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Où vont les mort.e.s, que devient leur âme, ne reste-t-il d’eux que les souvenirs ?
A ces questions intemporelles et universelles, l’auteure répond sous la forme d’un journal intime où elle dialogue avec son père décédé, un rétif aux concessions, un rebelle accro à l’adrénaline, au danger, à l’alcool et au tabac ; alors qu'il s'est suicidé, elle l’imagine réincarné en poisson désormais coincé dans un bocal suite à une dispersion de cendres ratée.
Bon... Comment dire ?.. Bien sûr il y a un « univers », bien sûr il y a du rêve, mais il a fallu que je m’accroche pour aller au bout. Faute de lâcher-prise ? Peut-être. Je dirais : surtout en raison d’une interrogation devant le ton de ce livre, le choix de l’humour noir et de l’absurde m’ayant semblés peu appropriés à l’évocation sensible d’un disparu et aux questions irrésolues et vertigineuses autour de la mort qu’on s’inflige.
Ce livre voyage dans le cadre des 68 premières fois, merci à l’équipe pour cette belle aventure et ses découvertes enthousiasmantes (ou pas).
La solution est aqueuse
Dans ce premier roman qui fait revivre un père qui s'est suicidé sous la forme d'un poisson, Jeanne Beltane dit avec poésie la relation père-fille, la difficulté du deuil et la force des rêves. Joliment construit, cette plongée fantastique est aussi un bel hommage.
En collaboration avec Arte Radio, Nicolas Mathieu avait proposé aux auditeurs le challenge suivant: «Faites exister un personnage sans le décrire et en 1.000 mots.» La lauréate de ce concours était Jeanne Beltane. Elle s'est appuyée sur ses premiers mille mots pour enrichir son récit et en arriver à ce premier roman.
Les poumons pleins d'eau est une réflexion originale, à la fois dans sa construction que dans son style, sur la relation qui unit un père et sa fille. Il y est question de deuil et de la douleur de la perte, de métempsychose et de réincarnation, mais aussi d'échange et de dialogue par-delà la mort. Ajoutez-y une touche de fantastique, quelques poissons et un rat et vous aurez le cocktail absurde qui fait le sel de cet inclassable quête.
Tout commence par une partie de pêche. Un minuscule poisson argenté, qui se faufile au milieu des silures, est hameçonné. L'épinoche finira dans un aquarium où la jeune fille qui l'a attrapé peut tout à loisir l'observer.
On retrouvera l'épinoche plus tard dans le récit, le temps de comprendre qu'il symbolise le père dont Claire fait le deuil.
C'est sur la plage de Saint-Malo qu'une amie le fait revivre. L'ayant bien connu, elle raconte à sa fille l'homme qu'il était, fantasque et excessif. Au tabac, à l'alcool et au cannabis, il ajoutait volontiers une bonne dose d'adrénaline. Cigarettes, alcool, cannabis. C'est ainsi qu'il a sauté d’un balcon pour honorer un pari, qu’il s'est lancé sur une piste de ski sans se soucier des autres ou encore qu'il plongé dans une piscine pour enfants posée sur une dalle de béton. À chaque fois, il a frôlé la mort.
Alors Claire ne peut pas comprendre pourquoi il a choisi de se suicider. Alors Claire refuse cette mort. D'ailleurs, il n'est pas mort puisqu'il partage ses rêves qui, insérés au fil des chapitres, donnent une autre image de cet homme.
Jeanne Beltane a choisi une écriture poétique pour poursuivre une relation que la mort ne saurait entraîner vers le néant. En remontant à l'origine, dans le liquide amiotique, elle peut nager aux côtés de cet homme-poisson.
Chargé de jolies métaphores, l'écriture fuit alors le réel pour se rapprocher de la seule vérité qui vaille, celle des sentiments.
N'hésitez pas à plonger avec Jeanne Beltane!
https://urlz.fr/my1z
Claire a la tête remplit de questions depuis le suicide de son père. Comment expliquer ce geste ? Seule solution pour elle, se laisser emporter dans ses rêves, dans ses souvenirs pour comprendre cette fin tragique d’un père qui quelques heures auparavant ne parler que de retraite et de projets.
« Le manque est un acouphène : un sifflement presque inaudible mais soudain omniprésent et assourdissant dès qu’elle y prête attention. »
Un premier roman assez singulier, non pas par son thème, le deuil, mais par son écriture. Jeanne Beltane alterne les voix de ses personnages nous faisant entrer dans les profondeurs de leur folie. Une folie poétique à l’humour décalé, noir me laissant bouche bée à la fin. Une immersion, les yeux fermés, dans cette eau au courant onirique, pour que moi aussi je me perde dans les souvenirs du vivant.
« Deleuze dit que l’on boit pour offrir une partie de son corps en sacrifice. Parce que souvent, il y a quelque chose de trop fort, de trop puissant à supporter : la vie. »
http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2023/06/20/39946633.html
Déstabilisant ? Peut-être. Surprenant ? Oui. Politiquement incorrect ? Assurément ! Mais impertinent, innovant, stylistiquement intéressant, sans aucun doute ! Voici, en quelques mots, l’impression que m’a laissée ce premier roman de Jeanne Beltane, Les poumons pleins d’eau, paru aux Editions des Equateurs et découvert dans le cadre de mes lectures pour les 68 Premières Fois.
Est-ce qu’il existe une manière appropriée pour raconter le suicide d’un père et ses résonnances dans la vie de sa fille ? Est-ce qu’il existe un format, un champ lexical, une tonalité pour évoquer un être fantasque, une vie chahutée, des errements normalisés ? Ce premier roman a, d’évidence, pour lui la force d’oser l’originalité, que ce soit dans sa construction – ces voix en échos démultipliés qui évoquent différents niveaux de narration-, dans son positionnement volontaire à la frange de la réalité ou dans le choix de ce ton décalé, à la limite de l’hallucination parfois mais toujours empreint d’une forme d’humour, d’un détachement salutaire. Élaboré à partir de quelques pages pour lesquelles la jeune autrice fut primée lors d’un concours d’écriture organisé par ARTE, il pêche parfois, par un manque de fond et de cohésion d’ensemble sur la durée. La plume, cependant, ne manque pas de tenue et sait, au fil d’une lecture qui reste fluide et agréable, vous tenir la tête hors de l’eau jusqu’à la pirouette finale.
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