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S’il y a des livres qui tournent beaucoup sur les réseaux sociaux, celui-ci, je ne l’avais pas encore rencontré, et il faut bien l’admettre, c’est la couverture qui a attiré mon regard dans les rayons de la librairie. Cette ferme typique perdue au cœur d’un océan de blé avec un jeune garçon partant défier le monde épée en bois à la main, se protégeant d’une immense carapace de tortue sous le regard de sa mère, c’était tout ce qu’il me fallait pour craquer. Et alors peut-on juger un livre par sa couverture ?
Si la couverture est lumineuse, le récit est nettement plus amer. Les champs du Wisconsin sont couverts de cailloux, et dans la famille le père violent et alcoolique brise les rêves de sa femme et de ses garçons. Le fils aîné, seul rempart entre son petit frère et son père, finira par s’engager pour le Vietnam. C’est une famille au bord du gouffre que nous allons suivre pendant plusieurs décennies dans ce roman choral. À leurs voix, s’ajoutent celles du couple voisin, chez qui les enfants tentaient de se réfugier. Leurs parcours de vie sont très différents, mais tous seront marqués par les guerres. Il y a une grande justesse dans l’expression des sentiments, c’est un roman qui parle de la vie, de l’amour qui émerge au cœur de la noirceur, mais aussi du deuil. On pourrait penser que cela va nous conduire dans le pathos, mais il y a une réelle délicatesse dans l’expression des douleurs. C’est beau, c’est humain, c’est à lire absolument !
C'est un livre que j'imaginais touchant mais pas à ce point, l'auteure traite avec un incroyable talent de sujets avec lesquels il est souvent difficile d'être dans la justesse. La relation fraternelle est l'une des premières émotions que Mary Rellindes Ellis, parvient à nous faire passer, l'admiration de Bill pour son aîné James mais aussi l'instinct de protection de ce dernier pour son jeune frère. C'est un roman profond qui va au fond des choses, nous plongeons tant bien que mal dans les souffrances et les attentes de personnages, qui resteront longtemps dans nos mémoires, tant ils étaient vrais et à nos côtés tout au long de cette lecture. Le manque, l'absence, la reconstruction sont d'autres idées tellement fortes, abordées par l'auteure, c'est une émotion constante autour de sujets qui nous sont souvent très familiers et qui font donc remonter une infinité de sentiments à la surface.
https://livresque78.com/2021/07/18/le-guerrier-tortue-de-mary-rellindes-ellis/
Voilà un premier roman fort sensible, une saga familiale qui nous fait suivre les Lucas et leurs voisins les Morriseau.
La narration se fait chorale, à cinq voix, passant du « je » au « il » pour explorer toutes les nuances de la violence qu'elle soit guerrière ( on suit Jimmy Lucas, 18 ans, engagé volontaire dans la guerre du Vietnam, chapitres très réussis alors que ce ce thème a été multi-traité) ou familiale ( Jimmy, son petit frère Bill et leur mère Claire doivent porter le fardeau d'un père / mari irrémédiablement violent et alcoolique ).
Il y a beaucoup de profondeur pour mettre en lumière le pouvoir de l'amour rédempteur qui transcende la souffrance. Certains passages sont superbes et d'une grande justesse comme lorsqu'il s'agit d'évoquer la psyché féminine ou comment deux femmes qui se méfient l'une de l'autre peuvent se rencontrer et en quelques minutes devenir assez intimes pour parler de leurs douleurs et sauver un autre cher qu'elles ont en commun. On se tient là, tout près des personnages et on les sent vibrer.
Est-il donc nécessaire de faire monter les enchères concernant des révélations de plus en plus terribles ? Dans le dernier quart du roman, j'ai malheureusement été un peu gênée par une de ces révélations qui jouent trop sur le pathos. le récit était déjà suffisamment puissant pour l'amener vers plus de mesure.
Ce magnifique roman raconte l’histoire des Lucas qui nous est narrée par les divers protagonistes : Claire la mère et Jimmy (James) le frère ainé, mais aussi par Ernie ou Rosemary Morriseau, les proches voisins qui assistent impuissants à la violence de John, le père alcoolique et méchant, et prennent le petit dernier, “Billy babouin” (William) sous leur protection le plus souvent possible.
C’est pour fuir ce père haï et cette mère trop faible que Jimmy s’engagera - bien trop jeune - pour la guerre du Vietnam en 1967 et sera porté disparu. Cette narration qui s’achève en 2000 nous décrit la souffrance quotidienne et la lutte incessante de Claire et de son jeune fils, Bill, pour réussir à sortir de ce marasme. La mort, les rêves, les souvenirs et les regrets des uns et des autres sont omniprésents. Mais que de tristesse le long de ces pages ! Une lueur d’espoir pourtant, et un immense désir d’être heureux malgré tout …
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