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A 35 ans, Simon Crown a le profil du parfait loser. Divorcé, il s’est installé à Ginger Whisker, petite ville en plein désert australien, à 1300 km d’Adelaïde, qui doit son existence aux mines d’opale qui foisonnent dans la région.
Simon est propriétaire de la petite station de radio locale, qui est au bord de la faillite, et d’une mine d’opale qui n’a jamais produit le moindre carat de pierre précieuse. Les affaires de Simon ne sont donc pas exactement florissantes, et il noie son désarroi dans les pubs locaux à coups de bière, de whisky ou de vin (selon l’heure de la journée ou de la nuit), les seules boissons potables de ce coin de désert, où le soleil est écrasant et la température frôle régulièrement les 50°C.
Et quand il n’est pas au pub ou dans son studio de radio climatisé, Simon cogite sur son sort dans sa maison troglodyte, le seul mode d’habitat vivable sans air conditionné.
L’avenir n’est guère prometteur, jusqu’au jour où un riche entrepreneur local propose un partenariat à Simon. C’est trop beau pour ne pas être suspect, mais Simon ne peut qu’accepter, même s’il risque de se faire plumer jusqu’au dernier brin de duvet.
Simon Crown est donc un anti-héros pathétique qui, à force de poisse et d’autodérision, arrive presque à se rendre attachant, ne serait-ce les quantités d’alcool qu’il ingurgite, et qui vous donnent le tournis rien qu’à lire le livre.
On suit avec amusement et consternation son monologue tout en digressions et en mésaventures, coincé qu’il est dans un engrenage entre gentils et méchants, au fond d’une Australie décadente et sans issue, bien loin des clichés touristiques de plage-surf-koalas-tout-doux.
A lire pour se consoler du froid et de la grisaille de l’automne européen.
« Outback« , c’est du Kenneth Cook et pourtant c’est une déception. On est bien loin du coup de cœur de « Cinq matins de trop« , son premier roman, grâce auquel j’avais découvert cet auteur.
Pourtant ici il y a aussi du noir, et on est dans l’outback australien. Mais ce dernier n’est qu’un décor à peine visible là où il était presque un personnage dans le précédent, et la noirceur est loin d’être aussi oppressante.
Nous avons donc Johnson, un cambrioleur à la petite semaine, au QI à la hauteur des pâquerettes, qui descend, presque par hasard, un flic alors qu’il sortait de la bijouterie qu’il venait de piller. Débute alors une chasse à l’homme, avec tous les policiers de la région aux trousses de Johnson, et une nuée de journalistes dans leur sillage. Parmi ceux-ci, Ben Davidson, un jeune reporter idéaliste, en quête du scoop qui fera décoller sa carrière.
Le roman suit ces deux hommes en parallèle, jusqu’au moment où leurs destins se croisent avant se s’écarter à nouveau.
Face à tous ces flics assoiffés de vengeance, on se demande si Johnson va se rendre ou se faire cribler de balles, à moins que ce ne soit les deux, dans la mesure où son tempérament à la fois colérique et trouillard, et sa bêtise, le rendent imprévisible. Quant à Davidson, on le suit tantôt avec son équipe à la chasse au reportage exclusif, tantôt aux prises avec sa hiérarchie, elle-même contrainte aux compromissions honteuses avec son actionnaire et principal pourvoyeur de budget.
Avec des personnages un peu caricaturaux, des dialogues assez plats, une intrigue convenue, ce roman publié en 1962 se lit rapidement mais sans passion. Il manque de mordant et de puissance. Heureusement, Kenneth Cook a fait mieux depuis.
Dans chaque nouvelle, l'auteur reprend une aventure invraisemblable mais réelle qui lui est arrivée. Il s'y présente comme un écrivain quelque peu obèse, pas très téméraire dès qu'il se retrouve face à des animaux sauvages dont ce koala qui tentera de l'émasculer. Son don pour se mettre dans des situations périlleuse est infini !
On passe un excellent moment en compagnie de la faune australienne et de figures de ce milieu : mineurs d'opales, montreurs de serpents, trafiquants d'or, ...
J'ai vraiment apprécié l'humour de ce recueil, l'autodérision de l'auteur, le coté burlesque. le style de la nouvelle est bien maitrisé et les chutes sont désopilantes !
Ce livre m'a été conseillé par le libraire à qui je demandais un auteur né en Océanie pour le challenge Globe-trotteurs. Très bon conseil : J'ai a-do-ré !
J’ai connu Kenneth Cook grâce aux nouvelles du Koala tueur, où il narrait avec humour ses aventures dans le bush australien. Autant vous dire que ce livre est d’un autre style, beaucoup plus sombre et violent (avec malgré tout un ton parfois décalé). C’est un récit basé en partie sur des témoignages de soldats ayant fait la guerre du Vietnam, et du coup c’est extrêmement poignant et réaliste. Dans un bar, un soldat se confesse au lecteur, et je ne vais pas vous le cacher, c’est un récit traumatique, avec des détails qui retournent l’estomac (mais en même temps, un roman de témoignages de guerre ça n’allait pas parler de petits lapinous mignons qui se roulent dans des fleurs). L’évolution de la pensée du soldat, qui était volontaire à la base, et qui peu à peu se sent en décalage avec ce qu’il vit, est très intéressante. Je dois bien vous avouer que je me demandais où j’allais dans les premières pages, mais rapidement, je me suis trouvée totalement absorbée par ce récit. La tension monte peu à peu au fil des pages, et l’atmosphère se fait pesante. C’est un livre petit, mais dense, traitant de l’absurdité de la guerre, avec une pensée quasi-philosophique, tout en la racontant telle qu’elle est : féroce et insensée.
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