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Le nouveau personnage de Jean-Marc Parisis s’appelle Pierre Vernier. Un jour, lors d’un examen normal pour un cinquantenaire, le neurologue lui dit « Syndrome de Pabsr-Thomas » Ça ne dit pas grand-chose à son patient. Alors, après recherche sur internet, il découvre : « Maladie auto-immune, rare, orpheline ».
Son médecin poursuit : « un mois « tranquille » sous antimigraineux, mais évolution rapide, vers hospitalisation, infarctus, AVC, et fermeture de sa » fenêtre de vie » à la fin de l’été au début de l’automne ». C’est posé ! Le médecin est satisfait, car il a appris qu’il fallait révéler la vérité au patient ! Pierre décide qu’il n’en parlera à personne. Seulement, son quotidien change, malgré lui !
Pierre évolue dans le monde intellectuel des faiseurs d’opinion. Lui-même iconographe dans le journal, Nouveau, son heure de gloire dans le passé, qui tardait à refaire surface, devait éviter de faire trop de bruit.
Le même jour, Pierre reçoit une photo par SMS, en direct, presque de son passé…
À découvrir !
En suivant Pierre au cours de ces jours suspendus, la rencontre avec des personnages hauts en couleur, comme Tassel qui ressemblerait à un Patrick Chauvel, dont les interventions ont des accents de leçons de vie.
Sophie Mache, une ancienne amie, sera la première de cette série féminine revenue du passé. Elle est devenue en quinze ans de La Varande et ne saura pas refaire renaître la flamme d’un passe biaisé.
Une série de portraits de femmes ou jeunes filles aimées est brossée en quelques pages, mais le roman prend une autre dimension lorsque le narrateur retrouve Tassel sur le chemin de son passé…
Jean-Marc Parisis est un écrivain aguerri. De formation journalistique, Prescription est son huitième roman, après cinq récits et deux biographies.
Son roman sait captiver, tout en interrogeant sur l’influence et le poids des algorithmes et la suffisance d’une médecine qui a oublié le doute et l’empathie. Difficile d’en révéler davantage sans parler du twist final. À découvrir !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/08/05/j-marc-parisis-prescriptions/
Le roman s'ouvre sur un rendez-vous chez un médecin de Pierre Vernier, journaliste photographe, médecin qui lui diagnostique un syndrome rare, celui de Pabst-Thomas : il lui reste très peu de temps à vivre et le seul traitement ne lui servira qu'à atténuer ses symptômes douloureux. La nouvelle est un choc évidemment. En fuyant cette clinique, il reçoit des messages coup sur coup de deux de ses anciennes ex qui l'ont quitté de façon assez abrupte. Il tente de les retrouver pour essayer de comprendre pourquoi elles ont mis fin à leur relation. Ça va être pour lui comme une échappatoire, pour éviter de penser à sa maladie au lieu de se recentrer sur sa famille, et sur la suite des évènements à envisager.
Ce roman qui à première vue paraît dramatique, ne l'est pas autant que je le pensais. L'auteur nous fait prendre du recul sur sa situation et on finit par croire qu'il n'est finalement pas si malade que ça. Malgré des digressions et des descriptions assez hasardeuses sur ce qu'il ne semble pas si important que ça, le lecteur suit le personnage principal à travers des scènes ordinaires, des repas en famille ou entre amis, des discussions sur les projets professionnels, des discussions entre collègues… mais aussi des règlements de compte professionnel ou personnel, entre le passé et le présent. le personnage est assez cynique, aigri et semble spectateur de sa propre vie. C'est donc une alternance de chapitres prenant ou pesant que j'ai pu découvrir cette histoire.
Une lecture un peu en demi-teinte donc, une narration parfois un peu lourde mais avec une philosophie intéressante. Je retiens aussi un humour surprenant avec des allusions à des personnalités connues et facilement reconnaissables malgré leur nom donné par l'auteur, notamment un certain El Glaoui.
Je remercie les éditions Stock et Netgalley pour cette lecture.
Chronique d’un quinquennat très bousculé
Avant les élections présidentielles, Jean-Marc Parisis nous rafraîchit la mémoire avec ce roman à clefs. A travers le regard du conseiller spécial du Président, il retrace le quinquennat écoulé avec une plume corrosive.
Je sais que le cliché peut sembler éculé, mais il y a bien du Rastignac dans l'épopée que va nous conter Quentin, le narrateur de ce roman. Après nous avoir fait revivre au pas de charge les batailles politiques des dernières années, ses yeux de trentenaire venu à la politique dans le sillage de DSK, voient son horizon s'éclaircir. Il rejoint l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron. Si l'auteur utilise des noms d'emprunt, il sont toutefois transparents, y compris pour les seconds couteaux. Et quelquefois même porteurs de sens, comme Carchère pour Sarkozy. Le président s'appelle Crâmon, DSK Eleski.
C'est avec un style alerte et enlevé que nous revivons ainsi les épisodes précédents, la campagne de Ségolène, suivie de celle de son mari de l'époque pour la gauche, la victoire de Sarkozy suivie de sa mise hors-jeu par un François Fillon que les affaires mettront à son tour sur la touche. L’heure a sonné pour l'ex-ministre de l'économie et des finances, bien décidé à «faire bouger ce putain de pays».
L'élection dans la poche, voici notre narrateur propulsé conseiller spécial du président, un poste qui va nous permettre du suivre le quinquennat depuis un poste stratégique. De l'affaire Benalla aux gilets jaunes. De la pandémie et du confinement au changement de gouvernement avec l'arrivée de nouvelles têtes, notamment le premier ministre ou la ministre de la culture. Puis viendra l'assassinat de Samuel Paty. J'allais oublier l'épisode de la baffe donnée au président et que son ego a eu bien du mal à accepter. Et à l'heure du bilan, à 44 ans, il y a bien ce côté Rastignac qui ne fera pas hésiter Crâmon à se représenter.
Si Jean-Marc Parisis change totalement de registre avec ce nouveau roman, il n'oublie rien de la fougue qui présidait à L'histoire de Sam ou l'avenir d'une émotion, son précédent une histoire d’amour fou entre deux adolescents. Et si l’actualité brûlante vient dépasser la fiction et l’épilogue préparé par le romancier, il y a fort à parier que notre narrateur va pouvoir préparer un tome 2.
https://urlz.fr/j21Z
Alain Delon. Une gueule. Un guépard. Un samouraï. Dans les années 50, le monde découvre un nouvel éphèbe, le maniement des armes se fera en Indochine, à Saïgon. Pas pour très longtemps… L’examen final sera sa capacité à se faire un nom dans cette apparence d’Appollon.
L’écrivain et journaliste Jean-Marc Parisis signe une biographie inclassable d’Alain Delon, jamais sous la forme d’une fiction mais avec une originalité qui donne l’impression que les pages qui se tournent sont des rushs nécessitant aucun montage, du pris sur le vif pour un personnage qui ne laisse personne indifférent, pour le meilleur et pour le pire. Ou inversement.
De l’enfance au crépuscule de sa carrière, on remonte le fil du temps de celui qui n’a jamais été « comédien mais acteur ». Caractère indéfinissable, tempérament paradoxal, soufflant dans les ombres pour éviter la lumière tout en la retenant pas dessus tout. C’est un passage à Cannes, la rencontre avec l’autre star de l’époque, Jean-Paul Belmondo, les premières amours et la rencontre avec la fine fleur de la réalisation : Marc Allégret, René Clément, Luchino Visconti, Henri Verneuil…L’indomptable Delon laisse des traces, veut jouer mais ne veut pas être dirigé car il considère chaque rôle comme une vie. Ce qui entraînera forcément des incompris, des ruptures, comme avec Jean-Pierre Melville, pour qui, pourtant, Alain Delon conservera un immense souvenir et sera bouleversé lors du décès du cinéaste.
On est loin de la biographie sur ragots et rumeurs, on perçoit un homme bien plus sensible qu’il ne veut paraître, identité complexe voire inextricable tel un dédale, comme si chaque cellule de son esprit était sans issue…Aucune flagornerie, ni dédain, juste une vision objective, de ses échecs et de ses succès, de ses prises de position qui parfois se contredisaient, comme celle sur l’homosexualité, la qualifiant de « contre-nature » alors que quelques décennies auparavant il déclarait « qu’en amour tout est permis » lorsqu’on lui posait une question sur les relations amoureuses entre hommes…
L’ouvrage porte de longs chapitres sur l’affaire qui marquera la France post 68 : celle de l’assassinat de Stevan Markovic, ami et salarié du couple Delon. Au-delà de la suspicion autour de l’acteur et de l’incarcération d’un autre ami du milieu, François Marcantoni, c’est une violente cabale qui atteint l’ex-premier et futur candidat à la Présidence de la république : Georges Pompidou, avec des rumeurs pestilentielles sur son épouse Claude. Delon devra affronter un marathon judiciaire pendant que le couple Pompidou gardera la tête haute dans une dignité absolue. On songe soudainement, ce qu’aurait été l’affaire si les réseaux sociaux avaient existé à l’époque…
Impossible d’évoquer Delon sans parler de Romy Schneider et Mireille Darc, et, sur un ton emprunt de déférence pour les deux actrices légendaires. Amours qui ont eut une fin mais une amitié sans limites jusqu’au dernier souffle de vie pour chacune ; les témoignages retranscris permettent d’adoucir certains propos racontés ici et là.
Reste le titre du récit qui en est le fil conducteur : la beauté. Un visage d’une esthétique inouïe, un regard d’azur, un sourire renversant, une démarche à faire chavirer une statue de marbre…Une belle gueule qui a été un atout mais aussi un écueil. Admiration versus détestation. Rien de plus subjectif que la beauté et de plus assourdissant, un luxe pouvant devenir un cadeau empoisonné… Ajouter une attitude parfois plus que déconcertante, blessante, provocante, il n’en faut pas moins pour s’attirer les foudres, non pas du ciel, mais des âmes humaines. Delon a dû, durant toute sa carrière, prouver qu’il n’était pas qu’un visage de camée, mais aussi un personnage, ou plutôt, des personnages, glorieux ou paumés ; mais à chaque fois le public l’attendait dans un rôle noble, tous ceux qu’il a interprété à contre-courant ont été des échecs ou quasi-échecs… Etiquette quand tu nous tiens… !
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