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Isabelle Desesquelles

Isabelle Desesquelles
Dans un précédent texte, Fahrenheit 2010, Isabelle Desesquelles a raconté sa vie de libraire. Elle a depuis fondé une résidence d'écrivains, la maison De Pure Fiction. Les hommes meurent, les femmes vieillissent est son huitième livre.

Avis sur cet auteur (51)

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    Couverture du livre « Histoire de la femme sauvage » de Isabelle Desesquelles aux éditions Lattes

    Calimero29 sur Histoire de la femme sauvage de Isabelle Desesquelles

    Ce roman nous emmène de la Kabylie entre 1954 et 1961 à la France, à partir de 1999. C'est l'histoire d'une famille déracinée qui a du quitter l'Algérie en 1961 en laissant tout derrière elle et qui a jeté la clef de la mémoire, la cadenassant, refusant d'en parler. Léa, la grand-mère refuse de...
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    Ce roman nous emmène de la Kabylie entre 1954 et 1961 à la France, à partir de 1999. C'est l'histoire d'une famille déracinée qui a du quitter l'Algérie en 1961 en laissant tout derrière elle et qui a jeté la clef de la mémoire, la cadenassant, refusant d'en parler. Léa, la grand-mère refuse de répondre aux questions de Laure, sa petite-fille sur leur vie là-bas et surtout sur sa mère, Made, qui est morte alors qu'elle avait 8 ans. Laura décide de partir en Algérie en 2005, à la recherche de son histoire familiale qu'on lui refuse.
    Ce roman est avant tout une histoire de femmes, celle d'une lignée de femmes, dans un pays qui les considérait comme des marchandises que l'on pouvait troquer contre des biens, comme des esclaves se tuant à la tâche et comme des ventres qui étaient rejetés, méprisés s'ils ne donnaient pas un fils. Une fille ne pouvait pas faire d'études, était souvent mariée de force très jeune. C'est l'histoire de femmes qui n'acceptent pas leur destin tout tracé, qui font tout leur possible, y compris renier leurs origines, pour offrir un avenir à leurs enfants et en particulier à leurs filles.
    C'est aussi l'histoire d'une amitié adolescente très forte entre la fille du propriétaire, Made; et celle d'un ouvrier travaillant pour son père. Made rejette les règles sociales tacites qui veulent que les deux mondes ne se mélangent pas et que chacun reste à la place qui lui est assignée par sa naissance.
    C'est encore l'histoire d'une quête : celle de la mère trop tôt disparue qu'il est impossible d'évoquer, celle de l'histoire familiale et celle de ses origines, de son identité sans laquelle, on traverse la vie en boitant.
    L'auteure nous offre, en arrière-plan, un pan de l'histoire de la colonisation mais centré sur le peuple kabyle. J'ai ainsi découvert que certains enfants ont été christianisés, ont reçu des prénoms français, ont suivi une scolarité française, ont été enseignants, ont été propriétaires terriens avec d'autres kabyles musulmans sous leurs ordres. Ils étaient rejetés, à la fois, par les Français qui les considéraient comme des arabes et par les Kabyles qui les voyaient comme des traitres. Elle nous décrit aussi l'exil, l'arrachement à une terre aimée, la cicatrice qui ne s'est jamais refermée et qui se transmet aux générations suivantes.
    Ce roman m'a attirée par le regard magnétique, intense de la femme en couverture et par son titre intrigant qui vient, comme l'explique l'auteure, dans son roman, d'un tableau de Renoir "Paysage algérien, le ravin de la femme sauvage" que j'ai découvert à cette occasion. C'est un roman magnifique par les personnages de femmes et par les odeurs, les couleurs, la nature; la symbolique de l'olivier, fil conducteur de la vie de Laure, est très forte : l'enracinement dans sa terre le rend plus fort, lui permet de renaître après que tout a été pratiquement détruit.
    Malgré une belle écriture imagée, j'ai eu du mal à me laisser entraîner, à m'immerger car j'ai trouvé, par moments, l'écriture trop elliptique; je suis, parfois, restée en alerte pour vraiment saisir le sens, relisant certaines phrases et ainsi perdant la musique, l'émotion.
    #Histoiredelafemmesauvage #NetGalleyFrance

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    Couverture du livre « Là où je nous entraîne » de Isabelle Desesquelles aux éditions Lattes

    Eve Yeshé sur Là où je nous entraîne de Isabelle Desesquelles

    Alors qu'elle lit un roman où la mère de l'héroïne, malade finit par guérir, voilà que dans la réalité, la petite fille apprend l'hospitalisation de sa propre mère et la réalité fait irruption dans la fiction. Devenue adulte, l'enfant qui est en fait l'auteure elle-même, revient sur cette...
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    Alors qu'elle lit un roman où la mère de l'héroïne, malade finit par guérir, voilà que dans la réalité, la petite fille apprend l'hospitalisation de sa propre mère et la réalité fait irruption dans la fiction. Devenue adulte, l'enfant qui est en fait l'auteure elle-même, revient sur cette maladie, ce qu'on leur a caché à elle et à sa soeur, car cet épisode a marqué son existence et elle ne parvient pas à se pencher sur son histoire.
    Il s'en suit un retour à la fiction, l'auteure nous proposant de découvrir l'histoire d'une famille : Louis, sa femme Zabé et ses deux filles Rachel et Pauline qui vont vivre eux-aussi un drame. C'est un couple assez original, Louis féru de chasse et de course à pied, Zabé plongée dans ses traductions des oeuvres d'auteurs russes, notamment Tolstoï qu'elle vénère, allant jusqu'à transformer son lit en bureau.
    Un jour Louis découvre un secret de Zabé et rien ne va plus. Il crie tout le temps, insulte son épouse, devant les filles. Elle ne l'appelle désormais plus papa mais Luiii. Zabé disparaît un jour et cette absence va donner lieu à des cogitations chez les filles.
    Isabelle Desesquelles choisit de nous présenter un double récit, l'histoire de cette famille, et en parallèle ses souvenirs d'enfance ou ce qu'il en reste, ce qui n'a pas été censuré, deux récits en miroir, qui finissent par s'entremêler très vite, pour ne faire plus qu'un. Une phrase dans le livre résume bien le désir de l'auteure :
    Ce qui est arrivé, je veux l'écrire. Même mon roman me le réclame, je le savais avant de commencer. La fiction ne suffit plus.
    Elle évoque, l'absence, la disparition, la mort, le suicide, et les répercussions sur la famille, la culpabilité de l'enfant, qui se demande ce qu'elle aurait pu faire pour éviter la mort de la mère. Elle aborde avec talent et sensibilité, les dégâts sur les enfants quand il manque un des parents et qui l'autre devient un autre qu'on croyait connaître mais qu'on ne connaît pas vraiment, la recherche de l'amour à tout prix, les troubles du comportement alimentaires, ou autres addictions pour combler ce vide de l'absence.
    L'auteure joue sur ce double récit en proposant une présentation spéciale : double police d'écriture, petits caractères pour l'une gros caractères pour l'autre. Choix douloureux pour la lectrice que je suis, car mes problèmes visuels n'ont pas goûté l'aventure, en version électronique il m'a fallu sans arrêt faire des réglages ce qui a perturbé la lecture. C'est plus être plus facile en version papier.
    C'est un roman plein de sensibilité, pour évoquer des thèmes difficiles, avec des termes précis bien choisis, une belle écriture, que j'ai pris le temps de déguster car l'auteure déclenche une réflexion intense chez le lecteur. C'est le deuxième livre de l'auteure que je lis, après avoir découvert en 2019 « UnPur » qui m'avait fait déjà une grosse impression.
    Un grand merci à NetGalley et aux éditions J.C.Lattés qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver le style si particulier de son auteure.
    #Làoùjenousentraîne #NetGalleyFrance

    Lien : HTTPS://LESLIVRESDEVE.WORDPR..

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    Couverture du livre « Là où je nous entraîne » de Isabelle Desesquelles aux éditions Lattes

    fflo sur Là où je nous entraîne de Isabelle Desesquelles

    Là où je nous entraîne est le premier roman de Isabelle Desesquelles que je lis. Si j’ai bien compris, c’est toujours le même thème qu’elle reprend au fil de ses écrits. Il faut rappeler que la mère d’Isabelle Desesquelles s’est suicidée alors qu’elle n’avait que 8 ans et sa sœur 6 ans. Depuis...
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    Là où je nous entraîne est le premier roman de Isabelle Desesquelles que je lis. Si j’ai bien compris, c’est toujours le même thème qu’elle reprend au fil de ses écrits. Il faut rappeler que la mère d’Isabelle Desesquelles s’est suicidée alors qu’elle n’avait que 8 ans et sa sœur 6 ans. Depuis elle s’applique à surmonter ce traumatisme en écrivant. Je n’ai pu qu’être émue par ce récit intimiste et touchant. Comment un enfant peut-il guérir d’une telle blessure ? Combien il lui est difficile de comprendre les raisons du suicide de sa mère ! Qu’a-t-il fait, ou pas fait, pour que son amour inconditionnel n’ait pas pu la retenir ? Les deux sœurs porteront le fardeau de ce drame toute leur vie et l’aînée essaie de s’en sortir avec ce livre thérapie.
    Isabelle Desesquelles a pris le parti d’écrire sur deux registres et nous donne deux récits qui s’imbriquent fortement. Elle imagine le quotidien tragique de deux sœurs, en Corse, dont la famille ressemble beaucoup à la sienne. En parallèle, elle raconte ses souvenirs d’enfance et la véritable histoire de la tragédie qui l’a frappée. Le va-et-vient entre les deux familles m’a parfois un peu perdue, d’autant que c’est assez répétitif. Je ne savais plus si j’étais dans la fiction ou dans la réalité, heureusement les polices de caractères sont différentes.
    Le "nous" de Là où je nous entraîne se rapporte à la sœur qui, elle, a tourné la page et ne voudrait plus ressasser cette histoire et sans doute aussi au père. Je me demande comment cet homme a pu ne pas être blessé par sa représentation dans la partie fictionnelle.
    Je n’ai pas trop accroché à l’écriture, l’usage fréquent de phrases sans verbe ne me séduisant pas beaucoup. Chaque chapitre est introduit par une phrase de Tolstoï. La maman fictive était une traductrice du russe, grande admiratrice de Léon Tolstoï, mais je n’ai pas compris l’intérêt de ces citations. (Si ce n’est que ça m’a donné envie de me remettre à la lecture de Tolstoï !)
    https://ffloladilettante.wordpress.com/2022/10/19/la-ou-je-nous-entraine-de-isabelle-desesquelles/
    #Làoùjenousentraîne #NetGalleyFrance

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    Couverture du livre « Là où je nous entraîne » de Isabelle Desesquelles aux éditions Lattes

    Isa Pouteau sur Là où je nous entraîne de Isabelle Desesquelles

    Ce roman est un savant jeu d’écriture dans lequel se mêlent deux histoires racontées en parallèle. D’un côté, il y a la propre vie de l’autrice avec le suicide de sa mère lorsqu'elle et sa petite sœur n’avaient que 8 et 6 ans. De l’autre, il y a l’histoire romancée d'une famille corse qui se...
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    Ce roman est un savant jeu d’écriture dans lequel se mêlent deux histoires racontées en parallèle. D’un côté, il y a la propre vie de l’autrice avec le suicide de sa mère lorsqu'elle et sa petite sœur n’avaient que 8 et 6 ans. De l’autre, il y a l’histoire romancée d'une famille corse qui se déroule plus de quarante après les évènements réels.
    Dans la famille de l’autrice, le drame vécu par la fillette aura des conséquences sur sa vie d’adolescente puis d’adulte et sera à l’origine de son envie d’écrire.
    Dans la famille corse, tout est excessif, l’admiration de la mère pour Tolstoï qu’elle traduit du russe, la passion pour la chasse et la course à pied qui rythme la vie du père maçon, le lien d’amour indicible que développent les deux filles face aux difficultés de leurs parents.
    C'est très bien construit et les deux récits s'imbriquent savamment sans qu'on ne les confonde jamais.
    Si la première moitié du roman m’a conquise, par cette maîtrise des deux histoires qu’Isabelle Desesquelles mène de main de maître, je me suis lassée de cette alternance sans évènements et, hormis les deux rebondissements marquants de la deuxième partie, j’ai eu le sentiment de tourner un peu en rond.
    Heureusement, la fin saisissante relève un rythme qui s’était un peu assoupi pour laisser une impression assez positive.
    Finalement, j’ai eu le sentiment que l’autrice s’était perdue dans un exercice de style qui a fini par noyer le roman lui-même.
    Il me restera de cette lecture un regard sur les psychoses ainsi que sur les mécanismes de construction du traumatisme, tout à fait passionnant. La réflexion sur la place que prend le réel dans l’imaginaire de la romancière, est également intéressante et nous éclaire sur la façon dont elle parvient à créer du faux à partir du vrai, à inventer une fiction à partir d’un récit autobiographique.
    Un bilan mitigé pour ce roman à qui il manquait un peu de dynamisme pour me séduire.

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