines d'espoir, elles rêvent d'amour tendre, d'argent gagné facilement (pour envoyer à la famille restée en province). Chacune, à leur manière, devra subir bien des épreuves pour sortir la tête hors de l'eau et préserver ce qu'elle a de plus cher: la liberté.
*
J'ai apprécié ce récit à deux voix, ce parcours non linéaire où chacune débute avec les mêmes chances mais qui, au final aboutit à deux expériences différentes.
Le cliché de la fille capricieuse et "vacharde" me semble un peu trop accentué. D'ailleurs, la caricature de la fille naive et innocente également. Mais cet ensemble fonctionne bien malgré tout.
Le portrait d'une Russie actuelle exsangue avec cette corruption bien présente ainsi que la pauvreté et le manque de travail est réussi. Ainsi que la présence d'oligarques prétentieux et presque maîtres de la vieille Europe.
J'ai aussi appris que les purs Moscovites ont la dent dure avec les "étrangers" frontaliers tels les Azeris, Ukrainiens, Georgiens...
*
Ce roman d'apprentissage s'est lu d'une traite. Il parle d'amour. Cet amour russe qui est insufflé dans chaque geste, chaque parole. le tout dans une belle écriture lyrique et magnifique. Avec un souffle romanesque (je le reprécise) qui donne envie de visiter non pas la ville (où l'argent est roi) mais bien la campagne qui a encore gardé son charme d'antan.
*
Merci à Netgalley et Belfond pour ce beau roman.
En avançant en âge, Guenka apprécie de plus en plus la vie solitaire au coeur de la taïga. La pêche au saumon puis ensuite la période de chasse qui commence. Une vie toute simple presque primitive, avec pour seule compagnie son chien et une ou deux bouteilles de vodka. On braconne, on se fait racketter par le police, 20 %, et la vie continue. Mais Kobiak a menacé Tikbi le chef de la milice. Alors la chasse aux zibelines se transforme en une chasse à l'homme, menée par un groupe de policiers locaux, mais aussi par un détachement des unités des forces spéciales venu de Moscou. Des amis partent aussi à sa recherche pour l'aider à se sortir de cette mauvaise passe.
Un roman qui se passe au pays de l'ours, des zibelines, des oeufs de saumon, l'or rouge, là où l'hiver, les sapins nains se courbent pour se cacher sous la neige. Les héros sont les habitants de l'une des colonies de l'Extrême-Orient de la Russie, bouffer et boire constitue leur quotidien, l'essentiel c'est la liberté.
Les paysages sont grandioses, l'écriture de l'auteur nous entraîne par sa qualité des descriptions dans cette nature sauvage et hostile, terre des grands espaces, il fait froid mais la vodka réchauffe les corps et les coeurs de ces chasseurs solitaires qui rêvent aussi d'amour. Mais l'auteur dresse également le portrait de la Russie, un pays où on ne fait pas la différence entre l'argent volé et l'argent honnête, un pays où on n'a qu'une voie possible : obéir.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...