Pourquoi son roman "La Serpe", Prix Femina 2017, fait-il l'unanimité ?
Alors que les explorateurs de la rentrée littéraire ont plébiscité son dernier roman comme l'un de leurs dix romans préférés, nous retrouvons Philippe Jaenada autour d’un verre pour parler de La petite femelle paru aux...
La parole des auteurs vous présente le roman de Philippe Jaenada La femme et l'ours (éditions Grasset).Jadis, Bix Sabaniego ne se couchait jamais avant l'aube. On parle d'un temps où il n'était pas marié et père de famille. C'est un révolté...
Pourquoi son roman "La Serpe", Prix Femina 2017, fait-il l'unanimité ?
Le lauréat du Prix Femina 2017 nous accorde une longue interview sur son roman et sa conception plus globale de l'écriture...
#RL2017 "La serpe" de Philippe Jaenada (Julliard) un livre sombre qui revient sur l'affaire Henri Girard, un triple meurtre de 1941
En 2015 "La petite femelle" nous avait passionnés, mais quel lecteur est Philippe Jaenada ?
« La mer du nord est basse sur la plage de Dunkerque » C’est ainsi que débute l’étrange voyage qu’entreprend Philippe Jaenada. Ce long périple de trois semaines nous entraine « sur les bords » de la France, nous ouvre les hôtels de province, les cafés et les bistrots populaires. On y croise tout un monde d’anonymes que l’auteur croque avec humour ou tendresse, des inconnus qui le distraient un instant de sa solitude et de son obsession pour Kaki.
Car oui, Kaki est bien l’héroïne de ce foisonnant roman enquête qui cherche à savoir pourquoi une jeune fille de vingt ans, belle, amoureuse et libre, se défenestre une nuit de novembre 1953, dans le quartier de Montparnasse. Elle était avec un jeune américain, son amoureux, et on se demande si le couple ne se serait pas disputé juste avant la chute fatale. Meurtre, suicide ou accident ? Toutes les hypothèses sont envisagées par l’auteur.
¬Kaki, Jacqueline Harispe de son vrai nom, était une des habituées de chez Moineau, un minuscule café-bar niché rue du four dans le quartier d Saint-Germain des prés. C’est toute une jeunesse rebelle et paumée qui se retrouve là et qu’on finit par appeler « Les Moineaux ». Beaucoup sont mineurs et, à l’époque, on ne plaisante pas avec les bonnes mœurs. Plusieurs de ces jeunes filles feront des séjours dans des foyers pour mineures dont le rôle, « pour la sauvegarde de la jeunesse », est de les remettre dans le droit chemin.
Philippe Jaenada cherche, fouille dans les rapports de police, les fiches des éducateurs, les journaux… il scrute les clichés en noir et blanc de « Love on the Left Bank ». Ce livre devenu mythique, on le doit au photographe Ed van der Elsken. Fasciné par ces jeunes gens bohèmes, désœuvrés et dissolus, il les suit et les photographie dans les cafés de Saint-Germain-des-Prés.
« Si les Moineaux avaient entre seize et vingt ans au moment des photos d’Ed van der Elsken, c’est qu’ils sont nés entre 1931 et 935, qu’ils avaient donc une dizaine d’années pendant la guerre, l’Occupation. »
Et Jaenada écrit encore au sujet des Moineaux : « Je veux savoir qui ils étaient, d’où ils venaient, ce qui les a conduits chez Moineau et où ils sont allés ensuite. »
En suivant la piste de Kaki, on croise le chemin de Guy Debord, celui de membres de « l’internationale lettriste », mais aussi de Vali Myers, artiste australienne à la chevelure flamboyante. Il y a même une allusion à Patrick Modiano qui a croisé les Moineaux.
Toute ces recherches nous entraînent dans la France d’après-guerre, à la poursuite d’une jeunesse anticonformiste et qui vit au jour le jour. C’est passionnant, mais on avance pas à pas, c’est parfois fastidieux car il faut s’accommoder des détours, des digressions et des parenthèses (parfois des parenthèses entre les parenthèses) de Jaenada qui ne connait pas la ligne droite.
Il raconte avec humour, nostalgie et pittoresque son voyage autour de l’Hexagone tout en poursuivant méticuleusement son enquête. Et j’y pensais, justement, un soir alors que je dînais dans une brasserie qui donnait sur la place du Capitole luisante de pluie. A la table voisine, une femme parlait toute seule. Après m’avoir appelée Marguerite, elle avait repris son monologue « Alors comme ça, vous travaillez à la NASA ? Il parait qu’ils ont construit un ciel… » Si j’avais été Jaenada en pleine gestation de son roman, j’y aurais inséré l’anecdote, mais, dans le cas contraire, je me contenterai de glisser l’histoire dans ma chronique ! Comme quoi, les digressions, ça peut vite devenir contagieux !
Bien que la lecture n’en soit pas toujours facile, j’ai trouvé ce roman captivant.
Ce roman, au titre « bizarroïde » est le premier de l’auteur (récompensé par le Prix de Flore en 1997, quand même ! …)
Halvard Sanz (mais quel nom ! …) est né à Morsang sur Orge. Il a eu, au début de ce récit, la malencontreuse idée de vouloir aider un vieil homme qui se faisait molester par un plus jeune. Bien mal lui en a pris puisque le papi va l’accuser à tort d’être son agresseur … Et le voilà en garde à vue, rudoyé (à son tour) par des policiers indignes de ce nom … Peu après sa sortie du sympathique commissariat, il va tomber amoureux fou d’une belle « apparition », porteuse d’un nom largement aussi incongru que le sien (Pollux Lesiak)
Les aventures les plus improbables vont se succéder … C’est loufoque (on s’y perd un peu) drôle (parfois) et agaçant (souvent) Pour l’anecdote, j’ai constaté une fois de plus que notre cher Philippe Jaenada ne pouvait s’empêcher de nous parler primo de sa tendre Catherine, secundo de sa poussive voiture … Il se produit tellement de situations ubuesques que le lecteur s’y mélange un peu les pinceaux …
Ce n’est pas mon préféré, je l’admets, mais je suis tout de même allée jusqu’au bout sans véritable déplaisir. J’ai passé un assez bon moment en compagnie de tous ces hurluberlus ! Par contre, je ne l’ai pas lu en une seule fois (j’ai alterné avec une autre lecture ) de façon à ne pas trop me lasser des malheurs du notre pauvre Halvar Sanz …
Finalement, je crois que je préfère les ouvrages « témoignages » de Philippe Jaenada …
Dunkerque, Veules-les-Roses, Cherbourg, Dinard, Konk-Leon (Le Conquet en breton), Saint-Nazaire, Saint-Jean-de-Monts, Saint-Georges-de-Didonne, Arcachon, Hendaye, Bagnères-de-Luchon, Port-Vendres où il retrouve avec grande émotion le café de son oncle… souvenirs d’un enfant de 5 ans, La Grande-Motte, Toulon, Menton, Briançon, Évian-les-Bains, Montbéliard, Wissembourg, Sedan, Givet, Maubeuge et Dunkerque, le tour de la France de Philippe Jaenada est bouclé avant de revenir enfin à Paris !
L’auteur généreux que j’ai eu le régal de lire dans Sulak, La petite femelle, La Serpe, Au printemps des monstres puis dans Sans preuve & sans aveu, s’est lancé dans un périple impressionnant au volant d’une voiture de location, guidé par la précieuse Gladys comme il nomme la voix de son GPS : La désinvolture est une bien belle chose !
C’est à partir d’un fait divers, comme on dit, la chute mortelle d’une jeune femme de 20 ans, en 1953, du cinquième étage d’un hôtel – elle s’est jetée par la fenêtre le même jour où Pauline Dubuisson a été incarcérée ! - qu’il brosse un tableau très complet d’une jeunesse perdue qui n’a pas pu vivre une adolescence normale durant la Seconde guerre mondiale. Cette jeune femme s’appelle Jacqueline Harispe mais on la nomme Kaki ou plutôt Kaky.
Elle et ses amis fréquentent un petit bistrot, au 22 de la rue du Four, dans le Quartier Latin, et ce bar a pour nom : Chez Moineau, une boutique de parfum aujourd’hui. C’est ainsi que ces jeunes, filles et garçons, âgés de 16, 17 et 18 ans, les Moineaux, comme l’auteur les nomme affectueusement, reprennent vie, mangent, boivent, font l’amour. Patrick Modiano et Guy Debord en parlent aussi.
Fidèle à son habitude, Philippe Jaenada partage ses questions, sa méthode et ses recherches avec son lecteur. Il s’appuie sur quantité de documents dont le plus important s’intitule « Love on the left Bank », publié en 1956 par le photographe néerlandais Ed van der Elsken (1925 – 1990) qui côtoie aussi les Moineaux.
Bien sûr, l’auteur me fait bénéficier d’anecdotes intimes mais importantes pour la compréhension de l’histoire. Il continue à fréquenter les bistrots des lieux qu’il visite, affirmant son goût immodéré pour le whisky avec toujours un sens critique aiguisé. Même s’il sait qu’il doit limiter drastiquement ses digressions, c’est trop fort. Il ne s’en prive pas mais l’humour permet de faire passer tout ça, surtout qu’il prévient rapidement de ne pas s’acharner à retenir tous les noms qu’il cite car… il y en a trop !
Sa véritable enquête est poussée à l’extrême. Il laisse souvent Kaki de côté pour détailler chaque famille et les origines des principaux protagonistes de l’histoire comme Boris, cet étasunien amoureux de Kaki, présent dans la chambre d’hôtel lors du drame qui ressemble à un suicide.
Tous ces mariages, ces divorces complexifient le récit et je me demande comment Philippe Jaenada fait pour ne pas s’y perdre. Au passage, il fait allusion à de nombreux gens célèbres qui ont fréquentés les quartiers, les lieux qu’il évoque.
L’auteur affirme encore plus son talent lorsqu’il décrit en détail ce qu’il voit sur une photo et, tout à coup, se met à parler de la mère de Saint-Augustin, Sainte-Monique, parce qu’il voit un livre racontant sa vie… digressions dont il est seul à avoir le secret.
Enfin, il n’oublie pas sa malheureuse héroïne lorsqu’il fait part de son scénario élaboré dans la chambre même où tout s’est passé. C’est passionnant, vibrant, plein d’émotion et lui permet de signaler que Kaky aurait atteint les quatre-vingt-dix ans si…
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/10/philippe-jaenada-la-desinvolture-est-une-bien-belle-chose.html
Légère inflexion dans la ligne de conduite littéraire de Philippe Jaenada, ce n’est pas une enquête sur un cold-case qui constitue la trame de son dernier ouvrage. La jeune Kaki, qui hantait les bars de la rive gauche s’est bel et bien suicidé, en se jetant de la fenêtre de la chambre d’hôtel où elle séjournait avec son compagnon.
Cependant, la question de savoir pourquoi elle en est arrivé à ce geste définitif fait surgir quantité d’interrogations autour de cette jeunesse d’après-guerre, qui côtoie Debord et ses disciples situationnistes, dans un désoeuvrement qui signe la rébellion face aux codes de la société bien pensante.
Rassurez-vous, les groupies du roi des doubles parenthèses ne seront pas déçues. Car le cheminement sur cette affaire s’enrichit d’un tour de France par les bords, exploration des lieux le plus improbables, où l’on n’est jamais certain de trouver un bon whisky, mais où la faune locale est une mine d’or pour un écrivain, ou pour un simple curieux des moeurs de ses contemporains.
J’ai pris un grand plaisir à parcourir ces pages en prenant mon temps, pour accompagner (plus sobrement) le périple hexagonal. L’humour et le sens de l’observation font de ce texte un régal.
Merci à Babelio et aux éditions Mialet-Barrault pour ce service de presse.
496 pages 21 août 2024 Mialet-Barrault
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