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Karim Kattan

Karim Kattan
Karim Kattan, auteur palestinien, est né à Jérusalem en 1989. Il est docteur en littérature comparée. Son recueil de nouvelles, Préliminaires pour un verger futur, finaliste du Prix Boccace, a été publié aux éditions Elyzad en 2017. Le palais des deux collines est son premier roman. Voir plus
Karim Kattan, auteur palestinien, est né à Jérusalem en 1989. Il est docteur en littérature comparée. Son recueil de nouvelles, Préliminaires pour un verger futur, finaliste du Prix Boccace, a été publié aux éditions Elyzad en 2017. Le palais des deux collines est son premier roman.

Avis sur cet auteur (3)

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    Couverture du livre « L'eden à l'aube » de Karim Kattan aux éditions Elyzad

    Evlyne Léraut sur L'eden à l'aube de Karim Kattan

    D’ombre et de lumière, charnel, magnétique, la beauté douloureuse. Un mirage en plein désert, si éminent que les larmes surgissent.
    Ce récit de sable et de sueur, de plaintes et de caresses, dans l’aurore même où le désir est un parchemin.
    Une quête et l’obsession cardinale de survivre à la...
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    D’ombre et de lumière, charnel, magnétique, la beauté douloureuse. Un mirage en plein désert, si éminent que les larmes surgissent.
    Ce récit de sable et de sueur, de plaintes et de caresses, dans l’aurore même où le désir est un parchemin.
    Une quête et l’obsession cardinale de survivre à la souffrance.
    L’immensité d’une écriture poignante, de sens et de symbole. De fureur et de tourments, olympienne, dans cette pudeur du mot placé au plus juste.
    Il faut être attentif aux murmures du « Khamsin », allégorie de l’irrévocable, d’une terre arrachée à coups de dent, des enfants perdus, limbes, dans une volonté d’invisibilité.
    Ici, fusionne les légendes, les passages-gué, les jinns, comme une réponse au manquement du monde.
    La voix du narrateur, qui conte dans une langue douée d’empathie, d’exaucement ce qui fut de Gabriel et d’Isaac. Deux hommes amoureux, entrelacs et la vivacité de l’urgence.
    « Et dans les allées, la lumière tombe de ce ciel sur le sol toujours d’une manière inouïe. Il n’y a, nulle part et jamais, la même tombée de lumière. »
    Fresque boréale, entre les mythes, la tempête de sable sourde aux entendements, de Jérusalem à Jéricho, les fenêtres d’une Palestine brouillées aux yeux du monde.
    Ici, ce n’est pas l’heure d’un compromis, mais d’une survie.
    Deux hommes, emblème de cet éden, comme un antidote à leurs désespoirs et désillusions. L’intranquillité qui bascule du mauvais côté.
    Gabriel et Isaac, Isaac et Gabriel, lui, qui a vécu en Cisjordanie et qui revient adulte à Jérusalem. Isaac qui franchit la rive d’un plausible bonheur. Ils se retrouvent, siamois d’une même connivence.
    « Et quand adulte, il revint à Jérusalem, Gabriel eut l’impression d’être un visiteur du futur, qui aurait accosté sur terre un million d’années après l’extinction et qui ne trouverait que des détritus de villes et de rêves. Comme s’il était arrivé après la vie. »
    « Parfois les grandes décisions se prennent ainsi, dans l’indolence de l’anxiété. »
    Gabriel de retour, Isaac est hymne, pureté, l’épiphanie des gestuelles complices.
    Isaac encercle cette mer, ce soleil, cette tempête de sable qui couvre leurs corps-corbeilles. Le mimétisme en plein sommet de gloire.
    « Voués corps et âme à la désintégration. Ils le savent, mais aussi ne le savent pas. »
    Ils désirent l’échappée, vivre un escompte hyperbolique du futur, de Jérusalem à Jéricho, jusqu’aux piscines de Salomon.
    « Jéricho, ville-monde pour un monde qui n’existe pas. »
    Ils sont touchés par le sacré d’une liberté. La jouissance de la pleine vie. Calculée au millimètre près, entre les checkpoints, les abus de pouvoir, l’immersion de pentes et de sable. L’ombre hostile, aux abois de leur amour, prête à mordre.
    Étranges (ers), opprimés, et leur périple dépasse le présent et vaut toutes les heures du jour et de la nuit et de la vie.
    « Descendre de la voiture et sentir l’air chaud et vivifiant du désert dans la tronche comme une évidence et moi, partout au-dessus d’eux, partout, comme s’il n’y avait plus ni frontières, ni empêchements, seulement un pays ouvert comme le ciel. »
    Le « je » nous touche en plein cœur. Il tourne les pages, l’écho polyphonique des exils intérieurs. Il ne justifie pas, mais scelle l’amour avec le « Khamsim » qui soulève l’étreinte éperdu, linceul devenu.
    « L’Éden à l’aube », « J’aurai préféré, croyez-moi, les laisser là. Qu’on en reste là, à l’aube des cœurs. Il n’y a pas de mal à ce que les histoires se terminent ainsi. »
    « C’était une aube de joie. Pourtant. »
    Inoubliable, indicible, une rose des sables sur notre cœur.
    Karim Kattan est un écrivain palestinien, universel, tant sa force des dires relève le monde en apothéose.
    Un livre salutaire.
    Publié par les majeures Éditions Elyzad.

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    Couverture du livre « Le palais des deux collines » de Karim Kattan aux éditions Elyzad

    Colette LORBAT sur Le palais des deux collines de Karim Kattan

    Faysal reçoit, à Paris où il vit avec son amant, un faire-part de décès d’une certaine tante Rita, . Pourquoi Faysal décide t-il d’aller assister à ses funérailles en Palestine, alors que... « C’est qu’il n’y avait pas de tante Rita. Il n’y avait plus de tante tout court. Les tantes et les...
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    Faysal reçoit, à Paris où il vit avec son amant, un faire-part de décès d’une certaine tante Rita, . Pourquoi Faysal décide t-il d’aller assister à ses funérailles en Palestine, alors que... « C’est qu’il n’y avait pas de tante Rita. Il n’y avait plus de tante tout court. Les tantes et les oncles et Ayoub et Joséphine étaient morts. » ? Pourtant il quitte l’appartement parisien sans aucune explication pour le palais des deux collines à Jabalayn.

    Faysal écrit une longue lettre à son amant qui commence par « Il faut que je t’avoue, à toi. J’ai tué un homme. Un colon Un homme mais un colon. Un colon mais un homme. » Il y a dans cette phrase l’ambivalence de ce pays. Le colon est-il un homme avant d’être un colon, c’est-à-dire, un envahisseur israélien, ou l’inverse ?
    Mais ce n’est pas seulement et simplement cela. Dans cette longue lettre, Faysal raconte sa famille, une tribu haute en couleurs, vivante, bruyante dans cette maison que le grand-père a fait construire pour épater et montrer sa richesse. Les salons portent le nom de grands villes, mais c’est derrière qu’ils vivent, dans des pièces plus chaudes et moins grandes.
    Tout se mélange, le rêve, la réalité. Au fait, il y a t-il une réalité ?
    Dans ce livre, peut-être un conte, un rêve (?) Nawal, la grand-mère, tient une place prépondérante. De temps à autre, elle prend la parole. C’est une drôle de bonne femme qui, issue d’une famille paysanne a les pieds bien sur terre. Militante convaincue, elle rêve d’en découdre avec les colons. D’ailleurs, est-ce Faysal ou Elle qui a tué le colon ? C’est la raison pour laquelle je ne suis pas certaine que le meurtre du colon ait vraiment eu lieu. Cela pourrait tout aussi bien être l’extrapolation des désirs de Nawal dans les rêves du jeune homme, ou alors, une tentative, pour Faysal de se réapproprier son pays, en sauvant sa maison du colon envahisseur ?
    Ibrahim, le grand-père, créateur de la richesse familiale, lui, ne voulait pas en découdre et louvoyait. Faysal a découvert comment il a fait fortune et… C’est au plus près des fesses israéliennes, il n’y a pas de sot métier !
    Ayoub, l’oncle, tient une très grande place dans l’enfance de Faysal avec son amie Joséphine. L’enfant les adoraient et aimaient passer du temps chez eux dans le restaurant qui ressemble à un vaisseau spatial, un monde magique en regard avec le palais de l’aïeul.
    A l’adolescence, il est envoyé en internat, en dehors de la Cisjordanie, faisant de lui un exilé, comme la plupart des jeunes bourgeois. « On m’envoie dans un internat. Je n’ai rien fait pourtant. Deux semaines après, je reçois une lettre m’informant que tante Jeannette est morte. Bien fait pour sa gueule ». Jeannette est la tante qui l’a élevé, sa mère est morte à sa naissance et son père deux ans plus tard.
    Ce livre pose la question de l’exil. Comment Faysal peut-il se sentir palestinien alors qu’il vit en France depuis si longtemps. Que représente ce pays, qu’il a oublié, fantasmé ? « L’histoire de la Palestine était une histoire de famille ». Comment connaître son pays lorsque l’on n’apprend pas à le connaître, à l’aimer ? « On ne m’a jamais appris la Palestine, je l’ai prise en consigne comme une malédiction ». Cela me remet en mémoire une nouvelle du livre de Lahoucine Karim, où les enfants ne savent pas situer le Maroc sur la carte, mais reconnaissent l’Espagne.
    De retour à Jabalayn, une vie entre souvenirs, rêves et réalité. Le palais des deux collines est le lieu de l’enfance et comme tel, il est magique. Une magie, un conte que Karim kattan rendent merveilleusement, surtout lorsque la grand-mère, Nawal, prend la place du petit-fils pour raconter l’histoire. Et elle discute Nawal ! elle lui parle du matin au soir « Elle avait des décennies d’histoires et de frustrations à partage. » Avec elle, revit le passé faste de sa vie de bourgeoise argentée
    Depuis qu’il est revenu Faysal est menotté à cette maison, à son passé « Pour le moment je suis menotté ici à ce ciel et à ce cimetière. »

    L’écriture de Karim Kattan est imagée, colorée, avec une once d’oralité qui fait penser aux contes que l’on se raconte, avec, sous les mots… la réalité
    Surtout, n’essayez pas de résister, suivez les phrases, tournez les pages et laissez-vous emporter par le récit. Plein de choses remontent ensuite, dont beaucoup de questions.
    Un livre surprenant dont j’ai apprécié l’écriture.
    Elyzad, une maison d’édition dont j’apprécie le soin apporté aux livres, la politique éditoriale qui m’ouvre l’esprit vers de nouvelles frontières. Merci Elisabeth.

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    Couverture du livre « Le palais des deux collines » de Karim Kattan aux éditions Elyzad

    Yv Pol sur Le palais des deux collines de Karim Kattan

    Écrit comme une longue lettre ou une confession à son amant délaissé, entrecoupé d'interventions de Nawal, la grand-mère de Faysal, ce très beau roman est un peu exigeant si l'on ne veut pas se perdre. Mais l'attention demandée est quasiment est inhérente au texte, tant icelui est prenant,...
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    Écrit comme une longue lettre ou une confession à son amant délaissé, entrecoupé d'interventions de Nawal, la grand-mère de Faysal, ce très beau roman est un peu exigeant si l'on ne veut pas se perdre. Mais l'attention demandée est quasiment est inhérente au texte, tant icelui est prenant, fascinant... il sera difficile d'en sortir même pour quelques minutes pour vaquer à des occupations prosaïques. "Mon village, il aurait pu surgir d'un conte de fées. Tu as vu de tes propres yeux que c'est beau et pas-tout-à-fait-comme-le-reste. Il y a quelque chose d'incongru chez moi. C'est un monde à part, une forêt perdu entre ici et demain, c'est ça, Jabalayn. Quelque chose qui cloche, on ne saurait dire quoi, c'est un monde juste un peu différent, une fourchette posée juste un peu trop à gauche de l'assiette, une qualité de l'air imperceptiblement autre." (p.24)

    Les pensées de Faysal -et donc son propos- sont décousues, entre le réel, l'onirique, les souvenirs fantasmés ou pas. Puis il y a cette situation de ce village en Cisjordanie, isole, tout autour des villes et villages annexés par les colons et Jabalayn et ses deux collines qui résistent passivement. "Je vais te dire un petit secret sur eux, ils se prennent pour des cowboys de Dieu. La révolution dont ils parlent, c'est le jour où les colons qui avaient déjà occupé une grande partie de la Cisjordanie ont décidé qu'ils en avaient assez d'attendre et que leur temps était venu. Un peu le grand soir des cowboys : ils allaient prendre, de force, tout ce qu'ils pouvaient du territoire." (p. 39)

    Le texte est très beau, je le disais plus haut, fascinant, de ceux qui restent encore en tête même lorsque le livre est fermé, ce qui permet de s'y remettre aisément. Il parle de l'engagement politique et armé pour défendre sa terre, de la lâcheté ou de la peur de lutter, de la résignation. Il est troublant, tendre et violent, envoûtant : "Mourir sur cette colline : l'idée me plaît parfois. Tu l'as sentie, la volupté de Jabalayn, terre de fées où le soir les lucioles encerclent d'un halo extra-terrestre le restaurant de Jihad, désormais envahi de ronces et de digitales, dansent autour des amandiers de la maison, et nous soustraient au monde." (p.47)

    Premier roman d'un jeune auteur palestinien, Karim Kattan, publié dans une belle maison, Elyzad.

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