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Olympien, l’eau immanence, cruciale , l’arborescence source-fleuve.
L’interlude de la première novella est magnificence et perle de vie.
De la source souveraine au ruisseau, torrent, rivière, fleuve, Charles Duttine dépeint l’ivresse à venir.
L’eau enivrante, fédératrice, vitale et maîtresse du monde.
Telle une goutte de pluie, la majuscule d’une novella prend place.
« L’ivresse de l’eau », un maître-nageur dans une piscine municipale. Le sujet pourrait sembler anodin, attention !
Charles Duttine est à l’instar de M. Keating dans « Le cercle des poètes disparus » c’est dire le pouvoir d’une trame qui va advenir subrepticement.
Charles Duttine est un génie du verbe. Cette piscine macrocosme, le miroir du monde et le reflet des introspections. Plus que cela encore, cette dernière et son bleu océan pourrait être l’antre berceau qui apaise et délaisse les angoisses.
Ici, l’eau est active, rebelle, elle bouge les lignes de cette novella en prenant soin de glisser au plus juste le point et la virgule, le mot signifiant, la preuve un don littéraire hors pair.
L’eau troublante, habile et sournoise. Le maître-nageur devine des phénomènes inexplicables.
« On pourrait croire que tout coule tranquillement dans une piscine, qu’il ne s’y passa rien d’extraordinaire et que les jours passent leurs cours sereinement. À première vue, une piscine n’est pas un endroit où les évènements se bousculent comme des vagues tempétueuses. Et pourtant. »
Crescendo, l’eau s’affirme, s’émancipe et contre tout retour possible à la normalité.
Tout commence par des mouvements, des frisottis sur l’eau, puis d’autres phénomènes troublants surviennent. Le maître-nageur devine l’enjeu et son impuissance à freiner cet enchaînement tsunami. Il ressent une force métaphysique encore imprononçable. En pleine solitude nocturne dans ce lieu où pas un nageur est présent. Il aime venir faire corps avec ce lieu. La peur le gagne. Le rythme s’accélère. Le texte est magnétique, captivant.
« Mon histoire avec la piscine tournait maintenant au polar. »
Que va-t-il se passer ?
Cette déambulation lucide, superbement intuitive et implacable est la mise en lumière de ce que l’homme ne peut maîtriser.
L’autre versant : « De l’art d’être un souillon » novella humaniste, fraternelle et attentive à l’aura d’un homme, Marcel Bascoulard, peintre, bohème, clochard céleste, Diogène, figure inoubliable de Bourges dans les années 60 et 70.
« Lui, il vivait en permanence dans la crasse... Il avait arrêté ses études au brevet et il dessinait sans techniques, il laissait courir ses crayons et sa plume à l’encre de chine sur le papier sans avoir acquis de grammaire esthétique. »
Cette novella est une oraison fabuleuse. Solaire et émouvante elle rend hommage à Marcel qu’on ne quitte plus des yeux. Son ombre hante encore les ruelles de Bourges. Chevalet pleurs et rires d’une philosophie libre, si libre.
« La cathédrale vue des marais » , le final de l’artiste.
Charles Duttine est un maître du mot, du regard et de l’écoute. Ce livre vivifiant, brillant est perfectionniste. On aime le silence entre les lignes, les points d’attache et les respirations. On entend la voix de cet auteur attentif aux mouvements du monde et des êtres.
Ces novellas sont des futurs classiques. Des histoires qui resteront comme des légendes à écouter au coin du feu en plein hiver.
Elles sont piédestal et enchantement.
Publié par les éditions Douro.
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