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J’avais commencé ce livre au moment de l’attentat du 11 décembre 2018 au marché de Noël de Strasbourg, et l’horreur une nouvelle fois, m’a fait arrêter cette lecture.
Pas par manque d’intérêt mais encore une fusillade de masse et cinq morts…
L’auteur commissaire de police honoraire a œuvré au sein des services de renseignements français pendant plus de trente ans.
Elle nous raconte les vagues d’attentats des années quatre-vingt sous le regard de deux femmes commissaires de police à la Direction de la Surveillance du Territoire.
A chaque nouvelle attaque, j’ai l’impression que la stupeur est la même que dans cette expression populaire de « la poule qui a trouvé un couteau ».
Ainsi nous apprenons que le fichier S (pour Sûreté de l’Etat) n’est pas nouveau comme le rabâchage médiatique nous le laisse croire, mais c’est une sous-catégorie d’un fichage qui existe depuis 1969, pour être juste il y aurait une amélioration dans l’exploitation de ces dernières, mais…
L’histoire débute en janvier 1983, et nous offre un portrait très coloré et précis de la place des femmes dans des postes clefs.
Eve en a fait les frais jusqu’au moment où elle fait en sorte que les promesses ne passent pas aux oubliettes.
« Ce fut donc sous la contrainte du parquet que Robert Merceuil la fit muter à Lyon. Mais, depuis il lui vouait une haine tenace. Faire plier « l’homme au regard d’acier », n’était pas exempt de conséquences. »
Nous évoluons dans les sphères de ces deux femmes Eve et Hélène qui œuvrent à la Sûreté de l’Etat et le monde qui est le nôtre, celui du travail, des amis, des amours celui d’une vie quotidienne et qui brutalement éclate car les victimes n’ont aucune importance aux yeux aveugles des terroristes.
« Ce jour, la première victime, pour l’année 1983, du terrorisme arménien est tombée. Significativement, cette victime n’est pas turque mais française. Jeune secrétaire, sans histoires, Martine Carlin est censée avoir payé pour un génocide commis en 1915. L’absurdité de cette mort n’en est que plus révoltante. » (Extrait article du Monde).
Quand le mal contemporain prend ses racines dans le passé, dans sa violence mais surtout dans l’absence de réactions officielles, comme si ne pas mettre des mots (le silence est assourdissant) sur les maux d’un génocide, laissant au fond des âmes un goût amer d’injustice, de négation qui ne peut être lavé que par une violence aveugle.
Toute l’absurdité réside là : faire payer à des innocents les crimes commis par des gouvernements avec le silence complice du monde.
« Aram fut troublé par la démonstration. Chaque parole faisait écho dans son cœur. S’il n’était pas né terroriste, indéniablement, il le devenait. Jusqu’à n’être plus qu’une machine à tuer, capable de mettre des explosifs dans le landau d’un nouveau-né si c’était pour la « Cause ». »
Nous lecteurs, nous sommes embarqués dans le quotidien de ses équipes, qui œuvrent 24/24. Embarqués dans la construction de dossiers, dans l’élaboration des actions à mener et dans les interventions millimétrées.
Ce livre nous fait revivre des évènements que nous ne voudrions jamais vivre. Il nous rappelle douloureusement que le terrorisme est installé depuis tellement d’années et qu’il n’est toujours pas endigué. Alors ?
« Tu ne tueras pas. Il s’agit là de la première condition de l’Ethique. En tuant, le terroriste suspend la loi de la morale. Mais de quel droit ? Rien n’est plus cynique que la loi du talion. Rien n’est plus cynique que l’escalade de violence à laquelle nous assistons depuis plusieurs années. Rien n’est plus cynique que l’idée selon laquelle la fin justifierait les moyens. »
Et depuis 2016, nous en sommes à 3 niveaux de menaces :
— vigilance
— sécurité renforcée-risque d’attentat
— urgence attentat.
Une narration bien construite alliée à une notation des plus instructives, fait de cette fiction une réalité prégnante qui nous éclaire sur des aspects qui sont peu connus de l’action menée sans le côté spectaculaire des images qui passent en boucle sur nos écrans connectés et qui souvent obèrent nos capacités de réflexion.
Le livre se termine par « Devant l’obscurantisme, la République vaincra. »
En attendant cela nous montre que nous devons être tous et chacun, vigilant.
Les témoignages des rescapés de ces attentats nous montrent la voie, leur force est déterminante je pense bien évidemment à « Vous n’aurez pas ma haine » d’Antoine Leiris …
©Chantal Lafon-Litteratum Amor 17 janvier 2019.
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