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"La veuve des Van Gogh".
Titre évocateur puisque le "des" Van Gogh met en exergue le récit de ce court roman où l'on va découvrir l'importance du rôle qu'a tenu Johanna Van Gogh, la femme de Théo, afin de faire connaître dans le monde de l'art l'oeuvre magistrale de son beau-frère Vincent.
Johanna n'aura rencontré son beau-frère que quatre jours durant sa vie, elle n'aura cependant de cesse que de se battre pour en promouvoir les oeuvres. On peut interpréter ce combat par l'amour qu'elle a porté à son mari, alors que dans ce duo fusionnel entre les deux frères elle n'a eu aucune place...
Quel plus bel hommage cette femme aurait-elle pu rendre à son mari, le torturé d'avoir perdu sa raison de vivre, si ce n'est en mettant en lumière aux yeux du monde le génie artistique de ce frère adoré?
Magnifique résilience
Ce court roman fait le récit des 3 années vécues par Johanna Van Gogh Bonger après la mort de son beau-frère Vincent : l'agonie de Théo son mari, qui la laisse avec un enfant en bas âge, la plongée dans les centaines de lettres envoyées par Vincent Van Gogh à son frère Théo qui lui font découvrir l'artiste, la démarche qu'elle entreprend pour à la fois prendre sa vie et celle de son fils en main et faire reconnaitre le talent de Van Gogh.
Après la lecture récente de La valse des arbres et du ciel de JM Guénassia, ce roman, qui mêle des passages du journal intime de Johanna au récit de cette période de sa vie, donne envie de découvrir la correspondance de Vincent Van Gogh.
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2017/10/la-veuve-des-van-gogh-de-camilo-sanchez.html
Après avoir dévoré deux titres passionnants sur les derniers mois de la vie de Vincent Van Gogh (La valse des arbres et du ciel de Jean-Michel Guenassia et surtout Vincent qu'on assassine de Marianne Jaéglé ) la lecture de ce nouveau roman s'imposait à moi. Camilo Sanchez, un auteur argentin, y relate les mois qui ont suivi la mort de Vincent et la façon dont Johanna Van Gogh a fait connaitre l’œuvre de son beau-frère.
Johanna Van Gogh, la femme de Théo, tenait un journal intime, elle y a fixé les moments importants de sa vie. Ce journal a constitué un précieux matériau pour l'auteur qui entrecoupe son récit d'extraits des écrits de la jeune femme.
La mort de Vincent marque le début de la chute de Théo tellement les deux frères étaient liés. Théo reste replié dans son deuil dans son appartement de Montmartre, entouré des cinq cent tableaux réalisés par son frère. Il veut monter une exposition consacrée à Vincent et réaliser une biographie de Vincent, il relit et classe les lettres que lui a envoyées son frère, passe ses journées au lit, ne va plus travailler à la galerie et culpabilise terriblement de ne pas avoir pu le sauver.
Johanna, l'épouse de Théo, une jeune femme de 28 ans, n'a rencontré son beau-frère qu'à une seule occasion deux mois plus tôt, ils ont passé seulement quatre jours ensemble. C'est une femme cultivée qui a suivi des cours de littérature anglaise et qui a accouché d'un petit garçon, prénommé Vincent quelques mois plus tôt. Un prénom à la triste histoire car Vincent Van Gogh avait hérité du prénom de son frère mort un an jour pour jour avant sa naissance "Il a grandi en déposant des fleurs sur une tombe où il lisait son nom et la date de son anniversaire"
La maladie rattrape vite Théo. Atteint de la syphilis, il sombre dans la démence et meurt six mois après son frère ainé en Hollande où Johanna a trouvé refuge auprès de sa famille. Théo ne pouvait pas survivre à son frère tellement la relation qui les unissait était forte, c'était une sorte d'amour inconditionnel, un lien malsain. Van Gogh a fait des crises psychiatriques à chaque nouvelle étape de la vie de Théo, lors de ses fiançailles, lors de l'annonce de la grossesse de Johanna et à la naissance du petit Vincent, il vivait ces étapes comme un abandon accentué par la crainte de perdre la rente mensuelle que lui versait Théo.
Veuve à moins de trente avec un fils de tout juste un an, Johanna va dans un premier temps se plonger dans la correspondance entre les deux frères. En effet Théo possédait 651 lettres de Vincent qu'il n'avait jamais fait lire à son épouse, datées de 1873 à 1890, Van Gogh avait la dernière sur lui le jour de sa mort. Johanna y découvre la condescendance de Vincent envers Théo qui s'est pourtant sacrifié pour lui mais surtout, en élaguant un peu le contenu des lettres des considérations matérielles, elle en fait ressortir une valeur poétique qui l'enthousiasme "Van Gogh écrit comme il peint" et peu à peu s'immerge dans la peinture de son beau-frère et en découvre les clés de compréhension.
Johanna est une femme déterminée qui doit faire face aux critiques, au désintérêt de sa belle-famille et à l'incompréhension de son père qui ferait bien du bois de chauffage des toiles de Vincent et qui doit résister à des fanatiques qui viennent lui rendre visite pour brûler les tableaux du peintre aussi bien à Paris juste après sa mort qu'en Hollande "des religieux qui voient les signes du démon dans ces toiles", selon eux les toiles porteraient malheur à cause du suicide de Vincent et de la mort de son frère... Rappelons que de son vivant Van Gogh n'a vendu que deux tableaux à Bruxelles et n'a eu que deux critiques élogieuses dans la presse.
Johanna a alors une idée fabuleuse pour faire connaitre l’œuvre de Van Gogh : elle ouvre une pension de famille à Bussum près d'Amsterdam, la Villa Helma dont elle orne les murs d'environ 300 toiles de Van Gogh. Parallèlement elle accomplit un immense travail d'édition des lettres qu'elle traduit et a l'idée de joindre certaines lettres aux toiles et aux dessins "pour que l'on comprenne que chez Van Gogh chaque coup de pinceau reposait sur un langage" , la lettre constituant le "corps théorique" du tableau. Elle publiera ces lettres en intégralité en 1914 soit 24 ans après la mort des deux frères.
Ce roman raconte donc dans sa première moitié les quelques mois qui ont séparé la mort des deux frères Van Gogh entre le 29 juillet 1890 et le 25 janvier 1891, date de la mort de Théo puis dans une deuxième moitié comment Johanna a fait sortir de l'ombre l’œuvre de Van Gogh. Ce titre est un complément indispensable aux deux précédents livres que j'ai lus sur ce peintre car je m'interrogeais sur la façon dont Van Gogh était sorti de l'anonymat.
Dans ce roman j'ai découvert une femme extraordinaire qui a fait preuve d'un immense courage et d'une belle clairvoyance alors qu'aucune personne de la famille de Van Gogh n'avait pris conscience de l'héritage artistique laissé par le peintre. Johanna a su affirmer sa volonté et sa détermination guidée plus par l'intérêt artistique que par un quelconque intérêt financier et s'est montrée fidèle aux instructions que Van Gogh avait laissées à son frère dans ses lettres "exposer tout ce que l'on peut, vendre le nécessaire pour continuer d'exposer et réserver si possible la plus grande part de son œuvre aux musées"
J'ai trouvé ce roman passionnant, sa couverture magnifique et son titre parfaitement adapté. Il n'a qu'un seul défaut à mes yeux : il est trop court... C'est un très bel hommage à une femme qui a changé la face de l'art contemporain.
Après Vincent qu'on assassine et la valse des arbres et du ciel, je découvre une nouvelle facette de l'histoire de Van Gogh avec ce livre sur Johanna la femme de Théo. L'auteur cette fois, nous fait un récit très documenté qui débute après juste après la mort de Vincent Van Gogh. Pas de romance ni de récit imaginaire, l'auteur nous précise chaque pan de l'histoire en indiquant ses références. Un livre très intéressant et complémentaire aux deux autres que j'ai beaucoup aimé.
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