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Livreurs à vélo, Diesel, Madjik et Lo sillonnent la ville à un rythme effréné, prêts à tout risquer pour quelques points sur l'appli, quelques courses supplémentaires, quelques euros gagnés. L'un a failli devenir cycliste professionnel, l'autre est un étudiant en rupture de ban, le troisième a le flow dans le sang... Trois surnoms, trois copains qui tentent de conjurer leur précarité en jouant chaque jour un peu plus avec la vitesse, tandis que se tisse entre eux une amitié improbable et profonde.
Leurs courses inlassables dessinent un étrange ballet urbain où d'autres personnages évoluent selon leur propre urgence. Kristell, quadragénaire empêtrée entre ses sentiments amoureux et l'ombre pesante de son père, descend d'avion et passe commande sur l'appli avant de sauter dans un taxi pour rejoindre la ville. A l'aéroport, son chemin croise celui d'un autre éclopé, Bassem, homme de ménage écrasé par la désolation laissée au pays. Lui attrape le RER où un individu inquiétant le ramène aux souvenirs qui le hantent.
Tous tournent, tournent et tournent à travers la ville. Si différents soient-ils, tous sont fragiles, partagent une profonde incertitude sur eux-mêmes et sur le monde comme il va. Tous étouffent et aspirent à se libérer. La mécanique de la cité toujours plus folle va-t-elle les rapprocher ou les broyer ?
Une ronde urbaine pleine d'humanité qui nous entraîne dans un vertige étourdissant.
Ils sont trois, livreurs à vélo, dans les rues de Paris.
Ils sont trois pour représenter tous les autres, si nombreux.
Et puis il y a Kristell qui passe commande pour se faire livrer.
Ils ont un travail précaire, pas compliqué, il suffit de savoir pédaler. Il suffit de ne pas s’arrêter, d’enchainer les courses, de ne pas s’arrêter, de ne jamais entrer chez le client, de braver les dangers, d’aller toujours plus vite.
Il suffit de ne pas tomber.
Un métier sans engagement, sans contrat, où la seule richesse est leur vélo, un métier qu’ils pourraient arrêter n’importe quand…si ils pouvaient.
Ce roman est un tourbillon dans la jungle urbaine, est une vision réaliste de notre société et de ses petits boulots, un portrait de la ville et de la souffrance de ses habitants, à vive allure.
Un roman qui se lit, à fond la caisse, sur les vélos des livreurs qui sillonnent les rues, boulevards de Paris pour livrer au plus vite et au mieux les plats que nous commandons (nous peut être pas car moi je n'utilise pas ce genre de "service").
Mais qui sont ces jeunes hommes, même s'il y a quelques rares femmes, qui foncent. Il y aussi une styliste de mode, entre deux avions et un homme de ménage dans les couloirs de Roissy.
Il y a Diesel, Lo, Madjik sur leurs vélos et chacun avec leur rapport à ce travail précaire, choisi ou subi, mais aussi Bassem, qui est balayeur dans un aéroport et qui est sans papier, Kristell, une super woman du point de vue professionnelle mais c'est moins fun du point de vue personnel.
Ce court texte nous parle de la société actuelle et de ce qui se passe dans nos rues et que nous ne voyons peu : sauf quand les livreurs passent à toute vitesse.
De beaux portraits de personnages, de belles pages sur les rues de Paris (des courses improvisées par les livreurs qui font des étapes du tour de France), des situations terribles et touchantes (un tour aux urgences mais des moments humains).
Un texte touchant et nous ne regarderons pas de la même façon ces cyclistes qui foncent sur leur bicyclette pour livrer au plus vite des plats.
Ce texte parle très bien de notre société et de la précarité de certains métiers, de notre vie connectée, de nos rapports les uns avec les autres.
Je vais lire le précédent texte de cet auteur car je trouve qu'il a une belle plume et à travers ses différents personnages et la description de certains lieux et situations, il nous parle très bien de notre société actuelle.
#Madjikoulincertitude #NetGalleyFrance
A travers une galerie de personnages que rien ne destinait à se rencontrer, Julien Cabocel nous dresse un portrait de la ville, dans sa course effrénée. La course qui lance trois jeunes gens dont la rapidité est gage de pérennité dans cette carrière de livreurs à vélo. Toujours plus vite, et toujours plus dangereusement. Comment Bassem et Kristell en viendront-ils à croiser sur leur chemin Lo, Tadjik et Diesel , c’es ce que le lecteur comprendra au fil des pages.
Julien Cabocel fait preuve d’une belle empathie pour ces personnages, tous fragiles, tous en quête d’une réponse à des questions vaines, tous portés par uncourant global qui échappe à leur contrôle.
Etat des lieux peu réjouissant d’un milieu urbain déshumanisé, ou chacun tente de légitimer son existence et et simplement survivre, au risque d’affronter des situations dangereuses.
L’écriture est vive, et entraîne sans répit le lecteur dans la course au rythme des exploit des livreurs. On est emporté sans pouvoir opposer de résistance dans ces trajets fous mais nécessaires.
Un agréable moment de lecture .
180 pages Grasset 18 janvier 2023
L'accident qui devait arriver
Dans son nouveau roman Julien Cabocel met en scène trois livreurs à vélo. Leurs courses dans Paris sont à l'image de leur vie, précaire, risquée, imprévisible. Une fable sur la violence économique menée à cent à l'heure.
Déjà dans Bazaar, son premier roman, Julien Cabocel nous entraînait dans un road-trip infernal. Cette fois, c'est à vélo qu'il sillonne les rues de Paris. À toute vitesse. Derrière Diesel, le narrateur, et ses amis Lo et Madjik. Un trio qui se retrouve exténué après une journée éreintante. Car les livreurs savent que leurs gains dépendent de leur agilité, de leur vitesse, des notes que leurs clients leur confèrent. Et des risques qu'ils prennent. Au fil des chapitres, on va découvrir comment chacun d’eux en est arrivé là.
Madjik, qui avait vu son père retourner à Brazzaville alors qu'il n'avait que huit ans et n’a plus jamais donné de nouvelles depuis, a choisi de quitter le lycée sans son bac techno «avec l’envie furieuse d'en découdre, de cracher à la face du monde ce qu'il avait dans le ventre. Son surnom venait de cette époque, lorsqu'il traînait dans Paris pour se découvrir.»
Lo, quant à lui, a longtemps rêvé du Tour de France, d'une carrière de cycliste professionnel. Il s'est entraîné d'arrache-pied et a réussi de grandes performances. Mais n'a jamais réussi à accrocher la bonne caravane, n’est pas devenu le champion espéré. Alors, «pour ne pas abandonner tout à fait, il livrait des sushis et des burgers dans des boîtes en polystyrène.»
Édouard, ou plutôt Diesel, est à la fois acteur et témoin de cette histoire. C'est d'abord avec son smartphone qu'il rend compte de leurs exploits respectifs. Des films qu'il réalise d'abord pour sa petite sœur restée dans la maison familiale de Châtellerault, espérant que «l’énergie incroyable de ses errances illumine son quotidien». Encouragé par les collègues, il a poursuivi et amélioré sa technique.
Complétons la galerie des personnages avec Bassem, réfugié syrien qui a trouvé un emploi à l'aéroport. C'est là qu'il va croiser Kristell, qui rentre à Paris après un voyage d’affaires. Elle sait que son père l’attend, même si elle préfèrerait se reposer. Les hasards de leurs emplois du temps respectifs vont conduire ces acteurs à se rencontrer. À part Madjik qui lui doit combattre sur un lit d’hôpital, victime d’un grave accident. «Une camionnette blanche. Un coup de freins dans la rue d'Odessa. Pas un cri, il est trop tard pour crier. Un bruit sourd, c’est tout. La tête de Madjik sur le bitume. Une fraction de seconde, il y a ce bruit qui résonne. Puis tout se fige.»
En épousant le rythme effréné des cyclistes, Julien Cabocel montre la fragilité de ces existences. En leur faisant croire qu'ils sont libres, leurs employeurs exploiteurs ne font que cacher leur violence économique. Mais l'énergie que dégage ce roman de la précarité, qui se lit d'une traite, évite l'écueil du manifeste politique. Il suffit de prendre la roue de Madjik, Lo ou Diesel pour se rendre compte des enjeux. Un tourbillon, un vent de folie.
https://urlz.fr/lckl
Quel rapport entre des livreurs à vélo, une styliste dans la mode et un homme de ménage ? A priori aucun sauf peut-être l’envie d’effacer ce qui constitue leur passé.
Diesel, Jo et Madjik sont livreurs et bien que conscients de la précarité de leur travail, ils s’éclatent sur leur vélo, en prenant toujours un peu plus de risques à chaque demande de la plateforme qui régit leur vie.
Kristell a tout pour être heureuse, sauf qu’elle est seule depuis deux ans après avoir quitté son compagnon et qu’elle se sent coincée par un père vieillissant à qui elle reproche son indifférence à son égard ainsi que son comportement marital dans sa jeunesse.
Bassem est un réfugié syrien, commerçant à Alep, dont la vie s’est effondrée le jour où il a rencontré un fanatique qui a tué sa femme, son fils et l’a laissé pour mort.
Classiquement, tous ces personnages vont finir par se rencontrer.
On suit les trois histoires en parallèle, par l’alternance des chapitres, afin de respecter l’unité de temps. La part belle est faite aux livreurs, avec un rythme d’écriture rapide, comme les courses à travers les rues parisiennes.
On se laisse entraîner par ces vies croisées. Mais, si Julien Cabocel met l’accent sur les trois livreurs, l’histoire de Bassem est la plus touchante et la mieux racontée. La partie syrienne, en très peu de mots, nous plonge véritablement dans l’horreur de la destruction d’Alep.
Un seul bémol : pourquoi avoir limité la narration à la première personne, uniquement pour les livreurs à vélo ? Comme il n’y a pas de relation directe avec Kristell et Bassem, on peut avoir le sentiment d’une utilisation factice de ces personnages dans le roman.
Malgré cela, ce livre est attachant et plaisant à lire, et le choix de ne pas préciser ce qui va advenir ensuite, alors qu’ils vont se retrouver Place de la Bastille, permet aux lecteurs d’imaginer la suite, avec toute l'incertitude que cela représente.
Et comme pourrait dire un (possible) philosophe chinois : « On a beau dire, on a beau faire, quel que soit notre destin, on finira dans le même panier ! »
Chronique établie par Gérard G
Lu dans le cadre du Prix Orange 2023.
Je remercie la Fondation Orange et les Éditions Grasset de nous avoir permis de découvrir cet auteur.
https://commelaplume.blogspot.com/
Il y a des romans qui marquent, Madjik est de ceux là.
Un court récit chorale, où les destinées de personnes autant différentes, que leurs vies le sont, vont se croiser, sans s'en rendre compte.
De parcours de privilégiés, à ceux de réfugiés.... de boulots précaires, à vie de bobos parisiens....ils finiront par se retrouver un soir place de la Bastille.
Peut être enfin, un nouveau départ, à vous d'imaginer la suite.
Il y a des romans qui marquent, Madjik est de ceux là.
Un court récit chorale, où les destinées de personnes autant différentes que leurs vies le sont, vont se croiser, sans s'en rendre compte.
De parcours de privilégiés, à ceux de réfugiés.... de boulots précaires, à vie de bobos parisiens....ils finiront par se retrouver un soir de la Bastille.
Peut être enfin, un nouveau départ, à vous d'imaginer la suite.
Un court roman très touchant, servi par des personnages attachants qui livrent, chacun à sa manière, secrets intimes et douleurs du passé comme du présent. Pas d'avenir pour certains, des chemins tortueux pour d'autres. Mais ils se retrouvent un soir à Bastille et tout pourrait -peut-être- se dénouer.
Si le destin voulait bien leur donner un petit coup de pouce ...
C’est, en février 2020, lors de "L’autre festival", salon du livre d’Avignon, que j’avais rencontré Julien Cabocel. Il m’avait dédicacé son premier roman "Bazaar", encore en attente de lecture pour diverses raisons… Mais aujourd’hui, je viens de terminer son deuxième "Madjik ou l’incertitude" et je dis MAGNIFIQUE !
Magnifique par l’écriture à la fois fluide, d’une grande simplicité mais tellement bien travaillée.
Magnifique par le rythme rapide et en constante accélération jusqu’à l’ultime mot. La fin est remarquable qui m’a laissée pantoise, interloquée, médusée. Elle illustre à elle seule le dernier mot du titre : incertitude. Car c’est bien dans l’incertitude que nous laisse l’auteur. Il offre à chacun de ses lecteurs sa propre interprétation. Que s’est-il exactement passé ?
Magnifique par la construction, parfaitement maîtrisée, par les petits cailloux semés qui petit à petit se retrouvent, s’assemblent, se complètent.
Magnifique par la lumière projetée sur Madjik, Lo et Diesel, ces livreurs à vélo, ces esclaves des temps modernes, qui, au péril de leur vie souvent, dévalent les rues de Paris – ou d’ailleurs – pour une bouchée de pain. Ils n’ont pour seule identité qu’un pauvre surnom. Certes ils sont jeunes, déjà blasés mais font pourtant preuve pourtant d’une certaine clairvoyance…"Pour tenir en vélo, il n’y a rien à faire, personne à être en particulier…il t’a fallu répondre à la seule vraie question qui soit : continuer à pédaler ou accepter de tomber."
Magnifique aussi par le personnage de Bassem, réfugié d’un pays en guerre dans lequel ont péri sa femme et son enfant, qui balaie chaque jour et nettoie les toilettes à Roissy. Et puis Kristell qui justement vient d’atterrir dans cet aéroport…qui semble différente mais traîne aussi derrière elle un parfum de tristesse.
Magnifique par toutes ces vies si éloignées et en même temps si proches. Ces vies parallèles, ces inconnus sans visage qui, au détriment des lois mathématiques finissent par se retrouver.
Magnifique d’empathie, de sensibilité. Magnifique de lucidité, d’émotion, de compassion.
Inutile de me répéter, j’ai vraiment beaucoup aimé ce roman et les questionnements qui en découlent. "Et il en était là le monde…Il tournait, c’est tout. Comme nous."
"Madjik ou l’incertitude" : un véritable coup de foudre.
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