Prix Fémina remis à Marcus Malte pour « Le Garçon » Zulma éditions, un roman qui figure dans le palmarès de nos ExploLecteurs !
Prix Fémina remis à Marcus Malte pour « Le Garçon » Zulma éditions, un roman qui figure dans le palmarès de nos ExploLecteurs !
#RL2016 : 560 romans à paraitre, nos #Explolecteurs vont en dévorer 50, venez les découvrir ici !
Une étrange silhouette se détache dans le ciel auroral. Une bête à deux têtes, un enfant portant sa mère mourante sur son dos. Le voici, Le Garçon. Il n'a pas de nom, il ne parle pas, son monde se limite à la masure dans laquelle il vit avec sa mère.
À la mort de celle-ci, il se met en route. Il vit à l'état sauvage, dort sous les étoiles. Mais un jour il tombe sur un hameau, la compagnie des premiers hommes. Prochaine étape : il parcourt "le pays" avec Babrek l'Ogre des Carpates dans sa roulotte. Et puis enfin, la voici Emma "qui porte ce prénom d'amour déchu", Ève sensuelle, fille d'un pomologue! Emma lui donnera un nom et l'initiera à l'amour. Ils vivront d'art et d'amour. Jusqu'à ce que l'Histoire se mêle de la petite. Nous sommes en 1914, dix-neuf millions de morts pour un archiduc assassiné. La guerre, le plus haut degré de la civilisation? enfin surtout pour ceux qui ne la font pas. Une boucherie pour les soldats au front.
J'avoue que je n'avais jamais entendu parler de l'auteur.. jusqu'à une rencontre dédicace autour de son dernier livre, Aux marges du palais, dystopie dont toute ressemblance avec la situation politique actuelle n'est pas totalement fortuite!
J'avais quant à moi jeté mon dévolu sur Le Garçon, prix Femina 2016. Roman d'apprentissage, roman d'amour. Marcus Malte, auteur de romans noirs, nous dira d'ailleurs qu'il écrit surtout des romans d'amour.
Quant à moi, je ne peux que recommander la lecture du Garçon. C'est mon coup de coeur de l'année, de ces deux ou trois dernières années. Et je compte bien découvrir d'autres romans de l'auteur qui est à mon avis sous-coté. À quand Marcus Malte dans La grande Librairie ?
" C'est un temps où le garçon commence à entrevoir de quoi pourrait bien être, hélas, constituée l'existence : nombre de ravages et quelques ravissements. "
Malte Marcus
29/09/2024
494 pages
biblio
Aux marges du palais
Zulma 2024
Il y a la baronne, obèses qui vit dans un manoir délabré où elle a accueilli une équipe de bras cassés plus improbables les uns que les autres.
Il y a la palais présidentiel et ses sbires, riche, opulent, injuste .
Et puis il y a le peuple, affamé, abandonné
Quand ces trois là vont se confronter, ça va être terrible.
Une nouvelle facette du talent de Marcus Malte.
Un registre sur lequel on ne l’attendait pas.
Une fable grinçante, percutante , bourrée d’humour et de jeux de mots.
Notre société, à peine outrée, passée au scalpel de la plume acérée de l’auteur.
On se retrouve il y a peu de temps, quelques années à peine
J’avais envie de lire un Maltus Malte. Alors quand la libraire de l’Ancrier m’a proposé ce petit livre, avec sa magnifique couverture graphique Zulma, je n’ai pas été long à faire mon choix. Vous ne connaissez peut-être pas cette librairie ? Pas surprenant. Elle vogue immobile sur le canal latéral de la Garonne dans la petite ville de Moissac (82). En fait, L'Ancrier est une librairie flottante, un lieu atypique établi à bord d'un ancien bateau à passagers, une belle petite péniche parfaitement rénovée. Un espace extérieur à l’ombre des platanes est dédié aux événements (rencontres, lecture, ateliers) et à la dégustation de thés et cafés. A l’intérieur on y découvre des merveilles, dont ce Garden of love ramené à terre ferme et dans lequel je me suis perdu avec délice.
Alexandre Astrid, un flic sur la touche, reçoit par la poste un manuscrit diabolique d’un auteur anonyme. Le titre : Garden of love. Stupéfait, il retrouve au fil des pages des morceaux de sa propre vie, dévoilée, brouillée, détruite. Son combat va se situer à la jonction du passé et du présent, entre raison diffuse et folie envahissante. Il m’a fallu comme lui redoubler d’efforts pour démêler vérités et mensonges, retrouver mon chemin dans ce labyrinthe de mots, repérer petit à petit l’étincelle de raison, Graal à atteindre au milieu de tous ces pièges tendus.
Fort heureusement, Alexandre Astrid a une intelligence hors norme, au moins égale à celle de son bourreau, et il a cessé de boire, ce qui rend le combat plus équilibré. Il résiste, il sent qu’il peut gagner, surtout après avoir retrouvé Marie, la fidèle Marie qui l’a déjà sorti de ses tentations d’en finir et qui, par son métier de documentaliste, va pouvoir l’assister.
Ce qui m’a intéressé ? La forme du récit, totalement inhabituelle, il m’a fallu quelques chapitres pour trouver mes marques et ensuite ce n’était que du plaisir de lecture. Marcus Malte est un conteur qui sait attirer et retenir le lecteur dans ses phrases. On remonte le cours des évènements à partir du récit d’Alexandre et à partir d’extraits du manuscrit. Impression d’être jeté dans une galerie de glaces, sans trop savoir qui parle, qui ment, qui dit la vérité. Le premier chapitre est un modèle du genre (extrait du journal de Florence, mais ça on le comprend après, bon, je n’ai rien dit...) : Titi Carmona arrive chez une fille accompagné de trois hommes. On ne sait pas s’il s’agit d’un rendez-vous amoureux ? Quelques paragraphes plus tard on comprend que ce n’est pas du tout ça... Va-t-on suivre cette jeune femme tentant de garder le contrôle parmi ces hommes plutôt inquiétants ? On attend la suite, l’ambiguïté et le plaisir de lecture sont bien en place. Le deuxième chapitre semble sans rapport avec le premier et puis un autre ensuite comme une succession d’histoires différentes. A ce stade on persiste ou on referme le livre. J’ai persisté et ne le regrette pas, les différents fils de trame (les histoires sont issues d’auteurs différents, existants ou pas...) vont être tissés et devenir un tableau merveilleux de finesse psychologique, n’excluant pas l’action et surtout pas la réflexion.
On a le récit au présent d’Alexandre intercalé aux extraits des carnets d’Ariel ou de ceux des carnets verts de Florence qui aiment « Étaler leur âme et leurs entrailles sur le papier ». Effet kaléidoscope garanti.
Le flic se laisse entraîner par la personnalité troublante du criminel qu’il piste, au point de tomber sous sa coupe lorsque sa vie familiale prend un tour tragique. Soumis à l’addiction alcoolique, il se retrouve fasciné par un mythomane, schizophrène, psychopathe… Qui, lui même, semble fasciné par le flic, trouvant un défi à la mesure de son intelligence et de sa perversité, et cherchant une possibilité de se dédouaner de ses propres actions.
Apparaît alors une sorte d’étude sur le pouvoir du récit, un combat d’une interprétation contre une autre. Deux personnages s’affrontent, le premier n’est pas certain de gagner, le second, avec ses crimes, ses mensonges, son isolement délétère, peut aller rapidement à sa perte...
L’auteur du manuscrit transmis est celui qui distribue les cartes, le flic se bat pour retrouver la réalité enfouie dans des récits fabriqués, de là à en conclure qu’il faut se méfier de ce qu’on lit, prendre le temps de bien réfléchir à nos lectures ? Est-ce qu’on le fait assez alors que l’injonction sociale est de réaliser du chiffre, se fixer des objectifs de livres lus (de la dernière rentrée littéraire de préférence...), d'augmenter le nombre d’abonnés, de likes ?
Voici un roman étonnant qui commence comme un « roman de gare » et qui se termine en objet littéraire questionnant les récits avec les mensonges et perversités qui peuvent s’y cacher… C’est vertigineux et intéressant, vous ne trouvez pas ?
Totale inventivité, totale folie, totale jubilation pour un total plaisir de lecture.
De Marcus Malte , je ne connaissais rien et c’est le hasard qui a mis son dernier roman dans mes mains. Le hasard est parfois taquin, aujourd’hui il est particulièrement heureux.
arce que ce roman est réjouissant et peut parfois agacer ( rarement) car l’auteur ne brosse pas son lecteur dans le sens du poil.
L’histoire ? celle d’une idée folle qui a germé dans l’esprit de la Baronne, installée dans son manoir en pleine jungle urbaine au-delà du périphérique, qui règne sur une petite bande de marginaux.
Cette idée, c’est traverser le périphérique pour démonter la Tour F. Son idée séduit les laissés pour compte, « les méprisés, les humiliés , les dégringolés. » Que les pauvres récupèrent ce qui leur appartient. Il y a de la révolution dans l’air et puis c’est leur tour après tout…
Face à la Baronne, l’Archimaréchal ( totalement déconnecté, qui veut interdire la misère) , son conseiller (obséquieux , grande école , pas d’état d’âme, méprise la plèbe) , des fifres et des sous fifres , des zed de camp…
Et puis il y a Aneth , fille surprotégée de l’Archimaréchal, qui ne connait que les ors de la République et qui rêve d’autre chose
Ce roman est énorme, exagéré. Bourré d’humour , d’allusions politiques, de mots transformés et de personnages truculents. l’amour y a sa place. Ce roman est grinçant et jouissif à la fois. Surtout , il ne ressemble en rien à ce que j’ai lu dernièrement
Bref , un très bon moment de lecture.
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