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Le roman débute par l’enquête que trois enfants, apprentis détectives vivant dans un bidonville, mènent sur la disparition d’un de leurs camarades.
Vous l’aurez compris, l’intérêt de ce roman n’est pas vraiment l’enquête policière mais la description d’une véritable tragédie.
« Le chiffre est à peine croyable et certainement incomplet : entre 50 000 et 100 000 jeunes enfants disparaissent chaque année en Inde. Parmi eux, près de 45% des disparitions resteraient aujourd’hui sans suite… Ces enfants, surnommés « la génération perdue », s’égarent aux heures de pointe, fuguent par le trafic ferroviaire, sont abandonnés par leur famille ou sont enlevés par des trafiquants sans scrupules à des fins d’esclavagisme, de prostitution, de mendicité, de trafic d’organes. »
Deepa Anappara , journaliste a choisi la fiction pour dénoncer les disparitions d’enfants en Inde, essentiellement en provenance des bidonvilles. Ce drame perdure dans l’indifférence des gouvernants et d’une police corrompue, laissant les communautés faire leur propre justice , en lynchant des suspects parfois innocents issus de minorités souvent musulmanes.
Elle a voulu surtout présenter dans son roman le regard des enfants devant cette réalité.
« J’ai écrit ce roman pour faire mentir l’idée selon laquelle ils sont réductibles à des statistiques. Je l’ai écrit pour nous rappeler que derrière les chiffres, il y a des visages. »
Cette lecture m’a bouleversée: un livre très fort qui m’a permis de découvrir la réalité des bidonvilles faite de misère mais aussi de solidarité.
Trois jeunes détectives en culottes courtes et jupette se lancent dans une aventure que même les policiers n'osent affronter, ou ne cherchent pas à affronter : rechercher les enfants disparus de la purple line, ligne de métro locale qu'ils empruntent pour la première fois pour essayer de retrouver un des petits disparus ;
Enquête enfantine, comme ne l'est pas leur vie en réalité, faite de douleurs, de tabassages, de parents violents, de professeurs indélicats, de ségrégation Hindous/ musulmans, de smog qui les empêchent de voir plus haut qu'eux et de respirer mais surtout de travail, petits jobs pour rapporter quelques roupies à la famille qui se saigne aux quatre veines pour sortir la tête de l'eau !
Des enfants disparaissent, 180 par jour en Inde d'après l'auteure et ce livre lui permet d'approfondir ses recherches socio-culto-culturelles en l'absence de données officielles et de nous faire plonger dans ce quotidien à mille lieues du notre.
Les rivalités entre castes, intouchables et autres, pourtant interdites depuis si longtemps, les affrontements entre communautés aussi pauvres l'une que l'autre, l'apathie des policiers et la toute puissance des riches très riches, le moindre détail est exploité et nous est retransmis .
Prenez le temps de lire ces pages, bien fouillées et précises, au vocabulaire parfois enfantin mais si poignant.
Apprentis détectives
Jai, Pari et Faiz vivent avec leur famille dans un bidonville d'une mégalopole indienne, noyée sous un brouillard de pollution et tout près d'une décharge publique et d'une ligne de métro, la Purple Line.
Ils vont à l'école mais n'y sont pas très assidus et préfèrent traîner dans les allées du Bhoot Bazar où l'on trouve tout et n'importe quoi ou n'importe qui. Lorsque l'un de leur camarade de classe, Bahadur, manque à l'appel, puis un autre, Omvir, la police n'est pas très concernée... En effet, comme nous le rappelle l'auteure, en Inde, 180 enfants disparaissent chaque jour... Aussi Jai s'improvise détective ; Pari et Faiz seront ses adjoints. Tous les trois se lancent dans cette enquête sans savoir vers quels dangers ils s'aventurent...
Ce roman avait tout pour me plaire : une histoire de disparitions mettant en scène des enfants, en Inde... Finalement, c'est une déception et mon avis sera très mitigé...
Je m'explique :
-le style dans lequel ce livre a été rédigé m'a beaucoup gêné car c'est à travers les yeux et les paroles du jeune Jai, 9 ans, que nous suivons l'intrigue. Le style est donc enfantin et naïf ce qui, à mon sens, dessert le propos de l'auteure.
-l'histoire ne tient pas ses promesses, il n'y a pas vraiment d'enquête et la fin ne m'a pas convaincue.
-le titre français lui même est trompeur : j'avais en mémoire les images de reportages sur l'Inde où l'on voit ces familles survivre au bord des voies ferrées, se poussant -à peine- lorsqu'un train passe... J'aurais dû me fier au titre original " Djinn Patrol on the Purple Line"... Il est en effet beaucoup question des Djinn, ces créatures mythologiques surnaturelles, bons ou mauvais génies...
Du côté positif, j'ai bien aimé l'aspect sociologique du livre car l'auteure réussit à nous faire vivre le quotidien plus que difficile des familles indiennes dans les bidonvilles qui bordent les grandes mégalopoles comme New-Delhi ou Bombay : les parents qui triment jour (et quelquefois, nuit) sous la menace permanente de voir leur habitat rasé faute d'avoir suffisamment graissé les mains avides de la police, les enfants qui sont plus ou moins livrés à eux mêmes, la maltraitance des enfants et des femmes ... La condition des enfants et des femmes en Inde est d'ailleurs au cœur du propos de ce livre.
Interpellée par la couverture de ce roman, tant promesse d’émotion que de dépaysement, j’ai souhaité lire Les Disparus de la Purple Line, supposant découvrir dans ses pages bien plus qu’un thriller ou un simple roman policier puisqu’il est ainsi classé dans les catégories du catalogue Net Galley. Criant de vérité, ce livre est un témoignage romancé, magnifique et bouleversant des conditions de vie désastreuses réservées aux enfants des bidonvilles en Inde.
« En Inde, 180 enfants disparaissent tous les jours. J’ai écrit ce roman pour faire mentir l’idée selon laquelle ils sont réductibles à des statistiques. Je l’ai écrit pour nous rappeler que derrière les chiffres, il y a des visages. » Deepa Anappara. Une phrase qui en dit long sur l’ambition de ce roman.
Jai a neuf ans et vit avec sa famille dans un basti (bidonville) d’une mégalopole indienne, situé entre le marché du Bhoot Bazar et la Purple Line, ligne de métro locale, en permanence recouvert d’un smog noir qui s’invite jusque dans les salles de classe. Une décharge et un mur de brique surmonté de barbelés les séparent des quartiers riches où l’on entre que pour travailler, dans des conditions proches de l’esclavagisme. Quand un des camarades de classe de Jai disparait, le jeune garçon décide, face à l’inaction et au désintérêt des forces de l’ordre, de mener l’enquête, entrainant avec lui ses amis Pari et Faiz. Les disparitions s’enchaînent alors, jusqu’à toucher Jai de très près…
Dans ce roman policier d’un genre bien particulier, aucune enquête policière ne sera menée sur les disparitions d’enfants car la police dans ce pays n’est pas inexistante, loin de là, mais elle préfère se soucier de retrouver le chat du commandant plutôt que de rechercher les enfants disparus. La population des bidonvilles, considérée par les plus riches comme des parasites, n’a guère le droit à la justice puisque s’ils se font remarquer on les menace de raser leurs habitations au bulldozer… Purement révoltant: un peuple de miséreux, opprimé et victime d’injustices, dont les enfants disparaissent, sans raison. Le courage, la désinvolture et la candeur dont font preuve Jai et ses camarades sont bouleversants : utiliser la voix de Jai pour raconter cette histoire, cette enquête que nul autre n’a voulu mener, est habile , judicieux et efficace. Bien évidemment un enfant de neuf ans n’a pas une capacité d’analyse aussi pertinente dans la réalité, mais il suffit d’imaginer que Jai nous raconte à l’âge adulte l’histoire qu’il a vécu enfant… Quelle lecture! L’empathie a pour moi été totale avec ces enfants, j’ai été transportée au cœur de ces familles, dans ce dédale de ruelles sombres, dans la cacophonie de sons et de couleurs du marché de Bhoot Bazar, moi qui je l’avoue n’avais pas plus de connaissance que cela de ce pays. Une communauté où l’on ne se considère pas victime de ses conditions de vie, preuve en est de ces enfants qui manifestent une grande joie de vivre, beaucoup d’aplomb et de vivacité. Le récit au demeurant sombre et sordide de Jai n’est d’ailleurs pas dénué d’humour, c’est également ce qui rend ces personnages si attachants.
Le quotidien de ces familles est particulièrement bien décrit, on comprend rapidement que le système nuit à l’éducation des enfants: les mères « occupées à garder les gosses des riches », les pères violents et alcooliques, la facilité avec laquelle les enfants font l’école buissonnière et le fait de devoir travailler très jeune pour compléter les revenus du foyer… L’auteur connait son sujet: journaliste à Bombay et Dehli, Deepa Anappara a consacré plusieurs reportages à l’impact de la pauvreté et des violences religieuses sur l’éducation des enfants. Les conflits hindous, pakistanais et musulmans gâtent les relations jusque dans les cours d’école, et pourtant ces familles aux religions si diverses vont être unies dans le malheur…
Une écriture très cinématographique : au cours de ma lecture, j’ai eu l’impression de voir défiler les images d’un film, et j’aimerais que ce livre soit un jour adapté au cinéma : il le mérite vraiment. Ces enfants le méritent. Ce livre est une réussite que je vous conseille vivement de découvrir. Un immense merci aux Editions Presses de La Cité et à Net Galley pour cette lecture !
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