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La parution de ce recueil est déjà ancienne mais la poésie jamais ne se démode.
Ce recueil, je l’ai déniché chez un bouquiniste (que ferions-nous sans eux !) et il aurait pu passer sous silence si je n’avais mis la main dessus. Et justement, il traite du silence, celui que l’on connait ou celui que l’on recherche.
Même si la lecture à haute voix n’est pas interdite pour ces poèmes, je les ai lus en faisant silence.
« Faire silence c’est le vol léger et erratique de l’oiseau que l’on nomme songe »
Le silence emplit nos vies, il est partout, même lorsqu’il y a du bruit
« Faire silence, ce n’est pas faire barrage au bruit. »
Le silence est multiple, Il y a le silence entre les mots, celui qui brûle les mots inutiles et les rancœurs,
« Le temps du silence est une frontière »
Le silence qui s’installe laisse parler les corps et les esprits. Il favorise l’échange, il peut même apaiser.
« A l’ombre du silence, les douleurs parlent, mais alors on peut leur parler doucement »
Le poète nous parle d’un silence universel, un silence qui revêt tous les sentiments, un silence qui se transforme. Enfin, un silence qui nous parle, un silence pour chacun d’entre nous.
Le poète nous parle de toutes les propriétés de ce silence.
Le silence n’empêche pas la parole, laquelle a besoin de lui « car sans le silence, la parole est un meurtre »
L’écriture de Michel Thion est limpide, elle sait cueillir la lumière et montrer la fugacité du silence. Le poète cultive la rêverie et les réflexions sur la vie avec sensibilité.
Ce qui m’a frappé lorsque j’ai ouvert ce recueil de haïkus, ce sont les peintures d’Anne Weulersse qui émaillent les textes. Des peintures dans des tons de brun, de gris et de noirs qui soulignent l’âpreté, l'amertume des mots. Ça claque, ça coupe et on n’en sort pas indemne.
« L’eau coupante
comme un rasoir
seulement plus lente. »
La mort s’invite dans cette lente incertitude où le corps ne donne pas une impression de plénitude. La vie lourde à porter suinte dans chaque vers.
« Arrive le moment indécidable
où vivre
n’est plus qu’un cri »
Poésie concise, lapidaire et minérale. Les corps se frottent au sable, aux pierres, au verre qui nous évoquent cette dureté, cette souffrance de vivre.
« Froissement de l’argile
sur mes yeux
paupières minérales »
Cette forme laconique du poème avec pléthore d’infinitifs agit comme un cri jeté au visage du lecteur. On a le souffle coupé.
« J’ai froid de vivre » dit le poète et si son propos nous glace, sa poésie nous fascine et nous émeut.
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