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Avant toute chose, je tiens à remercier Babelio pour ce Masse Critique privilégié ainsi qu'Emad Jarar, l'auteur de ce roman, qui a eu la gentillesse de me faire parvenir gracieusement le deuxième tome d'”Une nuit à Aden” que j'ai hâte de commencer.
Il m'a pourtant fallu plus de temps que d'ordinaire pour lire ces 384 pages (notes comprises), non car je ne parvenais pas à m'imprégner de l'histoire - bien au contraire - mais parce qu'il y a bien plus qu'un roman dans ce livre. S'il fallait trouver un qualificatif pour ce premier tome d'”Une nuit à Aden” - forcément réducteur et non-exhaustif - ce serait “hybride”. À mi-chemin entre le roman, l'essai et l'autobiographie (?), cette première œuvre d'Emad Jarar est singulière, personnelle tant dans sa forme que dans son style. C'est une plume élégante, classique par certains aspects, une plume dont on sent tout le poids d'un héritage littéraire assumé et digéré, une plume aussi à l'aise dans l'érudition que dans la narration pure. C'est d'autant plus louable que l'entreprise dans laquelle Emad Jarar est loin d'être aisée. Car avec « Une nuit à Aden », Jarar part de sa foi, de son cheminement cultuel double, bref de sa propre expérience pour s'interroger sur l'Islam, sur le Coran, son histoire et prend à bras-le-corps tout ce qui touche de près ou de loin à cette religion, y compris les sujets jugés sensibles.
Au premier abord, l'aspect narratif passe au second plan. Emad Jarar installe successivement son narrateur dans des situations afin de mieux passer en mode « érudition », l'occasion d'en apprendre énormément, d'essuyer quelques longueurs, mais surtout de prendre conscience que l'auteur s'est abondamment documenté et qu'il n'hésite pas à se nourrir de sources diverses et variées pour nourrir sa pensée.
L'intrigue avance lentement jusqu'à la moitié du roman environ. C'est à ce moment-là que le livre bascule réellement, lorsque la trajectoire du personnage prend le pas sur la religion, que l'individu prime sur le collectif cher à la communauté. L'histoire d'amour avec Adèle sur fond de fondamentalisme religieux est juste magnifique, mais, à mon sens, c'est lorsque le narrateur arrive au Yémen que le roman atteint son apogée. Dans cette dernière partie, Jarar excelle dans la narration et prépare, l'air de rien, la trame narrative du deuxième tome. Il suggère, à l'image des dernières pages, quelques surprises tant dans le cheminement religieux du personnage que dans sa vie amoureuse.
Cette suite au tome I d’Une nuit à Aden est nettement plus romancée, avec des temps très forts, beaucoup d’introspection, énormément de considérations religieuses et une histoire qui finit bien. Grâce à Babelio et à Emad Jarar, j’avais reçu les deux tomes en même temps mais j’ai laissé passer volontairement du temps avant de lire cette suite.
Si le tome 1 visait un but pédagogique, détaillant méthodiquement les sourates du Coran ainsi que les implications de la Sunna, il contenait quelques éléments essentiels à la compréhension de l’histoire développée dans le tome 2. En effet, Emad Erraja, le héros, avant d’être nommé au Yémen sur un poste de l’ONU, avait travaillé et vécu à New York où il avait rencontré une jeune française, Adèle, et développé un amour fou pour elle qui menaçait de tomber dans les filets d’un islamiste.
À la fin du premier tome, il nous avait présenté son travail au Yémen et nous le retrouvons là-bas, en 1991, dans un pays réunifié mais sous la menace des tribus sunnites du sud et de l’est car le conflit irakien déséquilibre tout le Moyen-Orient. Les islamistes yéménites rentrent d’Afghanistan et le FIS (Front islamique du salut) a le vent en poupe en Algérie et se prépare à prendre le pouvoir au FLN tout puissant depuis l’indépendance.
Errad file le parfait amour avec une pédiatre bulgare, Yuliya, et ils se déplacent dans le pays avec une fausse attestation de mariage car : « Les relations adultères et le concubinage, illicites selon la Sharia, étaient passibles de sanctions pénales. » En tant que musulman, Errad doit se soumettre à la loi islamique mais voilà qu’un contrôle, sur un barrage routier va avoir de terribles conséquences impossibles à révéler pour ne pas divulgâcher –j’adore ce mot hérité de nos cousins québécois et qui vient d’entrer dans le dictionnaire - la suite de l’histoire.
Un officier, visiblement membre des Frères musulmans est très suspicieux, pose quantité de questions et oblige Errad à se fâcher, se faisant traiter de mécréant… Finalement, les deux tourtereaux parviennent à Aden : « Dans la péninsule arabique, Aden était un peu un havre pour les non-musulmans en quête de s’affranchir des rites austères de la Sahria. »
Soudain, le roman s’emballe et plonge dans l’horreur. L’auteur révèle un grand talent pour exprimer ses sentiments, ses souffrances, ses pensées, ses espoirs, son horreur devant le sort qui est fait à son héros. De nombreuses mises au point sont encore faites analysant très finement les implications dans la vie quotidienne d’une religion comme l’islam.
Il y a de l’action aussi mais la fin bascule complètement dans la religiosité avec un choix cornélien entre judaïsme et chrétienté que je peux comprendre. Par contre, la référence constante à Dieu, l’inscription d’un enfant dans une école confessionnelle parce qu’il paraît qu’il n’y a pas mieux, cela me révulse vraiment. Dommage que l’auteur n’ait pas mis en exergue la laïcité qui permet à toutes les religions et surtout à ceux qui n’en veulent pas de vivre en paix dans notre pays.
Cet aspect du roman m’a fortement déplu, comme la pirouette finale, dans une église, bien sûr ! LIEN : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
J’aime sortir de plus en plus de ma zone de confort avec des lectures atypiques. Le fait de me cantonner à ne lire que des thrillers ou polars, j’ai commencé à éprouver une certaine lassitude, non mes lectures, mais dans mes retours ! J’avais la sensation de plus en plus de ne faire que des retours de plus en plus similaires… Afin de ne pas entrer dans une spirale répétitive, j’ai décidé de m’ouvrir ou revenir à d’autres univers que j’apprécie beaucoup.
Lorsque Babelio propose une masse privilège pour « une nuit à Aden », je n’ai pas hésité…
Il suffit d’une phrase pour qu’un bouquin nous attire… La phrase d’accroche résume à elle seule, ce que j’ai toujours pensé…
«Mon père pensait qu’on “naissait musulman” et qu’être musulman était un statut qui dépendait du Tout Puissant uniquement. Et comme pour se soumettre à ses propres certitudes, il s’était convaincu que l’Islam était irréversible en ce qu’il l’emportait sur quelque autre religion ; il était de ceux pour lesquels l’Islam ne se limitait pas au seul culte, entretenant l’idée qu’être musulman préemptait pour ainsi dire tout autre choix de conscience. »
Un livre qui mélange les genres, de manière intelligente. Un essai-géopolitique, doublé d’un essai sur la religion musulmane et pour parfaire l’ensemble, l’auteur mêle une biographie romancée… En fait, il est assez difficile de le classer dans un genre précis, tellement ce bouquin est riche. Comment aborder le monde contemporain avec ses tempêtes lorsque l’on est à la fois palestinien élevé dans une culture chrétienne et américain…
« Musulman, éduqué dans une culture chrétienne a raison des origines grecques de ma mère et de sa religion catholique de rite grec-melkite, golden-boy à Wall-Street et ….play-boy ! «
A travers ce récit l’auteur dresse un portrait sans concession du monde arabe, mais surtout de l’approche de la religion et l’appropriation qui en est faite. Pour cela, il revient aux sources de l’islam et si on aime l’approche politico-religieuse, c’est captivant. Comment trouver sa place en tant que musulman lorsque le monde est à feu et à sang et que la religion musulmane, religion de paix, de tolérance devient une arme de guerre contre les opposants… Une manière de justifier son appartenance au monde musulman avec une réflexion spirituelle sans concession. Une lecture pour comprendre le Coran au XXIème siècle, mais surtout son poids face à la vie moderne. Comment être musulman, sans se laisser guider par les dictats…
Un roman où la révolte de l’auteur est palpable, notamment lorsqu’il aborde la conscience musulmane et cette absence de réflexion sur son appartenance religieuse.
L’auteur nous parle de son enfance et surtout de cet état de fils de musulman, donc musulman… On est musulman lorsque l’on est de père musulman… Et c’est cet aspect qui donne tout son intérêt au livre.
Un livre qui pourrait en rebuter plus d’un, mais qui s’avère aussi instructif de par la somme de connaissance que l’auteur met à la disposition du lecteur, que plaisant de par la lecture grâce à une magnifique plume. Les phrases sont belles, travaillées, chaque terme est utilisé à bon escient. L’auteur manie les mots avec dextérité, pour le plus grand plaisir du lecteur. Une plume qui mérite elle seule la découverte de ce livre !
L’approche violente de certains versets, perturbe l’auteur et il ne se prive pas de les décortiquer parfois avec ironie, mais toujours avec un regard bienveillant.
Un premier tome qui permet aux non-initiés de découvrir une partie du Coran, à ceux qui le connaissent apporte un regard différent de celui que certains véhiculent, pour ceux qui se sentent musulmans, mais qui cherchent à appliquer ce texte au XXIème siècle, cela apporte des éléments, une confirmation de réflexions déjà sous-jacentes…
Je me suis régalée, grâce à la plume de l’auteur, à son ironie et la somme de connaissances et de réflexions. Une plume généreuse qui se met à la disposition du lecteur.
Courageuse et étonnante entreprise, Une nuit à Aden dont le tome 1 a une suite qui peut se lire indépendamment, est un roman mais surtout un essai dont la pédagogie est réussie, se mettant à la portée de tout lecteur qui veut essayer de comprendre l’Islam : « Par Islam, j’entends la civilisation islamique ; avant tout une religion où le destin d’une vie n’est qu’une dépendance absolue de la volonté d’un dieu unique et transcendant, Allah. Mais aussi un culte avec ses tabous, sa liste interminable de prescriptions et de prohibitions, de proscriptions, de châtiments, de normes et de coutumes. »
Par cette citation, Emad Jarar s’exprime par l’intermédiaire de son héros qui porte le même prénom mais se nomme Erraja. Il pose, dès le début du livre, le problème dont il veut traiter après un court préambule et déjà une première volée de sourates du Coran qu’il va analyser sans concession, avec une lucidité remarquable.
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Pour lire Une nuit à Aden (1), j’ai dû utiliser un second marque-page pour suivre l’abondant dossier de notes. Certes, elles cassent la lecture, la freinent mais en même temps, elles sont, pour la plupart, très instructives.
Tout commence par une escale à Moscou, le 2 septembre 1989, car le narrateur est en route pour Sanaa, au Yémen du Nord où il est envoyé au titre du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). Ce n’est qu’en dernière partie du livre que l’auteur nous ramènera à Sanaa. Auparavant, il se livre à une analyse détaillée et très argumentée du Coran et de la Sunna, seconde source de la loi islamique. Un glossaire précieux complète le volume.
Une escale au Caire donne l’occasion au narrateur de parler de ses origines palestiniennes puis de son enfance heureuse à Alexandrie, entre un père musulman et une mère chrétienne (rite grec-melkite) venue de Salonique. C’est l’occasion d’expliquer ce qui se passe en Islam lors d’un mariage mixte avec deux personnes de religions différentes.
Ainsi, tout au long du livre, chaque occasion, chaque rencontre, chaque fait de vie donne lieu à analyse, explications, commentaires puis cela se calme un peu lors de la période newyorkaise où le roman prend nettement le dessus avec un passage digne d’un thriller mais toujours sur fond de problèmes religieux.
Une nuit à Aden (tome 1) constitue une documentation essentielle à lire et relire pour toute personne voulant comprendre ce qui se passe avec l’islam. L’auteur a un regard très critique sur sa religion pour en étudier toutes les caractéristiques, toutes les déviances et tenter de pacifier les relations avec les autres monothéismes.
Son narrateur ne peut se passer de l’idée de Dieu et utilise les arguments habituels pour faire admettre cette nécessité. Pourtant, tout au long de ma lecture, je me suis dit que seule la laïcité recèle la solution à tous les maux apportés par ces religions monothéistes qui n’ont eu de cesse de se combattre au fil des siècles, laissant sur leur passage des quantités de vies abrégées, de souffrances imposées pour asseoir, en fait un pouvoir masculin et politique.
J’ai aimé le côté romanesque du récit, les amours du narrateur et surtout les mises en garde devant les jusqu’au-boutistes musulmans, ceux qui veulent revenir au Moyen Âge et sont prêts à tout pour asservir les femmes. Certaines choisissent de se soumettre pour assurer un confort relatif et une sécurité provisoire.
Ce tome 1 se passe à la fin des années 1980 mais, depuis, tout ce que l’auteur mentionne, décrit, s’est aggravé, amplifié, allant jusqu’au pire. Emad détaille bien l’héritage des textes coraniques et explique abondamment les interprétations qui en ont été faites au cours de discussions, d’entretiens amicaux ou pour répondre à des questions. Je remercie vivement Babelio et Emad Jarar qui m’ont permis cette lecture très instructive.
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