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Avant de devenir l’illustrateur, le musicien, le scénariste et l’acteur que l’on connait, Franky Lily était Masaya Nakagawa, un gamin né dans le Kyushu, élevé par sa mère, un provincial venu tenter sa chance à Tokyo, comme des milliers d’autres jeunes attirés par les lumières de la ville.
Dans La tour de Tokyo, il se livre tout entier, avec sincérité, sans fausses pudeurs, sans enjoliver les choses. Il raconte son enfance, sa mère aimante et dévouée, son père toujours absent, aux activités louches, ami des yakuza. Il parle de la pauvreté, de la vie en province, des mines et des usines qui ferment, de la solidarité des exclus. Il évoque aussi son parcours, de son enfance atypique dans un foyer monoparental, à son arrivée à Tokyo, en passant par son adolescence oisive, ses études pas très studieuses, ses errances avant de trouver sa voie.
Ce livre est, bien sûr, sa biographie, mais c’est surtout un hymne à sa mère. Prête à tous les sacrifices, souriante dans l’adversité, cette femme l’a porté à bout de bras, ne vivant que pour son bonheur.
Quand elle vient vivre avec lui à Tokyo, elle s’intègre parfaitement à son cercle d’amis, cuisine pour tout le monde, lève le coude avec les fêtards, fait un numéro de clown pour amuser la galerie, est aux petits soins pour son fils.
Cette bonne mère a-t-elle eu un bon fils ? A sa mort, Franky Lily prend conscience de son ingratitude, de son manque de reconnaissance, se reproche de ne jamais lui avoir dit ‘’merci’’ ou ‘’je t’aime’’. Mais parfois les mots sont inutiles et l’on ressent tout l’amour que ses deux-là se portaient dans chaque ligne de ce livre à lire absolument. Ecrit avec le cœur, avec les tripes, dans un style vif, drôle, percutant, sincère, ce récit est aussi d’une tendresse bouleversante et tirera des larmes au plus dur des cœurs. Préparez vos mouchoirs !
Une histoire personnelle dévoilée sans voyeurisme…
La Tour de Tokyo n’est pas un livre qu’il m’est facile de chroniquer sûrement parce qu’il est basé sur la vie de son auteur. Il apparaît alors quelque peu difficile de donner son avis sur l’histoire en soi sans, d’une certaine manière, porter un jugement sur la vie de Nakagawa Masaya, devenu Lily Frankie. Je ne peux donc que vous inviter à lire vous-même l’ouvrage pour découvrir la vie de l’artiste de son enfance à sa vie d’adulte.
Au début de ma lecture, j’ai craint que « lire » la vie d’une personne que je ne connaissais même pas aurait quelque chose d’ennuyant voire relèverait du voyeurisme à la manière de ces émissions exaspérantes de pseudo télé-réalité. Heureusement, ce ne fut point le cas !
Évidemment, nous entrons dans la vie d’une personne et dans son intimité mais l’auteur, avec son style d’écriture particulier, arrive à se raconter tout en gardant la distance nécessaire avec son lectorat. En d’autres mots, nous découvrons sa vie, ses actions et ses pensées, mais toujours avec une certaine réserve.
Il m’est arrivé de m’offusquer des actions de l’auteur notamment durant sa période « d’adulescent » mais le personnage a ce petit quelque chose qui fait, que de la même manière que sa mère, nous lui pardonnons vite ses errances. J’ai en outre trouvé intéressant la manière dont l’auteur s’est longtemps refusé à entrer dans le moule de la société japonaise et sa valorisation à outrance de la valeur travail. Cela rompt avec l’image des Japonais que nous pouvons avoir en Occident.
La figure maternelle…
Et puis, surtout, plus nous apprenons à connaître l’artiste, plus nous saisissons l’importance de sa mère dans sa vie, peut-être même avant ce dernier. Telle la Tour de Tokyo, pour les jeunes venus dans la ville pour se trouver et se réaliser, la mère de l’auteur apparaît comme le pilier de sa vie. Cette figure maternelle se transforme en une sorte de phare qui, par sa dévotion, son amour parfois pudique mais toujours inconditionnel illumine la vie de l’auteur et lui sert de point d’ancrage durant ses années d’errance. Un poème que sa mère aimait lire représente parfaitement la relation mère/fils qu’ils entretiennent :
Que tu sois là
Et par le simple fait
Que tu sois là
L’espace de ce lieu
S’illumine
Par le simple fait
Que tu sois là
Le cœur de tous
S’apaise
Moi aussi pour toi
Voilà
Ce que je veux être
Mitsuwo
J’ai ralenti ma lecture une fois arrivée à la dernière partie, l’auteur y racontant la maladie de sa mère. Alors qu’il se montre au final assez économe dans l’expression de sa peine et sa douleur, elle transparaît dans le récit tout comme l’amour qu’il porte à sa mère. Les derniers chapitres sont ainsi très émouvants et pour ma part, plutôt de nature émotive, éprouvants.
MA NOTE : 4/5
CONCLUSION
La tour de Tokyo est un livre que je suis contente d’avoir découvert. J’en ai apprécié le style particulier de l’auteur qui permet d’entrer rapidement dans le récit. Mais c’est surtout l’hommage de l’auteur à sa mère et la manière dont il a su le distiller tout au long du livre qui m’a le plus touchée.
Je ne peux que conseiller ce livre à tous d’autant que l’universalité du thème (l’amour maternelle) ne nécessite pas de connaître l’écrivain pour en apprécier la prose.
Si vous souhaitez un aperçu du livre, les Édition Philippe Picquier vous offre un extrait gratuit en téléchargement.
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