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Entre deux cultures et deux langues, le kurde et le français, le poète Seyhmus Dagtekin tisse ces chants funèbres qui évoquent le pays quitté et la langue maternelle.
Né dans les montagnes Kurdes, Seyhmus Dagtekin embrasse la langue française à l’âge de 22 ans, sa langue d’adoption devient sa langue d’écriture.
« Les couleurs des vivants sur ma langue
Ma blessure aveugle
Que ce jour sonnerait la fin de cette nuit
Avec une eau fraîche, un œil déchiqueté. »
Son regard se tourne vers les montagnes de son pays, vers ces puits que gardent les vieilles, comme on garde les souvenirs. « Que les puits ne se perdent pas dans les profondeurs de la mémoire »
Pour nous lecteur, le poète évoque des sensations, réveille de vieilles peurs, et la mort se glisse entre ses vers, tout le temps.
« Les enfants sont là. Les enfants sont dans l’attente de leur mort
Dans un va-et-vient
Ils se croisent avec les glapissements de nos bouches sèches
Et contemplent notre mort à chacun de leur passage. »
Que peut la parole face au malheur ?
« Il est dit que la parole est limitée, le malheur illimité
Nous chargeons le nôtre sur la parole consumée des autres. »
Le poète questionne aussi bien les mots que la vie. Dans sa plainte douloureuse, la mémoire cueille ici est là des souvenirs sensibles et mélancoliques.
Il y a un travail profond, troublant sur la langue qui se mêle aux trois éléments : l’eau, le feu et la terre.
« mais qu’allons-nous faire de ce bois en flammes sur notre langue ? »
Le lecteur doit se frayer son chemin dans l’épaisseur du poème qui garde sa part d’énigme.
C’est un kaléidoscope d’impressions et d’émotions éclatées avec des images étonnantes.
« Au gosier de la nuit, à l’amertume de tes yeux
Aux blessures de l’orteil
Ö porte malheur
Viens et vide ton ventre dans notre désert. »
La langue n’est ni apaisée, ni apaisante, elle défaille et nous malmène et il faudra être attentif afin de débusquer un motif d’espoir, une lueur ténue au débord d’un ver qui résiste malgré tout.
Malgré son côté sombre, la poésie de Seyhmus Dagtekin nous touche et nous emporte.
Gros coup de cœur, lu dans le cadre d'un challenge littéraire (Thème : initiales de l'auteur identiques à celles du/de la lecteur/trice).
Dans les montagnes perdues du Kurdistan, un petit garçon va grandir en écoutant les histoires, les légendes racontées par les anciens. Elles vont lui apprendre à vivre avec ce monde réel et irréel qui peuple la nature.
Ce roman ou plutôt ce récit est comme un éveil à la vie, à la découverte du monde au travers des yeux d'un enfant. Comme un roman initiatique qui nous explique comment l'enfant va grandir, se construire par ses histoires en apprenant à affronter, à dompter sa peur, tout en laissant une large part au rêve.
L'écriture est magnifique, elle se savoure comme on suce une friandise. On aimerait être ce petit garçon pour vivre ce qu'il ressent tellement c'est poétique.
On en vient à regretter que ce soit le seul écrit de cet auteur qui pour cet ouvrage a été récompensé par différents prix (Prix des cinq continents francophones, Prix Mallarmé, Prix Théophile Gautier et Prix Benjamin Fondame).
https://quandsylit.over-blog.com/2024/01/a-la-source-la-nuit-seyhmus-dagtekin.html
« A la source, la nuit » est un long poème en prose, la chronique d’une enfance dans un village kurde perdu dans les montagnes de Turquie. A travers récits mythiques et traditions, il est question de transmission, d’apprentissage, d’apprivoisement du monde des adultes par les enfants. Plus l’enfant est petit, plus le village lui apparaît immense, source d’émerveillements mais aussi de dangers et de mystères, que l’enfant peut éviter et comprendre s’il écoute les mises en garde des Anciens.
Et ainsi l’enfant grandit, repoussant progressivement et prudemment les frontières des peurs et de l’inconnu, découvrant un monde fait de beautés et d’âpreté.
Chronique d’un monde révolu (celui où l’électricité n’était pas encore arrivée dans ces montagnes), ce texte est écrit à hauteur d’enfant, dans une langue très travaillée. Je pensais tomber sous le charme, mais ce fut une lecture laborieuse, je ne sais pas pourquoi. Dommage.
C’est durant une résidence de poète que Seyhmus Dagtekin a écrit ce recueil qui mêle monologues intérieurs et questionnements.
Il utilise tour à tour le tu, le vous et même le nous qui nous englobe tous « Nous sommes cernés mes petits. Par cette fin que nous cernons. Nous sommes la fin même de notre perte »
Dans ces quatre longs poèmes les souvenirs du poète se fondent avec les paysages de Loire et sa faune.
« Enlace-toi autour de mon cou, ô Loire / Pour me murmurer ces chants / Que tu sais / Mais que tu tais »
Il convoque les quatre éléments : la terre, l’air, le feu mais surtout l’eau, dont l’écoulement entraîne les mots, les polit comme galet et les recrache en vers calmes ou emplis de gravité. Car le poète questionne le temps qui passe, fait un constat du passé et l’on ressent à travers les phrases lapidaires la véhémence de cette confrontation.
Le résultat donne une poésie rythmée aux couleurs changeantes comme l’eau du fleuve, mais qui se fait plus âpre et caillouteuse lorsque le poète évoque la vieillesse, la mort et l’absence.
« Et tu prépareras mon trépas/ Calmement/ Au bord de l’eau/ Et les barques »
La langue est sobre qui mêle avec bonheur visions et matérialité.
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