"La noirceur des âmes était aussi intense que les couleurs de la nature étaient belles..."
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"La noirceur des âmes était aussi intense que les couleurs de la nature étaient belles..."
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Quel est le rôle d'une librairie indépendante ? Réponse dans cet épisode...
Ce qui m’a frappé, dans ce roman, c’est que souvent les personnages sont pieds nus chez eux, dans leur jardin…
J’ai aimé suivre Vess, la grand-mère qui habite la petite ville depuis toujours, comme ses parents avant elle. J’ai aimé son amitié avec le sheriff blanc qui date de leurs années d’école.
J’ai eu plus de mal avec sa petite fille Toya qui rue dans les brancards et affiche, grâce à son art, le passé raciste de la ville.
J’ai aimé l’adjoint Ernie qui tente de retrouver un carnet contenant des noms de hautes personnalités du Klan.
J’ai aimé l’image du serpent dans la boîte à chaussures laissé dans la cuisine de Vess : ce n’est pas parce qu’elle n’ouvre pas la boîte que le serpent n’est pas là (ce n’est pas parce que l’on ne parle pas de racisme qu’il n’est pas présent).
J’ai aimé que l’auteur m’explique le point de vue des Blancs sur le drapeau confédéré : ça n’a rien à voir avec la guerre de Sécession mais avec le fait d’être né dans le Sud (p.140).
J’ai aimé le travail d’artiste de Toya, son travail de fin d’étude qui retrace la lignée des émotions depuis son arrière-grand-mère jusqu’à elle. J’ai aimé ses tenues colorés.
J’ai eu de la peine pour le sheriff qui ne comprend pas les questions soulevées par Toya. Il cherche, pourtant, mais ne peut se résoudre à ce que cette jeune fille perturbe le calme de sa ville.
Un roman foisonnant sur le racisme ordinaire et les clichés qui nous empêchent de voir la réalité.
Quelques citations :
La vérité, inspectrice, c’est qu’il ne faudrait pas qu’un Noir perde la vie pour que vous regardiez enfin la réalité en face, que vous ayez un éclair de lucidité. (p.281)
… la façon dont partout ailleurs dans ce pays les gens veulent croire que le Sud a comme qui dirait le monopole du racisme. Comme si ça existait qu’à un seul endroit. Mais j’ai un scoop pour toi, cette saloperie est aussi américaine que la Bud light et le base-ball. (p.343)
L’image que je retiendrai :
Celle de Vess attachée à son potager et à sa terre.
https://www.alexmotamots.fr/les-deux-visages-du-monde-david-joy/
Découvert avec son très prometteur premier roman « Là où les lumières se perdent » (2016), David Joy est désormais une voix qui compte dans le paysage littéraire anglo-saxon.
En cette rentrée littéraire de l'automne 2024 est édité son cinquième livre qui se déroule en 2019.
Étudiante afro-américaine en arts à Atlanta, Toya Gardner revient à Cullowhee, petite ville située au cœur des montagnes de Caroline du Nord sur la trace de ses ancêtres. Elle réside chez Vess, sa grand-mère.
Elle exprime sa sensibilité artistique et sa volonté de dénoncer l'histoire esclavagiste de l'état du Sud des US en réalisant une performance rappelant, qu'en 1929, l'église épiscopalienne méthodiste africaine de Sion et le cimetière dans lequel des Noirs étaient enterrés avaient été déplacés pour y construire une annexe de l'université.
Ce geste, qui atteste de la portée subversive de l'art, fut suivi d'autres actions, comme le barbouillage d'une statue à la gloire des Confédérés, qui dérangèrent une bonne partie de la population qu'on replongeait dans son passé peu glorieux.
Au même moment, Ernie Allison, adjoint du shérif du comté de Jackson, arrête un ivrogne tout droit sorti du Mississippi. Dans sa voiture, il trouve la parfaite panoplie du soldat du KKK et un carnet contenant les noms de notables locaux.
La première partie se termine par deux crimes qui font basculer le récit dans une autre dimension.
En lisant la quatrième de couverture des « Deux visages du monde », on imagine lire un énième récit sur le racisme systémique qui prévaut aux States, notamment dans les états du Sud.
Par rapport aux récits bien établis, David Joy prend un chemin différent en insistant sur l'intériorisation par les Blancs du mépris envers les Noirs.
Comme si la domination se transmettait génétiquement de génération en génération, en toute impunité, presque inconsciemment. Comme si les Blancs étaient aveugles, grâce à leur étonnante capacité de déni révisionniste, aux petites humiliations qui frappent les Afro-Américains.
Et ceux qui se déclarent ouverts d'esprit ne sont pas forcément meilleurs que les suprémacistes qui revendiquent leur supériorité...
Avec ce roman noir, l'auteur illustre magistralement la persistance des fractures qui gangrènent la société américaine. N'en déplaise à ceux qui pensent que les relations raciales se sont apaisées. Le racisme est tout simplement peut-être plus insidieux.
La récente élection de l'homme orange en est la preuve éclatante.
Pour incarner sa subtile démonstration, l'auteur a construit des personnages forts détestables ou honorables. Parmi les seconds, il y a la figure de Vess, la formidable grand-mère de Toya à la colère intérieure et qui porte en elle tout le poids de l'arrogance des Blancs et aussi Leah, la courage inspectrice qui ne se laisse pas intimider par les partisans du statu quo
EXTRAITS
Il ne s'agissait pas simplement du sang que la Confédération avait sur les mains […]. C'était l'héritage, la plaie béante qui continuait de saigner près de cent cinquante ans après les faits.
La méchanceté de ce monde était sans fin, sans limite. Il y avait toujours une noirceur encore plus noire.
http://papivore.net/litterature-anglophone/critique-les-deux-visages-du-monde-david-joy-sonatine/
Toya Gardner, une jeune sculptrice afro-américaine, est de retour dans sa ville natale, une petite bourgade de Caroline du Nord, avec la ferme intention de dénoncer le passé esclavagiste de la région. Pour cela, elle se livre à plusieurs actions contestées par les locaux et déclenche de graves tensions au sein de la communauté. Dans le même temps, un jeune policier arrête lors d’un contrôle un voyageur venant du Mississipi, qui transporte dans son véhicule la tenue de membre du Ku Klux Klan ainsi qu’une liste contenant les noms de notables de la région. Le lendemain, le mystérieux carnet a disparu.
Je découvre cet auteur après avoir lu plusieurs belles chroniques au sujet de ses romans. Son style m’a beaucoup plu, l’écriture aérienne de certains passages mettent brillamment en valeur le lien qui unie Toya à Vess sa grand-mère maternelle. Les lignes deviennent magiques, habitées d’une beauté transcendante. J’ai apprécié le personnage de Toya, une artiste qui considère l’art comme instrument de transformation sociale. Elle impose au spectateur une participation active, dans le but de transmettre un message. La région dont elle est originaire est marquée par la ségrégation raciale, dont a été victime sa propre famille et son combat pour la quête de pardon et de reconnaissance est implacable. Le sujet résonne toujours aujourd’hui, peut-être même plus que jamais, alourdi par le poids de siècles de discriminations. Certains passages de ce roman offrent une profonde réflexion sur le suprémacisme blanc et sur l’omerta qui durant de longues années a empêché les noirs de s’exprimer sur leur condition.
Toutefois l’intrigue m’a semblée peu convaincante dans son dénouement, je n’ai pas adhéré à celui-ci car j’attendais que les évènements prennent une autre tournure. Il y a un meurtre et une agression, une enquête menée par une inspectrice sympathique mais les explications manquent de clarté, comme s’il avait manqué quelque chose à l’auteur pour parfaire ce qu’il avait brillamment commencé. Ce ne sont que mes impressions, et je n’hésiterai pas à l’avenir à lire David Joy car son style m’a énormément plu. Je remercie les Editions Sonatine via Netgalley pour cette lecture.
J'aime dans les romans américains leur capacité à nous faire mieux comprendre la société américaine actuelle. A aller plus loin que nos clichés d'européens, à décrypter ce qui se joue vraiment dans cette Amérique profonde. Et à cet exercice, David Joy est une valeur sûre. Dans chacun de ces romans, il nous transporte au coeur des petites villes de cet immense pays, nous aidant ainsi à en comprendre la complexité.
Ici direction la Caroline du Nord, un état du sud est des Etats Unis. Alors qu'elle vit à Atlanta, Toya une jeune artiste afro américaine revient dans la petite ville de cet état où vit encore sa grand mère et d'où sont originaires ses ancêtres. Choquée des relents de racisme encore très présents dans cette ville sudiste, elle décide de monter une action pour éveiller les consciences. Mais elle est loin d'imaginer les conséquences de cet acte sur la communauté toute entière.
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J'ai dévoré ce roman et encore une fois David Joy a fait mouche. Par l'intrigue qu'il tisse dans ce roman, dense, addictive et passionnante, à l'issue aussi surprenante qu'insoupçonnable. Par ses personnages, soit attachants, soit détestables mais tous complexes et dépeints avec réalisme et finesse. Par les thèmes abordés enfin, éclairants sur l'état de la société rurale américaine autant que glaçants et inquiétants à l'aube des futures élections. Le titre en cela est explicite. Les deux visages du monde, soit les deux visions de la société qui s’opposent et s'affrontent. D'un côté les nostalgiques du temps des confédérés, qui réfutent la qualification de racistes mais qui revendiquent le suprémacisme blanc. Des thèses que l'on pourrait croire d'un autre temps mais encore bien présentes dans ces états du sud où le Ku Klux Klan continue de faire des adeptes. Il avance masqué et ses méthodes ont changé mais ses idées elles sont toujours là. En face, des activistes, déterminés à faire évoluer les mentalités, ou des personnes qui réalisent à leur corps défendant que ne pas combattre ces idées c'est les accepter. « Ce que je sais, c'est qu'il y a tout un tas de gens, y compris des gens bien intentionnés, qui sont plus gênés par le mot “raciste“ qu'ils ne le sont par le racisme. Il y a tout un tas de gens qui se préoccupent davantage d'être traités de racistes que de s'attaquer à la chose instituée. »
Un roman noir à l'écho sinistre dans ces temps de replis identitaires, sûrement un de mes préférés de l'auteur.
« Tu sais, ça m'a toujours fait mal, la façon dont partout ailleurs dans ce pays les gens veulent croire que le Sud a comme qui dirait le monopole du racisme. Comme si ça existait qu'en un seul endroit. Mais j'ai un scoop pour toi, cette saloperie est aussi américaine que la Bud Light et le base-ball. »
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