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Ils sont trois, livreurs à vélo, dans les rues de Paris.
Ils sont trois pour représenter tous les autres, si nombreux.
Et puis il y a Kristell qui passe commande pour se faire livrer.
Ils ont un travail précaire, pas compliqué, il suffit de savoir pédaler. Il suffit de ne pas s’arrêter, d’enchainer les courses, de ne pas s’arrêter, de ne jamais entrer chez le client, de braver les dangers, d’aller toujours plus vite.
Il suffit de ne pas tomber.
Un métier sans engagement, sans contrat, où la seule richesse est leur vélo, un métier qu’ils pourraient arrêter n’importe quand…si ils pouvaient.
Ce roman est un tourbillon dans la jungle urbaine, est une vision réaliste de notre société et de ses petits boulots, un portrait de la ville et de la souffrance de ses habitants, à vive allure.
Un roman qui se lit, à fond la caisse, sur les vélos des livreurs qui sillonnent les rues, boulevards de Paris pour livrer au plus vite et au mieux les plats que nous commandons (nous peut être pas car moi je n'utilise pas ce genre de "service").
Mais qui sont ces jeunes hommes, même s'il y a quelques rares femmes, qui foncent. Il y aussi une styliste de mode, entre deux avions et un homme de ménage dans les couloirs de Roissy.
Il y a Diesel, Lo, Madjik sur leurs vélos et chacun avec leur rapport à ce travail précaire, choisi ou subi, mais aussi Bassem, qui est balayeur dans un aéroport et qui est sans papier, Kristell, une super woman du point de vue professionnelle mais c'est moins fun du point de vue personnel.
Ce court texte nous parle de la société actuelle et de ce qui se passe dans nos rues et que nous ne voyons peu : sauf quand les livreurs passent à toute vitesse.
De beaux portraits de personnages, de belles pages sur les rues de Paris (des courses improvisées par les livreurs qui font des étapes du tour de France), des situations terribles et touchantes (un tour aux urgences mais des moments humains).
Un texte touchant et nous ne regarderons pas de la même façon ces cyclistes qui foncent sur leur bicyclette pour livrer au plus vite des plats.
Ce texte parle très bien de notre société et de la précarité de certains métiers, de notre vie connectée, de nos rapports les uns avec les autres.
Je vais lire le précédent texte de cet auteur car je trouve qu'il a une belle plume et à travers ses différents personnages et la description de certains lieux et situations, il nous parle très bien de notre société actuelle.
#Madjikoulincertitude #NetGalleyFrance
A travers une galerie de personnages que rien ne destinait à se rencontrer, Julien Cabocel nous dresse un portrait de la ville, dans sa course effrénée. La course qui lance trois jeunes gens dont la rapidité est gage de pérennité dans cette carrière de livreurs à vélo. Toujours plus vite, et toujours plus dangereusement. Comment Bassem et Kristell en viendront-ils à croiser sur leur chemin Lo, Tadjik et Diesel , c’es ce que le lecteur comprendra au fil des pages.
Julien Cabocel fait preuve d’une belle empathie pour ces personnages, tous fragiles, tous en quête d’une réponse à des questions vaines, tous portés par uncourant global qui échappe à leur contrôle.
Etat des lieux peu réjouissant d’un milieu urbain déshumanisé, ou chacun tente de légitimer son existence et et simplement survivre, au risque d’affronter des situations dangereuses.
L’écriture est vive, et entraîne sans répit le lecteur dans la course au rythme des exploit des livreurs. On est emporté sans pouvoir opposer de résistance dans ces trajets fous mais nécessaires.
Un agréable moment de lecture .
180 pages Grasset 18 janvier 2023
L'accident qui devait arriver
Dans son nouveau roman Julien Cabocel met en scène trois livreurs à vélo. Leurs courses dans Paris sont à l'image de leur vie, précaire, risquée, imprévisible. Une fable sur la violence économique menée à cent à l'heure.
Déjà dans Bazaar, son premier roman, Julien Cabocel nous entraînait dans un road-trip infernal. Cette fois, c'est à vélo qu'il sillonne les rues de Paris. À toute vitesse. Derrière Diesel, le narrateur, et ses amis Lo et Madjik. Un trio qui se retrouve exténué après une journée éreintante. Car les livreurs savent que leurs gains dépendent de leur agilité, de leur vitesse, des notes que leurs clients leur confèrent. Et des risques qu'ils prennent. Au fil des chapitres, on va découvrir comment chacun d’eux en est arrivé là.
Madjik, qui avait vu son père retourner à Brazzaville alors qu'il n'avait que huit ans et n’a plus jamais donné de nouvelles depuis, a choisi de quitter le lycée sans son bac techno «avec l’envie furieuse d'en découdre, de cracher à la face du monde ce qu'il avait dans le ventre. Son surnom venait de cette époque, lorsqu'il traînait dans Paris pour se découvrir.»
Lo, quant à lui, a longtemps rêvé du Tour de France, d'une carrière de cycliste professionnel. Il s'est entraîné d'arrache-pied et a réussi de grandes performances. Mais n'a jamais réussi à accrocher la bonne caravane, n’est pas devenu le champion espéré. Alors, «pour ne pas abandonner tout à fait, il livrait des sushis et des burgers dans des boîtes en polystyrène.»
Édouard, ou plutôt Diesel, est à la fois acteur et témoin de cette histoire. C'est d'abord avec son smartphone qu'il rend compte de leurs exploits respectifs. Des films qu'il réalise d'abord pour sa petite sœur restée dans la maison familiale de Châtellerault, espérant que «l’énergie incroyable de ses errances illumine son quotidien». Encouragé par les collègues, il a poursuivi et amélioré sa technique.
Complétons la galerie des personnages avec Bassem, réfugié syrien qui a trouvé un emploi à l'aéroport. C'est là qu'il va croiser Kristell, qui rentre à Paris après un voyage d’affaires. Elle sait que son père l’attend, même si elle préfèrerait se reposer. Les hasards de leurs emplois du temps respectifs vont conduire ces acteurs à se rencontrer. À part Madjik qui lui doit combattre sur un lit d’hôpital, victime d’un grave accident. «Une camionnette blanche. Un coup de freins dans la rue d'Odessa. Pas un cri, il est trop tard pour crier. Un bruit sourd, c’est tout. La tête de Madjik sur le bitume. Une fraction de seconde, il y a ce bruit qui résonne. Puis tout se fige.»
En épousant le rythme effréné des cyclistes, Julien Cabocel montre la fragilité de ces existences. En leur faisant croire qu'ils sont libres, leurs employeurs exploiteurs ne font que cacher leur violence économique. Mais l'énergie que dégage ce roman de la précarité, qui se lit d'une traite, évite l'écueil du manifeste politique. Il suffit de prendre la roue de Madjik, Lo ou Diesel pour se rendre compte des enjeux. Un tourbillon, un vent de folie.
https://urlz.fr/lckl
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