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Une étrange explosion a détruit une partie de la digue de Cherbourg.
Est-elle liée à la récente démolition du quartier populaire des Provinces ou aux chantiers de l’Arsenal, où l’on démantèle un sous-marin nucléaire ? Un adolescent prétend que Paul, un de ses amis a disparu lorsque la digue s'est effondrée dans la mer. Pourquoi alors la mère de Paul ne porte-t- elle pas plainte ? Bien que l'affaire soit vite classée « secret défense », Frédérique, inspecteur de police tente d'enquêter autour de cette disparition.
Cette fiction très documentée est profondément ancrée dans la réalité géographique et économique de Cherbourg et de ses environs. N'oublions pas qu'y sont implantées l'usine de retraitement des déchets nucléaires de la Hague et la Centrale nucléaire de Flamanville.
Son auteur a su saisir avec justesse les enjeux politiques et sociaux qui en découlent et bien qu'étranger à la région il a su pénétrer l'âme de cette ville, ce qui justifie le Prix littéraire de Cotentin qui lui a été attribué en 2019 .
Je me suis sentie happée dès l'ouverture du roman, où s'installe un étrange climat d'angoisse sourde et j'ai suivi avec attention ( car je connais bien Cherbourg ) les déplacements des personnages, retrouvant au passage des lieux familiers. Je comprenais les enjeux de l'omerta qui voulait s'installer sur cette affaire .
Le roman « me parlait », comme on dit !
Toutefois, dès que l'onirisme s'est introduit dans l'enquête, dès que le chimérique a teinté le réel, je me suis sentie déstabilisée. La brièveté de l'ouvrage (180 pages) ne m'a pas permis de m'installer dans cette autre dimension. Il a fallu l'accepter sans avoir assez d'éléments pour la comprendre.
Je suis sortie un peu déçue de la lecture de ce roman d'atmosphère où le « secret défense » se mêle aux histoires de famille mais je ne la regrette pas . Comment rester insensible à un roman qui a pour cadre la ville où vous avez passé votre jeunesse et dans laquelle vous aimez à revenir ?
En nommant son roman Cherbourg, Charles Daubas a placé la barre très haut. Pourquoi ? Parce qu’on s’attend à lire un Total Khéops made in Cotentin. Or, ce que Jean-Claude Izzo avait magistralement réussi avec l’histoire de Fabio Montale, Charles Daubas ne fait que l’effleurer avec son thriller sur la rade. D’où une légère frustration. J’aurais aimé en savoir plus sur cette ville portuaire que le secret défense et le mauvais temps isolent du monde, à l’exception notable d’une comédie musicale que nos petits-enfants ne verront jamais. Il y a quelques réussites, cependant. Charles Daubas parvient à nous inculquer une angoisse diffuse, un sentiment de malaise où vient se nicher idéalement le mystère sur lequel enquête la commissaire, Frédérique, personnage atypique et attachant. À Cherbourg, la résignation peut vite se transformer en cynisme. Le danger est omniprésent, monstrueux parce qu’invisible. Chez les militaires, les exploitants de la centrale nucléaire, parmi les ouvriers des chantiers, dans les filets des pêcheurs. Et partout, on étouffe la menace. Qu’est-ce qui peut conduire une population entière à dissimuler une cause vicieuse de mortalité ? Il faut que l’attachement à la terre (à la mer) soit viscéral pour lui pardonner de vous empoisonner. On touche à l’aveuglement et au masochisme collectif. Même si la symbolique est parfois trop voyante, j’ai aussi trouvé intéressant le thème du refus de l’enfant. Une façon de dire que certains ont ouvert les yeux ou, a contrario, et c’est déprimant, que la résignation dont je parlais plus haut conduit au renoncement. Un bon premier roman donc, et un auteur qui mérite d’être attentivement suivi.
Il est impossible de ne pas être saisi par l'atmosphère dégagée par les premières pages de ce roman. "Depuis la mer, on dirait tout juste une ville. Un rivage étendu de maisons blanches qui écarte les bras pour tenter d'attraper ce qu'il peut de l'océan. Le corps atrophié, à peine ancré à la terre, Cherbourg convoite l’horizon et la mer de ses deux membres immenses, de type de pierre élancées au milieu des flots."
Quand une explosion se produit durant l'été 2012 sur un bout de digue, une cape de silence est déployée. Il faut dire que les chantiers de l'Arsenal abritent le démantèlement de certains de sous-marins et qu'un peu plus loin, les drôles d'usines de La Hague traitent des déchets radioactifs.
Mais un adolescent affirme que son copain Paul a disparu lorsque la digue a été avalée par la mer. Pourquoi la mère de Paul ne veut-elle pas porter plainte ? D'où viennent les blocs de béton soudainement émergés?
Très vite déchargée de l'enquête pour cause de secret défense, Frédérique inspectrice de police ne veut pas lâcher le morceau. Officieusement, elle continue ses investigations et tente d'y voir un peu plus clair.
L'ambiance quasi hypnotique, les descriptions si justes et le suspense m'ont harponnée et ce malgré quelques maladresses (notamment dans les dialogues et avec une histoire secondaire mal bricolée).
Amenant des des réflexions sur les activités liées au nucléaire, Charles Daubas insuffle à merveille la vie à cette rade, un personnage à part entière et énigmatique qui dévoile en partie son âme.
Apre et singulier, ce premier roman est prenant et le dénouement en surprendra plus d'un.
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