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Calcutta - 1920, Satyacharan est un jeune diplômé mais sans le sou. Il accepte l’offre d’emploi d’un ami et part aux confins du Bihar, pour mettre en fermage une zone de forêt et de jungle.
Ce faisant, lui, le citadin va tomber sous le charme de la solitude et de la nature ambiante. Pourtant, son métier consiste à détruire cette beauté, cette nature dont il est tombé amoureux.
Ce roman, publié en 1930, est en partie tiré de l’expérience de l’auteur.
Fuyez si vous rechercher les rebondissements. Au contraire, ce roman est calme, contemplatif, il faut se laisser porter par les pages où l’on suit diverses rencontres du jeune homme avec les habitants de cette région pauvre.
Car les conditions de vie des gens de cette zone sont en complète opposition avec la beauté des paysages : la sécheresse, le choléra, la pauvreté faisant des ravages.
Certaines des personnes rencontrées ne sont là que pour quelques lignes, d’autres pour quelques pages mais ils révèlent attachants à l’image du danseur Dhaturiya, de Manchi ou Bhanumati.
Mais si notre narrateur noue des liens d’amitiés, c’est la nature qui est le personnage principal de ce récit.
Cette nature condamnée à disparaître au nom du profit.
Ce roman, considéré comme un des premiers romans écologistes, est une très belle occasion pour découvrir un monde à jamais perdu.
Satyacharan est un jeune homme tout juste diplômé à la recherche d’un emploi. Il se voit proposer un poste de régisseur bien loin de sa Calcutta natale, dans la forêt de Labatuliya. Son travail consistera à distribuer des terres aux paysans, des lopins de forêt qu’ils devront défricher pour s’y installer et entreprendre de cultiver la terre.
Très vite, la magie des lieux, de la forêt et des personnes qu’il rencontre vont opérer sur le jeune homme qui doit pourtant se rendre à l’évidence : le travail qu’il effectue signifie la disparition de cette forêt auquel il s’est attaché.
Ce livre est encore une fois une très belle découverte due aux Editions Zulma qui ont eu la formidable idée de publier ce livre de la littérature bengalie.
Écrit dans les années 1930 ce roman frappe par sa très grande modernité et ses préoccupations très actuelles autour de la disparition de la nature au profit d’activités humaines. La nature est le personnage principal de ce récit qui regorge de figures pittoresques et attachantes comme Yugalprasad, horticulteur amateur qui plante de nouvelles espèces au cœur de la forêt. Ou Bhanumati, jeune fille issue d’une famille royale déchue.
Pendant les sept années que Satyacharan va passer dans ces lieux, il aura maintes fois l’occasion de s’émerveiller de tout ce que la nature offre à celui qui sait la regarder. La faune et la flore jouent évidemment un rôle primordial mais aussi toutes les légendes qui sont attachées à cette immense forêt et qui disparaîtront probablement avec elle.
Ce roman dégage une atmosphère à la fois paisible et pleine de nostalgie. Paisible car les habitants vivent au rythme des saisons et nostalgique car inévitablement ce monde est amené à finir.
Bibhouti Bhoushan Banerji nous emmène aussi à la rencontre d‘une population qui vit très loin de la modernité des villes et qui se bat chaque jour pour vivre, manger, élever ses enfants. Et pour laquelle Satyacharan ça se prendre d’une grande affection. Cela permet à l’auteur d’entrer dans le détail des relations entre les castes, entre les hommes et les femmes, entre les citadins et les paysans.
L’auteur nous rappelle, grâce à ce roman, l’extrême fragilité de la nature mais aussi de tous ceux qui restent au bord du chemin. Un roman absolument captivant sur l’Inde mais qui interroge plus largement sur la place de l’homme au milieu de la nature.
Cette année, au salon du livre de Paris, l'Inde était invitée. A cette occasion, Zulma avait prévu une série collector designée par le maître des -sublimes- couvertures de la maison David Pearson, à partir de créations originales de Roshni Vyam, peintre indienne. Le résultat est superbe et tant pis pour le salon annulé. Bibhouti Bhoushan Banerji (1894-1950) a écrit ce livre en 1937-1939 et il est traduit et publié pour la première fois en français, considéré pourtant comme l'un des premiers grands romans écologiques. Banerji a vécu cette vie de régisseur pendant quelques années à partir de 1925. C'est la description d'un monde disparu maintenant, une faune et une flore incroyables et formidables. Un écosystème qui fonctionne parfaitement bien sans l'intervention humaine.
Le romancier raconte au travers d'anecdotes, de rencontres de gens extra-ordinaires comment les gens vivent en harmonie avec la nature, sans la détruire ou la gêner. On y rencontre des gens pauvres voire très pauvres, souvent satisfaits de leur sort, ne demandant qu'à manger à leur faim. Il ne fait pas l'impasse sur les difficiles conditions de vie dès qu'un événement malheureux survient : la mort d'un homme et c'est toute sa famille qui est menacée de ne plus pouvoir manger. Un événement climatique et c'est toute la population qui peut mourir de faim, ou d'un incendie lorsque la sécheresse s'installe pour de longs mois. Tout est joliment dit, dans une langue emplie d'images, de légendes, de paraboles. B.B. Banerji parle tellement bien de la nature qui entoure son héros que l'on parvient presque à la voir, la sentir, l'entendre lorsqu'il s'agit des oiseaux notamment, la craindre lorsqu'il faut traverser la forêt la nuit...
Banerji s'interroge sur l'irruption de la modernité dans ce monde protégé, sur le sentiment de supériorité des citadins sur ces peuples qui vivent loin du confort. Jusqu'à quand résisteront-ils ? Et la nature jusqu'à quand restera-t-elle aussi belle, préservée ? Plus globalement, c'est l'éternelle question du mal que l'homme fait à la planète, à la faune et la flore et à lui-même. Presque un siècle -je compte mal, merci Alex (voir dans les commentaires)- et ce roman nous parle d'aujourd'hui.
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