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La poésie de Souad Labbize est celle « d’une femme libre et insoumise » comme l’affirme son éditeur Bruno Doucey.
Dans « Je franchis les barbelés », elle nous raconte l’exil et ses blessures. Cet exil, elle l’a voulu pour se libérer d’un pays qui impose sa loi et ses diktats religieux aux femmes. Mais même choisi, l’exil est cruel, il écartèle.
« Jouer à pile
exil
face
terre natale
marcher
pieds joints
sur le listel
ligne d’horizon striée
entre ici
et là-bas. »
Dans les textes qui composent « Le baluchon d’exil », il y a deux langues qui s’entrecroisent, deux alphabets tissés. Il faut pourtant quitter le pays natal, lui tourner le dos sans espoir de retour, c’est le prix à payer pour retrouver la liberté confisquée.
« Je suis la frontière
dès lors que je franchis
les barbelés
sans projet de retour »
Les évocations du pays perdu jalonnent le poèmes, moments heureux comme « l’appel parfumé des couscoussiers brûlants » mais il faut vivre avec ses peurs.
« La liste de mes peurs
est une amulette
collée sur le calendrier »
Dans la seconde partie, « Berceuse pour le dieu de la guerre », Souad Labbize part en guerre contre ce dieu vorace et belliqueux
« Á qui cette guerre sainte
lâchée sans collier
ses hurlements couvrent
tous les bruits »
Elle ironise aussi sur ce dieu fainéant
« …je reste assise
à ne rien faire
comme tous les hommes
qui ont créé Allah
à leur image
en restant assis
à ne rien faire »
La langue de Souad Labbize est sobre, percutante mais elle sait aussi manier l’ironie pour appuyer son propos.
Une poésie-choc qui ne peut laisser indifférent.
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