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Martha's Vineyard, 1953, Shelby, jeune femme issue d'une famille de la bourgeoisie noire, se prépare à épouser Meade, un musicien de jazz blanc, sans le sou.
Les Cole sont riches et portent fièrement leur peau claire. Ils estiment que pour maintenir leur position dans la société, outre l'argent, ils doivent garder une couleur de peau claire.
Par une utilisation efficace du flash-back, l'autrice nous fait découvrir chaque membre de la famille de Shelby depuis l'arrière grand mère blanche qui règne sur toute la lignée
Dorothy West, membre emblématique de la Harlem Renaissance, dépeint non sans ironie l'arrivisme dévastateur des familles bourgeoises noires de la côte Est. Un arrivisme qui débouche sur des mariages non pas fondés sur l'amour, mais sur la classe sociale et la couleur de peau pour pouvoir afficher le visage de la réussite.
Avec une prose élégante et lumineuse, Dorothy West couronne sa carrière littéraire avec ce qui fut son dernier livre. Je ne pense pas avoir lu une autre histoire qui explore l'Amérique multiraciale de cette façon. Elle affiche les mesquineries de la bonne société noire et critique subtilement ces riches afro-américains tout aussi superficiels que les riches blancs américains. Un milieu dans lequel le paraître et l'argent sont les seules religions.
Une très belle lecture avec cependant un petit bémol pour la fin quelque peu abrupte et trop mélodramatique à mon goût.
L’île de Martha's Vineyard à l’été 1953, à la veille du mariage de Shelby Coles. La jeune fille appartient à une famille de la bourgeoisie noire et s’apprête à épouser un musicien blanc. Mais ce mariage n’est pas vu d’un très bon œil par la famille Coles car, pour eux, se marier avec un homme blanc sans fortune est une mésalliance.
Dorothy West nous plonge ici au cœur de la famille Coles et revient sur leur ascendance. Aujourd’hui les Coles sont riches et fiers de leur peau claire. Deux avantages qu’ils entendent bien conserver. Et entre Shelby et sa sœur, qui de son côté a épousé un homme noir de qui elle a eu une petite fille d’une couleur plus foncée que ce que les membres de la famille peuvent supporter, il semble que les générations ne soient plus en accord.
Il faut évidemment replacer ce texte dans le contexte particulier dans lequel il a été écrit et se place, à savoir les années 1950, aux Etats-Unis. Une époque et un pays marqués par l’esclavagisme, la ségrégation, les luttes pour l’égalité. Il est alors très intéressant d’accompagner cette famille au fil des générations et de son ascension sociale. Intéressant de voir Gram, blanche, refuser de prendre dans ses bras son arrière-petite-fille noire. Intéressant de voir comment, de génération en génération, la richesse ou la couleur ont déterminé les alliances et les mariages. Intéressant de voir la confrontation avec la jeune génération, qui à travers Shelby et sa sœur, cherche à s’émanciper de cet atavisme pour vivre leurs histoires d’amour sans prendre en compte les critères des plus anciens.
Le tout est servi par une plume d’une grande justesse, un style qui va à l’essentiel et assez simple qui aide aussi à ne pas se perdre dans cette saga familiale dense qui met en scène de nombreux personnages au cours des années. C’est une analyse, mais aussi une critique, captivante de la société bourgeoise noire, de cette espèce de snobisme qui tient les membres renfermés sur eux-mêmes.
Encore une fois, la collection Vintage des éditions Belfond fait mouche en remettant en lumière cette œuvre.
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