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Grégoire Saint Marly vit a Pau avec sa famille. Il fait parti de la bonne société, il est ophtalmologiste.
Mais Grégoire Saint Marly est un sale type qui va utiliser les temps troubles de la seconde guerre mondiale pour assouvir ses vengeances longtemps ruminées.
Mais le boomerang revient toujours.
Un bon moment de lecture
Alors qu’il est profondément rongé par la syphilis, Guy de Maupassant tombe amoureux d’une jeune peintre russe Lioubov Vassilkova vivant à Paris. La passion amoureuse est partagée par la jeune femme. Elle vivra avec l’auteur pendant plusieurs mois et aura juste le temps d’annoncer à Maupassant qu’elle porte son enfant avant qu’il ne sombre définitivement dans la folie et ne décède.
Seul le notaire et exécuteur testamentaire du célèbre écrivain sait que le garçon qu’elle met au monde est l’héritier de Maupassant. Le jeune Alexis, qui ignore tout de son ascendance, vit jusqu’à l’âge de 13 ans à Paris puis suit sa mère à Saint Petersbourg.
Après des études de médecine, il choisit la psychiatrie et devient le psychiatre attitré de Staline. Mais le dictateur, qui se débarrasse de tous ceux qui savent des choses sur lui, l’envoie en déportation dans un goulag de Sibérie.
Déjà rien que ça, c’est beaucoup dans la vie d’un homme mais Alexis va vivre une existence de personnage de roman. Il réussira à s’évader du goulag, reviendra s’installer en France au moment de la seconde guerre mondiale, fera partie de la Résistance…
Ce roman est prenant, passionnant. Il nous emporte comme dans un tourbillon. J’ai souvent pensé à Michel Strogoff, peut-être à cause de la Sibérie. Quand j’ai refermé ce livre, je me suis dit « eh bien qu’elle vie ! ».
Ce n’est pas une simple vie c’est une épopée que la vie d’Alexis!
Guy de Maupassant est une force de la nature un épicurien, un fort en gueule et un auteur reconnu. Il tombe sous le charme d’une artiste peintre russe Loubia Vassilkov de leurs amours naîtra un garçon Alexis né de père inconnu. Alexis ne connaîtra pas son père, il meurt après sa naissance et n’aura pu le voir. Loubia retournera en Russie avec le jeune Alexis où éclate des émeutes, la révolution russe est en marche. Alexis depuis tout jeune accrédite et épouse les idées de sa mère. Avec son ami Dimitri, ils sont des militants convaincus. Alexis travaille sur une thèse universitaire pour le parti mais le parti peut s’arroger le droit d’arrêter même ses partisans. Alexis est arrêté et condamné à l’exil. Dans le train qui l’emporte vers l’enfer stalinien il rencontre Simon, un français il vont devenir amis. Simon lui explique que Lénine était franc-maçon et initiera Alexis à la Franc-maçonnerie. Ils vont survivre au camp et continuer cette période en Auvergne et finira sa vie à Paris.
Tour à tour, fils, père, amant, médecin de Staline, médecin au goulag, évadé avec sa femme, résistant, franc-maçon, et finissant sa vie là où il l’a commencé la vie du fils de Maupassant vous emmène dans une aventure historique.
Ce personnage vit plusieurs vie et ses aventures à travers les guerres et les années sont un épopée formidable jusqu’à la fin où son petit fils prend le relais. Il y a une positivité, un humanisme, de l’amour de l’amitié et une réalité mêlée à la fiction où Bernard Prou nous embarque. Il nous fait poindre le genre humain dans ce qu’il a de beau mais aussi de plus vil.
Je salue le travail de l’auteur dont le récit est émaillé d’anecdotes réelles et de références.
J’ai passé un excellent moment à parfois aller vérifier les dires historiques et j’avoue que cette vie tumultueuse m’a fait passer un excellent moment de lecture. Merci Bernard Prou pour ce récit diablement bien écrit et merveilleusement maîtrisé.
Je connais déjà Bernard Prou pour avoir lu ses deux précédents romans, Alexis Vassilkov ou la vie tumultueuse du fils de Maupassant et Délation sur ordonnance. J'ai eu, en plus, la chance de le rencontrer en personne, il a une maison de vacances dans un village voisin du mien. Et je trouve qu'il n'y a rien de mieux que de rencontrer l'auteur du roman que l'on va lire, c'est l'assurance de recueillir des anecdotes sur l'écriture, sur les recherches, sur la genèse de l'histoire. J'aime beaucoup discuter des romans avec leurs auteurs, c'est toujours très enrichissant.
Les deux précédents romans de Bernard Prou ont tous les deux été des coups de cœur, il en est de même pour celui-ci. Délation sur ordonnance m'avait emmenée à Pau au moment de la seconde guerre mondiale, ici, comme son titre l'indique, je suis restée essentiellement à Paris, à notre époque et dans les années 1960 au moment des évènements d'Algérie. J'ai retrouvé avec plaisir Oreste, le personnage déjà rencontré dans Délation sur ordonnance. Il tient une librairie de livres anciens à Paris. Une jeune femme, Melinda, vient lui remettre des livres anciens qui viennent de la bibliothèque de son père. On la retrouve quatre ans plus tard. Elle vient de quitter Léonard sans aucune raison. Celui-ci reçoit la visite de Michel. Ils sont tous deux francs-maçons et font partie de la même loge. Michel a été le père de Léonard à Alger dans les années 1960. Michel remet à Léonard un livre qu'il lui demande de cacher et de ne l'ouvrir que s'il lui arrivait quelque chose.
Un autre ami, Ludovic, vient également le voir. C'est un jeune journaliste. Il ne sait pas quoi faire des confidences qu'il a reçues d'Ernest (qui est le père de Melinda), accusé de malversations car il aurait collaboré avec l'OAS pendant la guerre d'Algérie et détourné de l'argent.
Plus tard, Ludovic est retrouvé mort, décapité, enfin c'est surtout sa tête qui est seulement retrouvée. Michel pense alors que c'est une vengeance envers lui car il avait acheté avec ses amis des archives d'une bibliothèque d'une ville du Liban. Et Michel pensait peut-être bien, puisqu'il se fait tuer lui aussi et apparemment, il connaissait le tueur.
Léonard consulte alors le livre remis par Michel. Il trouve un texte codé qu'il arrive à déchiffrer et qui le mène au domicile de son ami. Dans un même temps, Ernest se sent menacé par la mort de ses amis, il remet alors à Léonard le journal de son père, professeur de physique à Alger. Léonard et Melinda, qui est revenue entre temps, suivent la piste du texte codé et vont chez Michel pour chercher un livre muet qui les mèneront dans les souterrains de Paris. Et à partir de là, Léonard va faire des découvertes très intéressantes et enrichissantes.
Et ces découvertes ne seront pas enrichissantes que pour Léonard, car il en a été de même pour moi, lectrice. Elles vont me mener sur des chemins divers et variés que je ne pensais pas suivre en commençant le livre. Déjà, je vais vivre avec les personnages une visite des catacombes de Paris et c'est assez extraordinaire comme endroit. Ils vont tomber sur une crypte très bien conservée où ils vont découvrir quelque chose de très précieux et qui pourrait bouleverser toute l'histoire si cela devait être révélé au grand jour. Dans un tout premier temps, je me suis amusée à déchiffrer le code en même temps que Léonard. J'ai beaucoup aimé la façon dont l'auteur a présenté cette énigme. Il arrête son récit et se remet dans la peau d'Oreste et nous annonce sur un quart de page que si nous, lecteurs, voulons résoudre l'énigme, nous pouvons nous rendre en annexe en fin de livre pour avoir tous les indices pour le faire. Et de rajouter que si nous n'avons pas la patience, nous pouvons alors continuer notre lecture pour avoir la résolution. Moi qui aime les codes et les énigmes, je me suis donc précipitée en fin de roman pour faire comme Léonard et essayer de comprendre ce que ce texte codé voulait dire. Et j'ai plutôt bien réussi l'épreuve. À ce moment là, je me suis cru dans une sorte de Da Vinci code à la Dan Brown. Bernard Prou a bien réussi son effet.
Outre cette énigme codée, l'auteur m'a entrainée vers des voies inattendues. Tous les personnages sont plus ou moins liés intimement. Il y a les trois amis d'enfance, élève du professeur de physique. Celui-ci décédé, on retrouve ces trois élèves beaucoup plus tard et ils côtoient étroitement Léonard le fils de leur professeur. Il y a les amis de la vie actuelle. Tous se rejoignent autour de ces meurtres. Mes soupçons se sont portés sur chacun d'eux lorsque je me suis rendue compte que Michel connaissait son assassin. Le suspense est alors entier, j'ai eu quelques soupçons, mais l'auteur a bien su mêler les pistes.
Tout y est bien dépeint. Tout d'abord, Paris, avec ses anciens quartiers, ses marches, ses rues. Ensuite, les catacombes, les souterrains. En suivant Bernard Prou sur sa page Facebook, j'ai vu qu'il était allé lui aussi dans ces lieux où il avait lu un extrait de son livre. J'envie les personnes qui ont pu assister à cela. Il a d'ailleurs fait de Gilles Thomas, un expert du Paris souterrain, un personnage à part entière du roman. C'est grâce à lui qu'il a visité ces endroits et qu'il a appris tant de choses.
Beaucoup d'autres thèmes sont abordés, tous très hétéroclites. L'auteur nous parle ainsi des loges maçonniques et de leurs rites, de l'histoire de l'Algérie au moment de l'exode, des expériences nucléaires, avec beaucoup de détails intéressants, dans le désert d'Algérie dans les années 60. Sa formation de physicien fait qu'il parle de l'alchimie et de la pierre philosophale d'une façon très détaillée sans pour autant être incompréhensible. Moi qui n'étais pas une spécialiste de chimie, je me suis passionnée pour ces métaux qui, ensemble, peuvent créer des alliages, avec toujours cette recherche de faire de l'or à partir d'autres métaux moins nobles. Et enfin, Bernard Prou nous raconte l'histoire de Jean le Baptiste, avec des textes anciens cachés, qui ne plairaient pas beaucoup à l'église catholique.
Comme vous pouvez le voir, beaucoup de thèmes vont être abordés. Il ne faut pas en avoir peur, car tout le talent de Bernard Prou, outre sa plume et son style très fluide, réside justement dans sa manière de tout conjuguer ensemble et de rendre accessible à n'importe quel profane des notions riches et variées. C'est un roman comme je les aime, qui allie le divertissement de la lecture et l'enrichissement sur l'Histoire avec un grand H. Quoi de mieux que d'apprendre en se divertissant. J'aime quand la lecture a ce double rôle. Et je suis toujours époustouflée par tout le travail que l'écriture d'un tel roman a dû nécessiter, l'auteur a dû faire des recherches et des visites pour créer une telle histoire qui a du sens et qui est logique. Il dit d'ailleurs dans ses remerciements que ce livre lui a nécessité vingt mois de recherches et d'écriture, et c'est tout à fait compréhensible au vu du résultat.
Ce roman est passionnant. Il m'a entrainée dans une aventure insoupçonnée et j'ai une nouvelle fois appris beaucoup de choses. La lecture s'est ainsi faite toute seule, sans aucune difficultés. Les retours dans le passé sur les différents personnages pour expliquer ce qu'ils sont, donnent beaucoup de rythme à la lecture et ne créent aucun temps mort. J'ai passé un très bon moment de lecture, et j'ai déjà hâte de lire un nouveau roman de l'auteur. Il m'a dit être en train d'écrire le suivant, c'est la promesse d'un moment encore riche et intéressant.
Je ne peux que vous conseiller cet ouvrage. Et si vous ne connaissez pas encore Bernard Prou, n'hésitez pas à le faire, ses trois romans sont tous différents des uns des autres mais tous aussi intéressants. Je ne pourrais pas dire lequel est mon préféré, tellement je les ai tous aimés. Je suis vraiment très contente de cette belle découverte, et très contente d'avoir lu ce roman.
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