Dans "L'année suspendue", l'autrice raconte le diagnostic tardif de son "trouble du spectre de l'autisme"
Dans "L'année suspendue", l'autrice raconte le diagnostic tardif de son "trouble du spectre de l'autisme"
J’ai eu beau laisser décanter cette lecture, je n’arrive toujours pas à rédiger un avis qui retrace mon ressenti et en parle à sa juste valeur. Alors à défaut de réussir un bel hommage à ce titre, voici une petite bafouille qu’il faudra considérer comme « à amplifier ». L’année suspendue est un texte magnifique sur une quête de compréhension de soi. Quelque soit son âge, il n’est jamais trop tard pour enfin mettre des mots sur une certitude qu’on a au fond de soit de ne pas fonctionner comme les autres, pour Mélanie Fazi cette quête a abouti à un diagnostique d’autisme. Entre récit intimiste, doute, syndrome de l’imposteur à dépasser et mise en évidence de ce qui « n’allait pas », le lecteur suit ce long cheminement vers une meilleure connaissance de soi. Que l’on soit concerné par l’autisme ou plus largement par toute neuroatypie, la variété des éléments en jeu fait que chacun peut se projeter dans certaines situations et ça fait du bien de voir qu’on n’est pas seul face à une situation à réagir différemment. C’est un texte qui parle au lecteur, un récit poignant qui libère. Pas évident de parler d’un texte qui fait autant écho à certains vécus, qui prend autant aux tripes. En tout cas je ne peux que vous le recommander que vous vous sentiez souvent à côté de la plaque ou que vous soyez curieux d’avoir un point de vue sur l’autisme bien plus nuancé que la représentation clichée majoritaire.
Le livre de Mélanie Fazi est une sorte d'OVNI qui se situe quelque part entre le journal intime et le témoignage. L'auteure y narre son parcours vers le diagnostic d'un Trouble du Spectre Autistique, mais on y trouve aussi les états d'âme qui ont précédé ces démarches ; d'ailleurs, le livre s'inscrit dans une double temporalité, une partie est racontée au moment où elle est vécue, l'autre est différée.
C'était très intéressant d'accéder à la pensée et au mode de vie de Mélanie Fazi et de comprendre avec elle les implications de l'autisme et les conséquences du diagnostic. J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt sa quête de réponse et de sens.
La première partie du livre m'a moins plu. L'auteure s'y livre à une introspection et elle s'interroge sur des problèmes ou des difficultés qu'elle a rencontrées dans une langue dense et (à mon avis) surponctuée. Je n'ai pas aimé la syntaxe de cette partie. Je l'ai trouvé pesante, à l'image du contenu.
En revanche, j'ai lu toute la partie consacrée à la démarche diagnostique avec un réel enthousiasme. J'avais l'impression de suivre l'héroïne d'un roman policier et cela m'a plu de voir l'auteure enquêter sur elle-même. J'ai apprécié bien davantage le rythme du récit et j'ai éprouvé beaucoup d'empathie grâce à la narration fondée sur la simultanéité du processus d'écriture et du parcours médical.
Il y a un addendum et des annexes pertinents. En tout cas, cette lecture m'a donné envie de découvrir l’œuvre fictionnelle de Mélanie Fazi.
Mélanie Fazi est une écrivaine, traductrice et blogueuse. Elle a déjà outre ses nombreuses nouvelles et romans fantasy publié un livre sur l’asexualité « Nous qui n’existons pas » après avoir fait son « coming-out » dans un billet paru sur son blog. Elle renouvelle cette expérience autobiographique pour aborder cette fois son diagnostic tardif en tant qu’autiste Asperger.
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Elle raconte ainsi « cette année suspendue » entre les premiers doutes suscités par la réflexion d’une amie, ses lectures sur le sujet , ses interrogations sur son asthénie permanente et ses interactions sociales souvent dysfonctionnelles, ses intérêts exclusifs, ses souvenirs d’enfance, l’analyse de ses goûts et de ses personnages romanesques sous ce prisme et enfin les rencontres plus ou moins réussies et douloureuses avec les professionnels et l’attente avant l’établissement du diagnostic.
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Elle ne se revendique pas comme une experte et ne livre donc pas un ouvrage documentaire mais une expérience comme elle le souligne dans l’avant -propos et de la description du « du chemin compliqué, intérieur et extérieur, qui mène au diagnostic et à l’acceptation de soi, du soulagement de découvrir enfin, pour ainsi dire, son propre mode d’emploi ».
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Une partie théorique sur les troubles du spectre autistiques aurait pourtant bien éclairé son propos et je regrette qu’elle n’ait pas restitué de façon synthétique et factuelle la somme de ses lectures. Cela aurait été très utile pour la néophyte que je suis. Elle déclare ainsi plusieurs fois que les connaissances médicales sur l’autisme étaient inexistantes dans son enfance et j’aurais aimé avoir une perspective historique claire ; de même, elle parle de notre retard dans la prise en charge par rapport aux pays nord-américains (USA et Canada) et des chiffres, statistiques et rappels des méthodes pédagogiques utilisées auraient été les bienvenus.
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Ensuite, la restitution de son ressenti est très intéressante et suscite l’empathie : on perçoit bien son désarroi, sa perte de repères, sa déconstruction aussi et puis son retour vers la lumière et son soulagement. On compatit devant son attente et ses angoisses mais, comme elle le dit elle -même, elle a une « pensée circulaire » et très honnêtement ça tourne un peu en rond et cela aurait gagné à être élagué. Finalement j’en ai bien plus appris dans la BD de Mademoiselle Caroline et Julie Dachez citée dans son livre : « La différence invisible ».
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Mélanie Fazi est une autrice généreuse qui se livre sans fard avec humilité et se « donne » entièrement à son lecteur. Je pense que ce livre pourra aider des personnes qui sont dans le même cheminement et questionnement. Elle est aussi généreuse au sens propre puisqu’elle m’a offert, ainsi que son éditeur Dystopia, un exemplaire de ce livre dans le cadre d’un partenariat avec lecteurs.com et qu’elle a même mis à la disposition de tous les lecteurs qui en faisaient la demande la version numérique de son ouvrage. Je l’en remercie chaudement et lui souhaite un beau parcours désormais serein.
Une simple phrase prononcée par une amie fait basculer la vie de Melanie Fazi : âgée de plus de quarante ans, elle trouve enfin le mot qui pourrait la qualifier : autiste. Elle se plonge alors dans une littérature foisonnante pour relire à l’aune de ces nouvelles connaissances sa vie passée. Elle évoque son mal être, sa difficulté à nouer des relations amicales, son adolescence compliquée. Elle détaille toutes les incompréhensions, tous les malentendus dont elle a été victime, ne parlant pas le même langage que ses camarades, stigmatisée par des adultes ignorants ses difficultés. Arrivée à l’âge adulte, en paix avec elle-même malgré le gouffre qui la sépare des gens « normaux » Mélanie Fazi tente de nous éclairer sur l’autisme et les dégâts provoqués par la société qui méconnait encore trop ce syndrome.
SI le récit a une dimension universelle dans cette analyse de la différence, du rejet, il perd de sa force dans des longueurs et des questionnements trop personnels ou redondants qui m’ont lassée.
Merci à orange.lecteurs de m'avoir permis de découvrir cet ouvrage
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