Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Ma chronique :"Vous vous souvenez de la chanson de Jacques Dutronc '" le petit jardin de la chaussée d'Antin, il sentait bon le bassin parisien et disait "de grâce, Monsieur le promoteur ne coupez pas mes fleurs".
Sioux Berger, dont le joli nom évoque la nature, dénonce elle aussi en douceur un projet de bétonisation d'un quartier de Colombes où se trouve le jardin luxuriant et la vieille maison d'Augusta.
Je suis tombée sous le charme de cette jolie fable aux fragrances florales qui évoque si bien ces lieux enchanteurs menacés de disparaître en effaçant en même temps l'histoire de leurs occupants.
Ce roman est un bouquet de mots odorants où se mêlent gourmandises d'enfance, arômes d'abricots mûrs, effluves de cire chaude mêlées au chèvrefeuille et au lilas.
Augusta, une femme âgée encore très alerte, n'a jamais quitté sa maison qui borde les anciennes manufactures de parfums.
Elle fabrique des bougies parfumées depuis toujours, maintenant assistée par Sandrine, un "nez" prometteur.
Quand Chérif, l'agent immobilier au physique d'acteur de Bollywood, vient lui faire signer un contrat, elle lui propose un marché saugrenu.
Elle le met face à des défis qu'il doit effectuer étape par étape. Amusé, il les accepte. Jusqu'où ?
La vieille dame a des moments de mélancolie quand certaines effluves chatouillent sa mémoire et la ramène à l'enfance, au petit David, son frère adoptif, caché dans un village retiré en Auvergne durant la guerre.
Que viennent faire les chandeliers dans cette histoire ?
Ils illustrent un épisode bouleversant lié à l'enfance d'Augusta et de David.
Leurs jeunes années ont été bercées par la lecture des "Misérables". Les mots d'Hugo font écho à leur peine.
L'auteure nous en offre quelques beaux extraits.
J'avoue que les romans "feel-goods" m'attirent rarement mais celui-ci, s'il en est un, vous séduira autant que moi, par son "souffle frais et serein" .
Après Les pentes voici le second roman de Sioux Berger. Avec 1986 l'autrice nous offre un superbe roman où les histoires de famille qui surgissent du passé, viennent percuter le présent de la jeune Suzanne.
Suzanne est montée à Paris comme on dit, poursuivre ses études. Elle y retrouve son grand frère brillant étudiant en Normal Sup, déjà installé. A eux deux, ils s'élèvent ainsi de la condition de leur parents garagistes. L'histoire commence le 17 septembre 1986, tous deux feront partis des blessés de l'attentat de la rue de Rennes. A la suite de cet événement traumatique, Suzanne qui est une jeune fille sensible va vivre de nombreux flash qui la transporte dans les tranchées de 1914. Elle subit ces visions qu'elle ne comprend pas et trouvera du soutien auprès de sa professeur de Lettres mais aussi en tenant sont journal intime.
On plonge avec ferveur dans ce roman intime et poétique mais pas que. L'auteur aborde un thème qu'elle maîtrise parfaitement et intègre des éléments de psychogénéalogie à son intrigue. Elle explore les liens entre les générations et les héritages familiaux. L'accent est mis sur l'influence des traumatismes vécus par les ancêtres sur la psyché de Suzanne. C'est tout bonnement passionnant, la transmission intergénérationnelle, le poids des secrets familiaux et l'importance de la guérison pour rompre le cycle des blessures du passé. L'écriture est fluide et reste légère, j'ai retrouvé avec plaisir les codes des années 80. C'est l'occasion d'une réflexion profonde sur l'impact de notre passé familial, sur notre identité et notre bien-être psychologique. Ce livre invite le lecteur à s'interroger sur ses propres héritages silencieux et à prendre conscience de l'importance de la connaissance e soi et de la guérison émotionnelle pour construire un avenir plus épanouissant. Bonne lecture.
Je suis très contente de retrouver Sioux Berger que j'ai découvert l'année dernière avec son premier roman, "Les Pentes" publié lui aussi aux éditions De Borée. J'avais particulièrement aimé la façon dont elle m'avait transportée dans son monde. C'est donc avec grand plaisir que j'ai commencé la lecture de ce second roman.
Autant, dans son précédent roman, l'autrice m'avait emmenée dans un monde futuriste, autant ici, je suis remontée quelques années en arrière. Comme on peut se douter en voyant le titre du livre, l'action du livre se passe en 1986. Ce fut déjà pour moi, un retour vers mes années d'adolescence, j'avais seize ans, et j'ai retrouvé avec plaisir dans ce livre certaines chansons que j'avais aimées, le walkman, plein de choses qui n'existent plus maintenant ou qui n'existaient pas encore. La vie était complètement différente. Pas d'internet, pas de téléphone portable, ça peut sembler un détail, mais ça change tout dans la façon de communiquer des personnages.
Outre donc ce retour dans le passé, j'ai fait la connaissance de Suzanne, une jeune fille étudiante, qui semble un peu perdue, un peu à côté de la plaque. Elle vit un peu dans son monde. Elle vit avec son grand frère Louis chez ses parents. Je parlais des souvenirs de cette année 1986, il n'y en a pas que des bons. Et Suzanne va en être mêlée. Elle est avec son frère, quand un jour de septembre, ils feront partie des victimes de l'attentat de la rue de Rennes où une bombe va exploser devant un magasin Tati. Heureusement, Suzanne s'en sort sans blessures, Louis est plus touché qu'elle. Chez Suzanne, les blessures seront surtout psychologiques. Elles vont faire remonter des émotions qui viennent d'un passé lointain. Elle a des sortes de prémonition, de fulgurances qui lui font l'effet d'avoir déjà vécu les scènes. Elle a des visions qui lui viennent de la première guerre mondiale. Elle confie tout à son journal qu'elle a surnommé François. Elle a peu de soutien de la part de ses parents qui se préoccupent bien plus de Louis que d'elle. Heureusement, elle trouvera un réconfort et une aide de la part de sa professeure de littérature, Geneviève. Celle-ci va la guider, lui donner des pistes de réflexion. Suzanne se cherche, se demande si elle doit continuer à se plier à ce que les autres veulent d'elle, ou au contraire exister pour ce qu'elle veut vraiment. Sa relation avec Paul est-elle finalement si bénéfique pour elle...plein de questions sur son présent qui trouveront certaines réponses dans le passé de sa famille.
J'ai tout de suite ressenti beaucoup d'affection pour Suzanne, j'aurais pu être elle, j'aurais pu la croiser, peut-être être son amie. J'ai aimé sa fragilité qui cache un caractère fort qu'elle ne s'imagine même pas. J'ai eu envie de l'aider moi aussi, comme le fait Geneviève, de lui dire de ne pas prendre cette direction, de faire attention. J'ai vraiment eu la sensation de vivre près d'elle tout au long du livre, comme si j'assistais aux scènes. C'est le style de Sioux Berger qui rend cela possible. Ses personnages sont vrais, réels, elle leur donne beaucoup de densité et d'épaisseur. D'ailleurs, un des personnages a réellement existé. En effet, Suzanne va trouver des lettres venant d'un poilu de la première guerre mondiale, qui écrit à sa famille. Ce soldat et ses lettres ont réellement existé, et c'est encore plus troublant et émouvant lorsque l'on a cette information. Cet homme est d'ailleurs un personnage très actif, c'est d'ailleurs amusant de se rendre compte qu'un personnage qui n'existe qu'à travers les lettres qu'il écrit, prenne autant de place. Un autre personnage que j'ai beaucoup aimé suivre, c'est Geneviève. Qu'est-ce que j'aurais aimé avoir une telle professeure, comme cela doit être instructif de parler avec une telle personne. Sa vie avec son fils Grégoire est tellement intéressante. Il règne un certain mystère autour d'elle, j'aimerais beaucoup la retrouver dans un autre roman. Je la verrais bien l'héroïne à part entière, c'est peut-être une piste à creuser pour Sioux Berger, il y a du potentiel derrière ces deux personnages que sont la mère et le fils. Ils ont beaucoup de choses à nous apprendre.
Les personnages sont très bien travaillés. Il n'y a pas qu'eux. Les lieux, les faits sont eux aussi très précis. Les retours dans le passé avec les lettres du soldat, et le présent de Suzanne en 1986 sont étayés par des faits réels. Je me suis retrouvée à cette époque, où j'étais au lycée, avec l'actualité de l'époque, l'attentat de la rue de Rennes, la loi Devaquet et les manifestations étudiantes, le début de la construction de la pyramide du Louvres....Plein de faits historiques qui ancre l'histoire encore plus dans la réalité et qui m'ont rappelé certains bons souvenirs. Le style est toujours aussi bon, beaucoup de fluidité, l'histoire se déroule au rythme du calendrier de 1986. Il y a beaucoup de poésie dans les mots, dans les faits. L'attachement à Suzanne se fait très facilement. La narration est double,
Un roman qui mêle le bruit et le sang, le passé et le présent.
Suzanne donne rendez-vous à son frère Rue de Rennes à Paris et après quelques minutes, comme d’habitude, ils se disputent. Nous sommes en 1986, le souffle de l’explosion les cloue à terre. Alors que son frère se remet lentement, elle reprend une vie d’étudiante que de nombreuses visions rendent difficile et qui la plongent souvent en plein désarroi. Quand en plus, son professeur lui parle de lettres oubliées… qui font écho en elle, son avenir devient chaotique et incertain. Son journal et François la suivent et la réconfortent dans le plus grand secret. Comment réconciliera-t-elle sa famille avec le passé ? Son frère réussira-t-il à reprendre le cours de son existence ?
À travers plusieurs histoires de vies et l’attentat de la rue de Rennes en filigrane, Sioux Berger entremêle le passé des années 14/18 avec la réalité des années 86 durant lesquelles le terrorisme avait mis un linceul de peur sur la France. L’environnement sociologique des enfants « montés » à Paris pour étudier et réussir est bien rendu à travers la pression exercée par le regard des parents et la volonté du fils ainé.
La jeune fille dont la vie bascule à l’instant du drame est intéressante par le cheminement que l’on suit pas à pas pour son émancipation et sa place dans la famille, dans le monde du travail et dans les relations amoureuses. Elle est prête à tout bouleverser ayant compris que tout peut s’arrêter n’importe quand.
Le journal qu’elle tient et les lettres qu’elle découvre mettent une note de mystère et de suspense. En revanche, la fluidité du récit a eu du mal à s’imposer, comme si j’avais les idées générales mais que je n’arrivais pas à en comprendre les interactions.
C’est le deuxième roman de cette auteure plus connue pour ses ouvrages « bien-être », elle confirme l’intérêt que j’avais eu pour son premier roman « Les Pentes ».
Je remercie Virginie chez De Borée Editions pour l’envoi de 1986 en Service Presse.
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...