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David Koepp propose un thriller bactériologique bien ficelé et aux personnages attachant. Un fongus extrêmement letal s'échappe d'un complexe de stockage et essaye de se développer en trouvant des hôtes... Il peut détruire à lui seul l'humanité entière....
Vu la période sombre que nous vivons, j’alterne mes lectures de manière spectaculaire. Soit je suis dans le sombre absolu, soit dans le feel-good quasi. Ici, avec « Chambre froide », c’est un peu un thriller d’anticipation de circonstances. Comme nous à l’heure actuelle, on fait face dans ce livre à une maladie mortelle mais sous la forme d’un champignon, hautement léthal.
En 1987, ce fongus fait une première apparition au fin fond de l’Australie après être revenu de l’espace dans la station spatiale Skylab. Alors que ce champignon raye de la carte un village australien, il est mis à l’isolation dans un abri militaire aux Etats-Unis. Alors que ce poison aurait pu y rester des siècles, voilà que ce complexe militaire est vendu à une société privée. Près de 33 ans plus tard, le champignon est loin d’être éteint et des employés de la société privée se rendent compte qu’il se passe quelque chose d’étrange au sein des bâtiments.
Grande amatrice du genre, je dois avouer que je ne m’attendais pas tout à fait à cette lecture. Je pensais vraiment me plonger dans une histoire très sombre, très post-apocalyptique où les gouvernements doivent mettre en place toutes les procédures militaires en vue de sauver le monde. Oui, l’histoire commence bien avec des militaires (personnages indispensables à ce genre) mais une fois la première partie déroulée, on se retrouve quasi plus dans un film d’un Quentin Tarantino qu’à un héritier de Word War Z.
Les situations sont parfois cocasses, voire même burlesques. Cela a été vraiment une surprise pour ma part. Ensuite, il ne faut pas se mentir : vu le pedigree de l’auteur David Koepp, scénariste de « Jurassic Park » et de « La guerre des mondes », le récit est très imagé, digne d’une production hollywo-odienne. L’adaptation entre le livre et le film ne devrait pas nécessiter beaucoup de travail. Moi qui suis très visuelle, c’est un élément qui m’a beaucoup plu.
David Koepp s’est intéressé à la matière décrite dans son livre et s’est bien documenté. On y retrouve des éléments scientifiques, sans que cela devienne soporifique pour autant. Vu son passé de scénariste avant l’écriture, il sait clairement où doser des flashbacks utiles ainsi qu’une bonne dose de suspens. Mettre en avant des personnages qui sont aux antipodes des héros habituels est une originalité plaisante, tout comme le fait de personnifier en quelque sorte ce champignon qui n’a qu’un seul but, contaminer le plus d’êtres vivants possible.
Véritablement, je ne me suis pas ennuyée dans ma lecture mais le fait de me retrouver à un genre assez éloigné de ce que à quoi je m’attendais a eu un effet quelque peu déstabilisant pour moi. C’est le genre de livre qui permet de passer un bon moment (comme un film au cinéma) mais qui ne restera pas forcément dans les annales de l’inoubliable.
Merci aux éditions Harper Collins Noir pour leur confiance.
Chambre Froide, Cold Storage en version originale parue en 2019, a été publié par les éditions Harper Collins en 2019 pour la traduction française, dans la collection Harper Collins Noir. Le ton est léger, oscillant entre sarcasme et parodie: "Alors qu'il se tenait sur le toit, à essayer de comprendre ce qui était arrivé aux habitants de ce village condamné, le champignon s'affairait entre les crampons de la botte droite du Dr Héro Martins. Cette semelle de caoutchouc rigide entre la botte et le pied de la scientifique constituait un obstacle, et s'il y avait bien une chose que Cordyceps novus détestait, c'étaient les obstacles." (Page 45). Le ton parfois désinvolte empêche le lecteur de prendre la menace, pourtant bien réelle, au sérieux, comme dans les farces: "Le nirvana, pour Cordyceps novus. La botte, aussi ample que le reste de la combinaison Hazmat, avait été conçue pour favoriser la circulation de l'air et ainsi empêcher son porteur de surchauffer à l'intérieur. L'appareil respiratoire abritait un petit ventilateur pour la diffusion de l'oxygène, ce qui signifiait qu'un flux constant d'O2 irriguait en permanence l'intérieur de la combinaison. Des filaments de fongus reconnaissants se muèrent en vrilles délicates qui se laissèrent porter vers le haut par un courant chaud de CO2, et atterrirent discrètement sur la peau de la jambe nue droite de Héro." (Page 49).
1987. Trini et Roberto, membres de l'Air Force, détachés auprès de la DNA, l'Agence de défense nucléaire américaine, partent en mission en Australie avec le Dr Martins. Suite à la chute de débris de la station spatiale Skylab, dans le désert de Gibson, près d'un village isolé du nom de Kiwirrkurra Community, la Nasa reçoit un message: quelque chose de bizarre serait sorti du réservoir d'oxygène auxiliaire de la station.
Six ans plus tard, les gens du village ont commencé à mourir comme des mouches, leurs corps atrocement mutilés. Il semblerait que le champignon contenu dans le réservoir ait été réactivé et modifié génétiquement par l'environnement chaud du désert, favorable à sa croissance, devenant ainsi extrêmement dangereux: "Tous ceux qui ont été en contact avec lui sont morts. Le taux d'attaque secondaire est lui aussi total, le temps de génération immédiat et la période d'incubation...on ne sait pas, mais de moins de vingt-quatre heures, ça ne fait aucun doute." (Page 48).
Trini, Roberto et le Dr Martins arrivent trop tard pour sauver les habitants, mais néanmoins juste à temps pour prélever un échantillon du champignon tueur. La zone est entièrement détruite par le feu, éradiquant définitivement, pense-t-on, la terrible menace.
2019. Trente-deux ans plus tard, deux employés d'un complexe de stockage situé en Arizona, sont témoins d'une activité suspecte au quatrième sous-sol. Roberto, désormais à la retraite, est envoyé sur place afin d'évaluer la réalité d'une menace et de faire son rapport. Personne ne se doute que l'arme bactériologique la plus mortelle vient de se réveiller...
Chambre Froide est sans conteste un thriller apocalyptique bien ficelé dont le scénario donne froid dans le dos, justement parce que ce n'est pas de la science-fiction. Un tel péril n'est, finalement, pas si éloigné de nous que nous voulons bien le croire.
Toutefois, mon enthousiasme pour ce roman est mitigé par les nombreuses digressions qui freinent le déroulement de l'intrigue et les termes et explications parfois trop scientifiques.
Le +: l'humour grâce auquel David Koepp désamorce l'angoisse latente qui s'empare du lecteur dès qu'il laisse son imagination s'emparer du scénario afin d'en faire une réalité. Notamment les aléas des mutations de Cordyceps noveus, ce champignon mutant qui se comporte comme s'il avait une conscience: "Dans la combinaison de Héro, Cordyceps noveus trouva ce qu'il cherchait: une petite égratignure."..."Alors qu'ils se tenaient sur le toit, à essayer de comprendre ce qui était arrivé aux habitants de ce village condamné, le champignon s'affairait entre les crampons de la botte droite du Dr Héro Martins." (Page 45)
Pour ceux qui ne connaîtraient pas l'homme, David Koepp est l'un des scénaristes américains les plus populaires de l'autre côté de l'Atlantique. On lui doit rien moins que les scénarios de "Jurassic Park", "La guerre des mondes" ou le "SpiderMan" de Sam Raimi. Il est également passé à plusieurs reprises derrière la caméra même si l'on retiendra surtout "Fenêtre secrète", adaptation de la nouvelle de Stephen King "Vue imprenable sur jardin secret" avec un certain Johnny Depp dans le rôle principal.
Inutile de vous dire que je n'ai pas hésité une seule seconde à jeter mon dévolu sur son premier roman lorsque Babelio l'a proposé dans le cadre d'une opération Masse Critique, d'autant plus qu'il s'agissait des épreuves anticipées de "Chambre froide" et que j'allais donc le découvrir avant tout le monde.
Si certains éditeurs aiment brouiller les pistes et ne pas trop en dévoiler, chez Harper Collins, on entre tout de suite dans le vif du sujet. Pas de tromperie sur la marchandise ! Avec la première de couverture et le résumé de la quatrième, on sait immédiatement où l'on va mettre les pieds : dans un thriller apocalyptique. C'est accrocheur, à l'image du slogan qui précède le résumé "S'il est sur vous, il est déjà trop tard" mais surtout cela s'accorde parfaitement avec la plume de David Koepp.
Comme je le disais plus haut, l'homme a fait ses armes dans le cinéma et cela s'en ressent, tant dans le développement des personnages, étoffés mais pas trop que dans le découpage de l'histoire qui donne l'impression d'être face à une succession de scènes. Koepp essaie pourtant de prendre ses distances avec la forme narrative qui l'a fait connaître, en laissant au fongus l'opportunité de nous faire part de ses états d'âme et de dévoiler ses plans, ou en multipliant les détails sur les forces gouvernementales à grand renfort de description du matériel militaire ou des procédures, une bonne manière de donner du liant à l'ensemble.
"Chambre froide" est en apparence un thriller efficace, équilibré avec sa dose d'action, de suspense, de romance, bref une oeuvre calibrée. Pas de retournement de situation à signaler, tout est limpide, presque prévisible si ce n'est quand "Chambre froide" dérive du côté de la série-b - encore une analogie au cinéma, je sais - lorsque Mike puis les motards entrent en scène. Cela renforce l'originalité du récit même si certains passages - la manière dont Mike entend contaminer Teacake et Naomi - m'a semblé un peu kitsch. Est-ce un parti-pris de l'auteur ? Quoi qu'il en soit, cela modifie quelque peu la donne et rend ce premier roman plus attachant.
Le fait de mettre sur un pied d'égalité l'efficace, mais sans aspérités Roberto et deux "paumés" qui se retrouvent sans le vouloir dans une cauchemar apocalyptique renforcent l'intérêt du roman même si, à mon sens, je trouve qu'il manque un supplément d'âme à l'ensemble des personnages. On est content de faire leur connaissance, mais on n'a pas forcément envie de mieux les connaître.
Je ressors donc mitigé de cette lecture qui m'a diverti, mais ne m'a pas complètement convaincu. Est-ce le sujet ou le traitement qui en est fait ? Un peu des deux sans doute.
Merci à Babelio ainsi qu'à Harper Collins de m'avoir permis de découvrir en avant-première le premier roman de David Koepp.
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