Vous n'êtes pas venu nous voir depuis longtemps ? On pense à vous... Chaque mois, retrouvez le principal de ce qu'il s'est passé sur lecteurs.com.
Vous n'êtes pas venu nous voir depuis longtemps ? On pense à vous... Chaque mois, retrouvez le principal de ce qu'il s'est passé sur lecteurs.com.
A découvrir cette semaine : la critique de « Le goût du large » de Nicolas Delesalle (Prélude)
Quand nos lecteurs participent aux salons littéraires Retrouvez leur reportage : Lire en Poche à Gradignan, la fête du livre au Château du Clos de Vougeot, La Fête du livre de Merlieux, Lisle Noir, les vendanges du Polar,
Roman historique et d'actualité, on est immergé dans un conflit fratricide entre Ukrainien et Russe entre passé et mentalité commune comme parfois si opposé.
Cette ouvrage parle de rencontre du journaliste avec civils et militaires des deux camps, de l'identité, une plume sensible, tendre, mélancolique et cruel.
Colère, déchirement, folie, impuissance et absurdité d'un conflit qui devait être une guerre éclaire et finalement qui s'enlise depuis plus deux ans.
"Mon cœur balance entre l’incrédulité pessimiste de mon cousin descendant de prince russe et la naïveté enthousiaste de ma mère descendant du bus pour admirer une nouvelle église sous l’œil hostile des trois gardes qui nous surveillent en permanence."
Je veux raconter que partout, dans le Donbass, les soldats creusent et meurent. Une armée de taupes dans une guerre de bombes et de pelles. Les forces ukrainiennes s’enterrent pour résister aux coups de boutoir des troupes russes, qui ne cessent d’avancer malgré leurs pertes monstrueuses : plus de trente mille hommes sont passés sous le hachoir en trois mois."
"
Avec la Russie, l’Ukraine, la vie de tous ces gens pris dans une tourmente effroyable, Nicolas Delesalle, fort de son expérience familiale et professionnelle, m’emmène au plus près de cette guerre qui ravage l’est de l’Europe, dans Valse russe.
C’est en effet une Valse russe que l’auteur, grand reporter à Télérama puis à Paris Match, maîtrise bien, variant les époques et les lieux.
Tout d’abord, c’est un train qui l’emmène vers Kiev puis voici Sacha qui creuse un trou pour pêcher dans un lac gelé. Ce dernier vit à 500 mètres d’une frontière invisible entre Russie et Ukraine. Sacha parle russe, est Ukrainien, a 73 ans et, malgré son âge, a tenu à s’engager pour défendre son pays envahi par les chars russes. Après quelques mois, on lui a demandé de rentrer chez lui afin de rendre service autrement à la défense de son pays. Son voisin, Volodia, pêche aussi mais c’est la présence du jeune Vania qui intrigue. Est-ce le début d’une partie du jeu d’échecs ?
Nicolas Delesalle raconte bien. J’aime son style simple, efficace, intéressant et surtout la sincérité dont il fait preuve tout au long de ce livre que j’ai du mal à appeler roman.
D’un chapitre à l’autre, l’auteur m’emmène au cœur des combats puis revient en 1986 alors qu’il a 14 ans. C’est là que sa mère entre en scène car il fait partie d’un voyage scolaire qu’elle organise. Elle qui est née à Paris de parents russes blancs ayant fui la Révolution de 1917, enseigne la langue de ses parents, langue que l’auteur n’a pas réussi à apprendre vraiment. D’ailleurs, il n’hésite pas à appeler sa mère pour lui demander de servir d’interprète si nécessaire.
Avec ces retours en arrière expliquant bien le dilemme auquel est confronté l’auteur, c’est quand il fait partager son vécu de journaliste au plus près des combats, qu’il décrit la mécanique infernale du groupe Wagner, ou encore lorsqu’il voyage dans un train bondé fuyant la guerre, que son récit devient de plus en plus poignant. Voilà un bon moyen de prendre un peu plus conscience du drame que vivent tous ces gens menacés par les bombes et devant tout abandonner pour échapper à la mort.
Nicolas Delesalle fait de très intéressantes rencontres comme, par exemple, Igor, Constantin, Svetlana… Cette dernière demande : « De quoi sommes-nous coupables ? » et elle pleure avec la mère de l’auteur, au téléphone.
Avec son vécu en Russie ou en Ukraine, Nicolas Delesalle fait bien comprendre toute l’ineptie d’une guerre voulue par Poutine qui, après modification de la Constitution, restera au pouvoir jusqu’en 2036, soit plus longtemps que Staline ! Il aura 84 ans.
Si, victime de la désinformation, les Russes – pas tous - soutiennent la guerre contre l’Ukraine, il ne faut pas oublier le goulag que Viktor Antonovitch Boulgakov (86 ans) - rencontré par l’auteur - a vécu ou les démêlés de la mère de l’auteur avec le KGB. Ces rencontres, ces souvenirs, ces anecdotes font partie de cette Valse russe qui se termine avec Boris, reporter suisse, autour d’une grillade de brochettes d’agneau, les fameux chachliks.
Malgré ce clin d’œil sympathique, je souligne encore toute l’importance de ce livre dont la lecture permet de prendre un peu plus conscience du drame touchant le peuple ukrainien. Ce drame est relégué au second plan, presque oublié depuis plusieurs semaines. La lecture de Valse russe m’a permis une prise de conscience salutaire menée de façon originale par Nicolas Delesalle.
Ce livre fait partie de la sélection pour le Prix des Lecteurs des 2 Rives 2024, à lire assurément
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/01/nicolas-delesalle-valse-russe.html
Valse russe de Nicolas Delesalle est le destin croisé de deux personnages pris dans les méandres de l’histoire ukrainienne.
Un reporter français d’origine russe, l’auteur, se rend en Ukraine en février 2022. Certain de l’agression imminente de Vladimir Poutine, il hésite entre Kiev et le Donbass pour rejoindre finalement un poste avancé dans la banlieue de Donetsk mais c’est Kiev qui sera frappée. Le photographe qui l’accompagne souffrant atrocement, ils sont forcés de battre en retraite et de prendre le train en gare de Zaporijia, où se pressent des milliers de passagers partant vers l’Ouest pour un voyage sans retour.
Tout en étant plongé au cœur du conflit, dans ce pays mis à feu et à sang, Nicolas Delesalle s’interroge sur son identité, commençant par se demander ce qu’il fiche là, quelle est la force qui l’attire, « ce n’est pas mon pays, ce n’est pas ma guerre » et quelle est la raison qui le pousse à prendre le risque de mourir ici.
Ce conflit le touche au plus près de par ses racines et le plonge dans ses propres souvenirs d’enfance, lui rappelant d’autres voyages. Il n’oublie pas le premier, cet étrange voyage scolaire en terre soviétique, en pleine guerre froide, organisé par sa mère, professeure de russe, cette mère fille d’émigrés qui avaient fui la révolution bolchevique. Un sentiment vertigineux de retrouver ses racines lui avait fait dire « Je suis chez moi ».
Mais aujourd’hui, en parcourant ces villages ravagés, et au contact de ces femmes, ces hommes et ces enfants, en colère et en pleurs, il se sent vide. Si jusque-là, il était fier de ses racines russes, c’est maintenant plutôt un sentiment de honte qui l’envahit, transpirant son déchirement et son impuissance devant cette Russie et cette Ukraine qui se délitent. Son identité est ébranlée.
Un autre personnage, Sacha, un Ukrainien de soixante-treize ans au visage dépourvu de poils depuis qu’en 1986 il a déversé des tonnes d’eau sur le réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl, qui, dès qu’il a vu passer les blindés a voulu s’engager. Il a été chargé ensuite de surveiller un jeune soldat russe Vania. Celui-ci, emprisonné pour avoir volé une oie et un agneau, piégé par les promesses de Prigojine, s’était retrouvé dans le groupe Wagner et a été fait prisonnier par les Ukrainiens. Une relation particulière s’est instaurée entre eux, entre Sacha qui a beau être Ukrainien, parle en russe, pense en russe, jure en russe et Vania, qui en arrivant à la maison en bois de Sacha se demande quelle est la différence qu’il y a entre eux deux. « On parle la même langue, on mange la même chose, on a la même culture, on vit dans les mêmes maisons, dans la même nature. »
C’est d’ailleurs cette relation entre Sacha et Vania qui va devenir au fil des heures passées ensemble et notamment à travers leurs parties d’échecs, une relation père-fils qui m’a le plus émue et qui démontre s’il en était besoin de l’absurdité de la guerre.
Avec Valse russe, Nicolas Delesalle nous plonge dans la guerre, dans ce conflit fratricide qui oppose la Russie et l’Ukraine, avec réalisme mais aussi beaucoup d’humanité pour une approche plus intime de la quête d’identité et finit par se laisser bercer par les trois temps de la valse. « Un, deux, trois, la Russie, l’Ukraine, la guerre. Un, deux, trois, les origines, le désenchantement, le renoncement. Un, deux, trois, tout avoir, tout perdre et devenir ce qu’on n’était pas. »
Valse russe de Nicolas Delesalle mêle avec brio intime et universel.
Chronique illustrée à retrouver ici : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/2024/01/nicolas-delesalle-valse-russe-6.html
Nicolas Delesalle a fait, dès sa jeunesse, plusieurs voyages en Russie, les premiers avec sa mère d'origine Russe. Habitué des scènes de guerre, car grand reporter, il s'est aussi rendu plusieurs fois en Ukraine pour couvrir le conflit. J'en conclus qu'il sait de quoi il parle et je suis intéressée par son approche.
Nicolas Delesalle s'attache à deux anti-héros : le vieil Ukrainien, Sacha, qui a combattu puis est devenu le geôlier d'un jeune Russe, Vania, engagé dans les troupes Wagner par hasard, pour sortir de la misère. Les deux hommes ont beaucoup plus de points communs que de désaccords. C'est ainsi que l'auteur veut nous démontrer l'absurdité et la complexité de ce conflit entre pays frères. La partie romanesque, reflet de ses échanges avec des Ukrainiens depuis le début du conflit, se mêle à ses réflexions sur sa "russitude" (je ne sais pas si le terme existe).
La fierté de Nicolas Delesalle pour ses origines et son physique russe est mise à mal par ce conflit. Il réalise qu'un Russe de Russie ne raisonne pas comme lui qui se considérait Russe en France. Ses rencontres avec de nombreux Ukrainiens le perturbent. S'il a dédié ce roman à sa mère, c'est sans doute en raison de l'amour enthousiaste et inconditionnel que celle-ci porte à son pays d'origine, pays certainement fantasmé. Le conflit ukrainien lui fait prendre conscience qu'il ne peut plus cautionner cet attachement idéalisé à la Russie.
J'ai aimé ce regard original et sincère sur une guerre qui ne semble pas prête à s'arrêter.
https://ffloladilettante.wordpress.com/2023/12/29/valse-russe-de-nicolas-delesalle/
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
Les meilleurs albums, romans, documentaires, BD à offrir aux petits et aux plus grands
Il n'est pas trop tard pour les découvrir... ou les offrir !
Inspirée d’une histoire vraie, cette BD apporte des conseils et des solutions pour sortir de l'isolement
L’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy poursuit l’exploration fantasmagorique de sa mémoire familiale...