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Typiquement le genre de roman que publie la collection Terres d’Amérique et qui en fait son succès.
August en est le personnage principal. Il grandit dans une ferme laitière du Michigan mais le jour où ses parents se séparent, August suit sa mère dans le Montana.
Couvrant la période de ses douze à ses dix-neuf ans, ce roman témoigne simplement des traumatismes et des petits bonheurs qui nous construisent.
Il explore les courants contraires qui façonnent la vie d'August, pris entre sa mère et son père, entre la ferme du Michigan et les grands espaces du Montana, amené à choisir entre son intellect (suivre le troupeau à l'université) et ses muscles (travailler dans un ranch), entre inventer sa propre vie ou se laisser porter par les évènements.
Un roman presque sans intrigue, lent et contemplatif, avec un personnage assez insaisissable, renfermé, stoïque mais douloureusement humain.
C’est juste le drame minutieux du passage à l’âge adulte, captant l’indicible et la dynamique familiale par petites touches avec une lucidité implacable. Pas de dialogue ou de descriptions maladroites. Certaines personnes pourront avoir un problème avec le rythme, mais ce n'est jamais ennuyeux ou prévisible. Un regard émouvant sur le fait de grandir au cœur de l'Amérique.
Traduit par Michel Lederer
D’emblée, je me suis sentie chez moi, dans les phrases de Callan Wink, son univers m’était familier (et pas seulement parce que j’avais lu ses nouvelles), j’étais bien, avec cette envie de ne pas quitter August, d’aimer le regarder vivre, grandir, comprendre, se perdre, se retrouver, hésiter.
D’une nouvelle nommée Les respiriens, dans son excellent recueil Courir au clair de lune avec un chien volé, Callan Wink a déroulé l’histoire de ce jeune adolescent, qui va suivre sa mère dans le Montana.
Il tuait des chats pour se faire un peu d’argent dans la nouvelle, il deviendra un très bon footballeur, puis il travaillera dans une ferme sans compter ses heures, il apprendra à danser, il se soulera, il aimera, il se bagarrera, il donnera de temps en temps des nouvelles à ses parents sans leur raconter grand-chose de sa vie. Ça ne parait pas bien enthousiasmant, en le racontant comme ça.
Et pourtant !
Ce roman je l’ai dévoré à grandes lampées sur certains passages, je l’ai dégusté à petites doses sur d’autres pour finir par engloutir les cent dernières pages d’une traite. Pas de suspense, pas d’événements majeurs (peut-être un événement marquant par sa violence et qui va déstabiliser August…). Mais sinon, rien de tout ça. En revanche, une ambiance, une sincérité, une authenticité. La difficulté pour August de se lier aux autres, sa manière d’appréhender sa vie, sa quête personnelle, ses rencontres, tout est captivant. Je le répète, je me suis sentie extrêmement bien à naviguer entre les actes du quotidien du personnage, ses maladresses, sa fragilité et en même temps sa détermination.
Roman initiatique, roman d’un adolescent un peu perdu dans une Amérique qui vient de subir les attentats du 11 septembre, roman d’un amoureux de la nature, qui n’hésite pas à travailler tous les jours dans un ranch au bout du monde. Une vraie grande réussite. Simple et efficace. J’en redemande.
« Il commençait à penser que l'enfance n'est en réalité qu'une série de problèmes propres à chacun, et que ce que la plupart des gens appellent vivre consiste juste à essayer de comprendre après coup ce qui leur est arrivé. »
Le héros éponyme de Callan Wink traverse les vastes étendues du Midwest américain, de la ferme laitière paternelle du Michigan à la ruralité du Montana. Dans ce délicat roman initiatique, on le suit de ses douze ans à l'entrée dans la vingtaine, on le voit se construire seul, tracer sa route alors que son père le pousse à reprendre son exploitation et que sa mère veut qu'il aille à l'université. Il apprend sur lui, il apprend sur son pays, il apprend à devenir adulte en Amérique.
Il y a beaucoup de temps et d'espace dans ce récit divisé en épisodes tranquilles. le rythme est parfois un peu fade pour ceux qui comme moi recherchent plus de noirceur ou de muscle dans un roman, mais à mesure que je tournais les pages, j'ai gagné en aisance dans cette lenteur, je me suis laissée porter jusqu'à ce que le récit génère une sensation assez pure d'apaisement. La prose nette de l'auteur, peu sentimentale, est ancrée dans le quotidien et l'ordinaire à travers des détails très physiques et matériels sur le monde rural, sur la vie au lycée ou sur les travaux agricoles dans les ranchs du Montana.
Callan Wink évite les drames. Même s'il y en a ( le 11 septembre, la guerre en Afghanistan en filigranes, un épisode #Metoo au lycée qui surgissent en filigrane ou de façon plus frontale ), l'auteur s'intéresse avant tout à comment August y répond pour grandir, muri et oser se lancer vers la nouveauté en s'affranchissant des influences parentales. Il sait dire avec élégance les forces et les traumatismes qui façonnent l'individu.
August n'est pas un personnage nécessairement attachant. C'est un personnage assez stoïque et insaisissable par le manque d'affect qui semble le définir. Mais le monde qui l'entoure n'est pas simple, ce qui renforce cette quête d'identité très intime où se connaître et comprendre les autres sont des épreuves. Callan Wink décrit très justement les pièges de la masculinité qui peuvent déstabiliser un jeune homme en construction. C'est finalement cette bipolarité entre machisme ordinaire et sensibilité sous-jacente qui tend tout le fil du récit. Jusqu'au dernier très beau paragraphe présentant August regardant ces parents dans le rétroviseur de sa voiture. Ce n'est pas un roman qui m'a ému, cela m'a manqué, mais cette dernière phrase est absolument bouleversante dans la façon de raconter l'éclosion à l'âge adulte.
Depuis quelques temps, sans savoir précisément pourquoi, j'ai envie de lire des recueils de nouvelles. Alors, entre deux pavés, j'ai sorti "COURIR AU CLAIR DE LUNE AVEC UN CHIEN VOLÉ" de ma PAL...
... et c'est de la bombe !
Ces 9 nouvelles sont tellement bien construites et racontées qu'on les ressent chacune comme un roman. L'écriture de Callan Wink est très cinématographique et c'est peut-être aussi ce qui explique la facilité avec laquelle on rentre dans l'univers de ses histoires.
J'ai adoré chaque nouvelle... même celle qui est plutôt cruelle pour les amoureux des chats.
Et un grand merci à Michel Lederer pour avoir magnifiquement traduit chaque texte de ce recueil.
PS : Callan Wink vient de sortir un roman qui a pour titre "Augustus"... et je pense que c'est la suite de la nouvelle ayant pour titre "Les respiriens" (celle des chats)
PS2 : Il n'est jamais trop tard pour lire un poche mis à l'honneur sur le #PicaboRiverBookClub par Leatouchbook
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COURIR AU CLAIR DE LUNE AVEC UN CHIEN VOLÉ
de Callan Wink (traduit par Michel Lederer)
GF : Éditions Albin Michel
Poche : Le Livre de Poche
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