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Dysphorie de genre: se sentir piégé.e dans un corps qui n'est pas le bon
Si on m'avait demandé de donner mon avis à chaud, à peine la dernière page tournée, je serais restée muette, sans voix tant le tourbillon de pensées et d'émotions qui m'assaillait était intense.
Début décembre j'avais vu le merveilleux documentaire sur Arte de Sébastien Lifshitz : Petite fille. L'histoire de Shasha, née garçon mais fille dans sa tête. Entourée, protégée par une famille unie, aimante et prête à l'accompagner sur un chemin de vie difficile.
Ce roman est un parfait écho au documentaire. Eva se sent garçon depuis toujours et à la veille de ses 18 ans, pour entrer dans l'age adulte avec le corps qui correspond à sa réalité ressentie, elle va subir une longue intervention dans une clinique serbe, qui va lui retirer les attributs de sa féminité et lui donner le corps que sa naissance ne lui a pas offert, un corps d'homme.
Dans le couloir, au delà des portes du bloc, sa mère est là, elle attend.
Vigile.
Elle se remémore sa grossesse, la naissance d'Eva, son enfance, l'amour fou ressenti pour sa fille... ses interrogations, sa culpabilité, sa colère, sa révolte, sa reddition ...
"Je promis que je te protégerais de tout, et que je ne t'imposerais rien, que je te laisserais libre de choisir toujours ce que tu voudrais devenir, être, faire. [...] Je n'ai rien dit à ton père, je ne lui ai pas rappelé combien la vie était légère avant toi ni que nous n'avions tenu aucune de ces promesses. "
C'est un cri d'amour et de douleur, un deuil terrible à faire pour cette mère, le deuil d'une fille pour pouvoir accueillir un fils. Au prix d'une souffrance immense qui trouve son apogée là dans cette clinique où un chirurgien "déconstruit" le corps de sa fille...
" Je ne sais pas comment, je ne sais pas quand j'ai arrêté de mener le jeu et quand j'ai cessé d'avoir le choix.
Je pensais que je n'irais jamais jusque-là, que je ne te permettrais jamais de faire ce que tu es en train de faire, et pourtant je suis assise ici, dehors, attendant que tu sortes de cette porte avec un sexe et un prénom différent. "
Extraordinaire premier roman !
'La mère d'Eva' est un livre magnifique et poignant qui traite de la transidentité. L'histoire est racontée du point de vue de la mère de l'enfant né dans le mauvais corps. On sait que la dysphorie de genre est une véritable épreuve pour l'enfant, mais cela l'est également pour les parents. Ce roman qui s'apparente à un témoignage montre la force dont la famille doit faire preuve pour affronter ce parcours du combattant. Dans ce livre, les parents ont on ne peut plus de mal à accepter le mauvais genre de leur fille. Et nous lecteurs, on compatit à tout point de vue, autant pour l'adolescent/e qui n'est pas soutenu/e comme il faudrait par ses parents, que pour les parents qui ne comprennent pas comment soulager leur enfant, perdus qu'ils sont dans leur propre douleur.
J'ai souvent pensé que si un jour j'avais un enfant qui naissait dans un corps qui ne correspondait pas à son genre, je lutterais férocement à ses côtés pour que la société le reconnaisse et l'accepte dans le genre auquel il s'identifie. Mais je ne pensais qu'au combat légal et social. La plupart des transgenres se font opérer. Cela doit être tellement difficile pour des parents de voir leur enfant se faire charcuter, enlever des organes sains et greffer des organes artificiels. Quel combat, quelle force et quel courage cela demande, autant pour celui ou celle qui se fait opérer que pour ses accompagnants et proches !
Ce livre retranscrit de façon très juste le désarroi d'une mère face au choix, que dis-je, au destin de son enfant. Elle éprouve des sentiments ambivalents d'amour et de haine pour cet être qu'elle a mis au monde et qui la détruit involontairement. Une véritable pépite à lire pour un sujet d'actualité.
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Quand on m'a proposé ce roman en service presse, j'ai tout de suite été emballée par ce roman car il parle d'un sujet qui me touche : la transidentité. Dans ce roman, l'autrice donne la parole à la maman d'Eva qui, à 18 ans, est sur le point de changer de genre chirurgicalement parlant dans un hôpital serbe (car elle n'a pas pu le faire en Italie…). Cette dernière attend cette opération de réassignation depuis son enfance, opération qui va enfin mettre en accord son corps avec ce qu'il est au plus profond de lui-même : un homme. le point de vue de ce roman est donc original : il est celui de la maman tout au long du récit. Alternant entre la deuxième personne et la première personne, la narration passe d'une confidence d'une mère à sa fille sous forme d'un monologue à un retour sur toute la vie d'Eva de sa naissance à sa renaissance dans le genre qu'elle a toujours considéré comme le sien. de questionnement en sentiment de culpabilité, cette mère livre tout au lecteur dans un roman poignant sur la transidentité, la résilience et l'amour d'une mère à sa fille.
Aujourd'hui, le sujet de la transidentité est de plus en plus abordé dans la société, dans les médias, à travers des oeuvres culturelles comme ici et c'est une avancée notable mais c'est parfois fait de manière assez maladroite en ne donnant pas la parole aux personnes concernées… Dans ce roman, le lecteur n'entendra que la voix de la mère mais c'est un parti pris qui n'occulte pas pour autant les difficultés d'une personne transgenre de se faire reconnaître dans son genre. Certes, l'autrice n'évite pas quelques maladresses mais dans l'ensemble, j'ai trouvé le roman très pudique sur la question tout en permettant d'ouvrir le dialogue. L'angle choisi pour le récit est ainsi assez original tandis que le lecteur n'a pas l'habitude de l'emploi de la deuxième personne. Ce procédé stylistique se prête très bien à cette histoire. En effet, la mère d'Eva parle à sa fille en se demandant en permanence quelle « erreur » elle a bien pu commettre pour que sa fille ne se sente pas dans le bon corps et ce, depuis sa plus tendre enfance. Cette notion d' »erreur » que la mère aurait faite est présente en permanence tout au long du livre comme un coup de poing qui revient sans cesse. C'est violent mais, en même temps, le lecteur ressent le tiraillement de la mère entre la pensée de la destruction du corps de sa fille en tant que telle et l'amour inconditionnel qu'elle lui porte. On aurait envie de la juger, pourtant on ne peut que la comprendre. Pendant tout l'enfance d'Eva, sa mère a tenté de lui faire changer d'avis tout en essayant tout de même d'entendre sa souffrance jusqu'à ce qu'elle avoue qu'elle n'y pouvait rien. Ce roman est le cheminement d'une mère (dont on ne connaîtra jamais le nom) dans son questionnement sur l'identité de sa fille et sur ce qu'elle a fait ou aurait dû faire.
Dans ce livre, l'autrice nous décrit le cas d'un homme transgenre qui doit passer par la chirurgie complète pour s'identifier pleinement dans son genre mais ce n'est pas le cas de chacun(e) et c'est à noter tout de même ici. Bref, je ne peux que vous conseiller ce roman émouvant sur le parcours d'un jeune homme transgenre en quête de son identité à travers la voix de sa mère qui revient sur tout ce cheminement et l'enfance d'Eva entre interrogations et culpabilité mais toujours avec beaucoup d'amour ! Il permet également d'ouvrir le dialogue sur un sujet qui ne doit plus être tabou, un véritable appel à la tolérance !
Chronique à lire aussi sur https://thetwinbooks.wordpress.com/2020/07/24/la-mere-deva-silvia-ferreri/
Coucou mes petits amis ! Aujourd'hui, je vous retrouve pour ma chronique du roman La mère d'Eva signé Silvia Ferreri qui m'a gracieusement été envoyé par les éditions HC - Hervé Chopin. Je les remercie infiniment pour leur confiance.
Je ne vous cacherai pas que la principale raison qui m'a encouragée à laisser sa chance à ce livre, ce n'est pas son résumé mais plutôt la nationalité de son auteure. Non pas que l'histoire ne m'intéressait pas en tant que quelle, loin s'en faut. Simplement, ayant encore du mal avec la littérature contemporaine dite "blanche", je reconnais que si ce titre avait été écrit par un auteur français ou bien encore anglo-saxon pour ne citer qu'eux, je serais peut-être définitivement passée à côté de cet ouvrage. Or les œuvres de Silvia Ferreri étant de langue italienne, je me suis surprise à succomber à l'appel de ce roman. C'est effectivement cette caractéristique qui m'a convaincue à sauter le pas avec ce roman. Étant en effet d'origine italienne du côté de ma mère (ce qui a d'autant plus motivé ma décision de demander ce livre en service presse, vous aurez sans doute compris pourquoi en en parcourant la quatrième de couverture), il me tient particulièrement à cœur de sortir de ma zone de confort et d'aller à la rencontre des plumes issues de la fameuse Botte, dont celle de Silvia Ferreri. Et si le cinéma italien de nos jours peine à véritablement susciter mon intérêt, avec quelques menues exceptions (je vous détaillerai cela plus tard dans d'autres chroniques), la littérature de ce pays, qu'elle soit d'hier ou d'aujourd'hui, semble résolument me convenir comme La mère d'Éva me l'a habilement prouvé.
Je viens de réaliser que je vous ai parlé des œuvres de Silvia Ferreri un peu plus haut alors qu'il s'agit là de son tout premier roman. Pourtant, j'avais connaissance de ce fait mais on oublie rapidement que l'autrice est novice en la matière tant sa plume est belle, sensible et vise droit au but. Le cœur ne ressort en effet pas indemne d'une telle lecture. Pour ma part, j'ai été immensément émue par le récit de cette mère à laquelle je me suis à de nombreuses reprises identifiée, la mère de toute humanité qui ne désirait et ne souhaite encore qu'une seule et unique chose : protéger son enfant de tout mal afin d'assurer son bonheur. Mais comment faire quand ce qui détruit son unique progéniture, c'est l'identité sexuelle que la vie lui a donnée mais qu'elle n'a pas choisi ? Silvia Ferreri répond à cette question épineuse et encore sujette à controverse par le biais d'une bouleversante narration à la première personne assurée par une femme profondément humaine, profondément mère et imparfaite, qui ne s'autorise dans son flot de pensées et de souvenirs point de censure et qui nous livre ainsi tout son amour et sa vulnérabilité béante sans aucune retenue.
Pour conclure, je ne peux que vous recommander ce livre qui ne manquera pas de vous émouvoir et de vous interroger sur la façon dont nous percevons les transsexuels au sein de notre société. De mon côté, la plume intelligente, désarmante et ne portant aucun jugement de Silvia Ferreri m'a purement et simplement séduite - une autrice à assurément suivre de très près. Il me tarde sincèrement de découvrir ses prochaines œuvres !
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