Bruno Jacquin nous entraine dans une plongée intelligente et sombre dans les années noires de la guerre contre les indépendantistes basques.
Bruno Jacquin nous entraine dans une plongée intelligente et sombre dans les années noires de la guerre contre les indépendantistes basques.
C'est avec envie que j'attendais ce nouveau livre de Bruno Jacquin, auteur que je suis depuis ses débuts. Si j'ai pu être (légèrement) déçue par le précédent, je dois dire que celui-ci m'a enchantée. Peut-être parce que de larmes et de haine m'a rappelé des souvenirs de mes grands-parents. C'est très habilement mené et si on a peu de doutes sur l'issue on se demande comment l'auteur va nous y entraîner. Comme toujours, c'est très documenté, très éclairant sur des périodes que nous avons tendance à oublier… alors que nous devrions au contraire nous en souvenir pour ne pas qu'elles se reproduisent. Ce livre y contribue parfaitement. Pour amateurs de polars historiques.
De larmes et de haine raconte l’enquête d’une journaliste informée par des citoyens de la promotion faite à un ancien policier. Entre dynamisme et récit très documenté, on suit cette enquête tout en apprenant plein de choses sur le comportement de notre police à travers les temps. Les « violences policières » ne datent vraiment pas d’aujourd’hui. Le ton de Bruno Jacquin est tantôt calme, tantôt enlevé. J’ai beaucoup apprécié la passe d’armes entre avocats vers la fin du livre… qui ne livre pourtant pas encore la fin du récit.
Parfois historien, parfois journaliste, comme son héroïne, Bruno Jacquin nous entraîne une fois encore dans un scandale d'État. Non la police n'est pas toujours l'institution républicaine au service des citoyens qu'elle devrait être. Elle obéit d'abord aux ordres d'un État qui n'a pas toujours été démocratique. De larmes et de haine nous entraîne ainsi d'abord durant la 2ème guerre mondiale à Bordeaux puis pendant la guerre d'Algérie qui s'est "invitée" à Paris à l'automne 1961, deux périodes qui n'honorent pas notre pays. C'est bien mené, bien construit. A lire pour (re)découvrir ces temps noirs pour la démocratie... qui ont tendance à être de nouveau bafoués aujourd'hui.
Comme souvent avec Bruno Jacquin nous sommes à la frontière du réel et de la fiction. Dans De larmes et de haine, la journaliste Leïla Laoudi se retrouve par hasard propulsée dans le temps (en arrière) par le biais de lanceurs d’alerte comme on dit aujourd’hui. Un ancien flic doit être honoré par ses pairs et tout le gratin politique mais il se trouve que son passé semble plutôt trouble. Le récit, très pédagogique, est un régal. A ne surtout pas manquer le chapitre qui raconte la soirée du 17 octobre 1961. On s’y voit, on s’y sent, on a mal en même temps que les manifestants.
Paru chez Cairn, une maison qui gagne à être connue surtout pour ses polars.
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