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Au cours des années 2000, Oreste Bramard est amené à expertiser la bibliothèque de feu Grégoire Saint-Marly, médecin oculiste à Pau, à la demande de la petite-fille et héritière du notable. Un jour, une étrange « ordonnance » s'échappe sous ses yeux d'une édition originale des Beaux Draps, de Céline. C'est une lettre de délation datée du 19 décembre 1942, dénonçant auprès de la préfecture quatre « mauvais Français », et signée : Grégoire Saint-Marly ancien combattant de 14-18, père de quatre enfants.
Oreste et la jeune femme comprennent alors que la bibliothèque renferme des secrets. Conçue par le médecin bibliophile comme une « chasse au trésor », la découverte de documents cachés leur permettra de reconstituer fidèlement ce qui s'est réellement passé.
Grégoire ne s'était probablement pas douté que ses propres enfants, Maurice, Laure, Marie et Charles, étaient d'une manière ou d'une autre liés aux personnes qu'il avait dénoncées : un instituteur ; un fonctionnaire ; un avocat ; et un journaliste, ancien amant de Mme Saint-Marly. Parmi ces « mauvais Français », on trouve un communiste et résistant, un gaulliste, un arriviste forcené, et un Juif. Et, pour couronner le tout, trois d'entre eux sont francs-maçons.
En livrant ces hommes aux autorités de Vichy, Grégoire Saint-Marly ignorait qu'il poussait son fils Charles vers le peloton d'exécution. Que Maurice, qui fréquentait les truands de la rue Lauriston, deviendrait un roi du marché noir, avant de trouver la rédemption. Et comment ne pas évoquer le destin de sa fille Laure, amoureuse d'un officier allemand, et de son autre fille, Marie, la discrète émancipée, dont les faits de résistance étaient passés inaperçus ?
À travers les destins enchevêtrés de ces personnages, Bernard Prou reconstitue une période trouble où chacun s'est déterminé à agir selon son coeur et selon sa conscience.
Grégoire Saint Marly vit a Pau avec sa famille. Il fait parti de la bonne société, il est ophtalmologiste.
Mais Grégoire Saint Marly est un sale type qui va utiliser les temps troubles de la seconde guerre mondiale pour assouvir ses vengeances longtemps ruminées.
Mais le boomerang revient toujours.
Un bon moment de lecture
Oreste, spécialiste en livres anciens, est appelé à Pau pour estimer la bibliothèque dont Laurence Lepayeur vient d’hériter de son grand-père. Il commence par fureter parmi les livres, se saisit d’un volume, quand un papier en tombe. Il s’agit d’une ordonnance bien particulière. Sur un papier à en-tête au nom du Docteur Saint Marly, il découvre une lettre de délation datant du 19 décembre 1942, dénonçant quatre « mauvais français ». Perturbée par cette découverte, Laurence charge Oreste d’enquêter sur l’histoire de sa famille. Peu de temps avant de mourir, son grand-père lui avait dit que cette bibliothèque contenait tout l’histoire de la famille.
Oreste accepte la mission. Cette période le fascine pour des raisons que vous apprendrez en lisant le livre. Il commence par inspecter le volume duquel s’est échappée l’ordonnance : Les Beaux Draps de Louis-Ferdinand Céline. À la fin du pamphlet, il découvre cette phrase sibylline : « La cuisine était propre ». Intrigué par cette inscription, Laurence lui propose de chercher cette phrase sur internet. C’est l’incipit de La Table aux Crevés de Marcel Aymé. Oreste et Laurence se lancent à la recherche de ce volume dans la bibliothèque. Commence alors un jeu de piste qui va révéler aux deux enquêteurs une partie de l’histoire de la famille. L’auteur nous invite d’ailleurs à enquêter nous-mêmes en nous proposant les phrases écrites à la fin de chaque livre pour dévoiler le suivant. Comme moi, jouez le jeu, cela donne encore plus de sel à la lecture. Pour ceux qui veulent s’éviter cette peine, les réponses se trouvent à la fin du roman.
Cette lettre de dénonciation nous plonge dans la période trouble de l’occupation. Le docteur Saint Marly ne se doutait pas en l’écrivant qu’elle allait avoir des conséquences pour toute sa famille. Les quatre « mauvais français » qu’il dénonce avait tous des relations quelconques avec ses enfants.
Bernard Prou nous fait vivre l’occupation comme si nous y étions. Il décrit la vie quotidienne au travers de personnages qui auraient pu appartenir à la majorité des familles de l’époque. Du trafiquant profitant du marché noir, au lycéen résistant de la première heure, de l’amoureuse d’un soldat allemand au haut fonctionnaire collaborationniste qui couvre ses arrières pour éviter d’être inquiété après la libération, c’est le portrait de la France pendant la deuxième guerre mondiale que nous dresse Bernard Prou. Ce roman nous interroge : qu’aurions nous fait à cette période et dans ces circonstances. Aurions-nous été résistants, collabos, ou plus simplement, comme une majorité de français aurions-nous juste cherché à survivre le moins mal possible.
« - C’est une banale lettre de dénonciation, si j’ose dire, comme il s’en écrivit des centaines de milliers à la même période. Celle-ci a le mérite de ne pas être anonyme, ce qui ne diminue pas la laideur du geste. Vous savez, Laurence, cette époque a marqué toutes les familles qui depuis lors trimballent d’inavouables turpitudes ! Il y avait alors 2,5 pour cent de collabos acharnés, 2,5 pour cent de résistants obstinés et 95 pour cent de Français inertes. Il fallait subsister. Nos grands-parents étaient des subsistants. Comme nous le serions nous-mêmes si cela se reproduisait. »
Fasciné par cette période extrême, révélatrice de l’âme humaine, j’ai dévoré ce passionnant roman. Bernard Prou par sa plume pleine d’une verve souvent jubilatoire m’a cueilli dès le début du roman pour ne plus jamais me lâcher. Les dialogues entre le docteur Saint Marly et Louis Destouches alias Louis-Ferdinand Céline, sont particulièrement savoureux. Avec Délation sur ordonnance, j’ai découvert un auteur que j’ai hâte de retrouver. Je vous le recommande vivement.
Deuxième roman de Bernard Prou et deuxième coup de cœur. On plonge en 1942, pour certains, la délation permettait en autre de se venger. Grégoire Saint Marly ophtalmologue ne s'en prive pas...En 2010 sa petite fille Laurence "l’héritière" fait expertiser la bibliothèque de son grand père et en ouvrant un livre une ordonnance datée du 19 décembre 1942 s'échappe, celle-ci ne prescrit pas des médicaments mais est adressée au préfet avec une liste de plusieurs personnes soi-disant Gaulliste, communiste...dont le grand-père paternel de Laurence. Stupéfaction !!!! Cette ordonnance a eu des effets désastreux sur toute la famille…Une histoire parmi tant d’autres dans cette période trouble. Très bon roman que je vous conseille.
Un livre passionnant, vivant, intrigant.
Et pourtant il traite d’un sujet maintes fois abordé, la seconde guerre mondiale.
Le départ du roman est particulièrement original. Oreste, un vieil homme passionné de livres se rend dans une maison où Laurence, la propriétaire, qui vient d’en hériter, souhaite se débarrasser de la bibliothèque. En prenant un livre, il laisse tomber une feuille intrigante.
Sur une ordonnance datée du 19 décembre 1942, le Docteur Saint-Marly dénonce quatre hommes à la préfecture.
Eberluée, Laurence découvre alors que son grand-père paternel a dénoncé son grand-père maternel. Elle ne connait rien de l’histoire familiale.
Commence alors une enquête pour trouver d’autres indices dans la gigantesque bibliothèque.
Puis on suit la vie de la famille Saint-Marly durant l’occupation.
Même si on croyait tout en connaître, on découvre de nouveaux éléments, comme le langage sifflé.
La fiction et la réalité sont habilement liées.
Chaque personnage est parfaitement bien rendu, le texte est très vivant et pas un instant de lassitude en lisant.
Une légère frustration cependant. Bien que passionnée par l’histoire de cette famille, je pensais participer davantage aux découvertes de la bibliothèque et en savoir un peu plus sur l’agencement qu’en avait fait le docteur Saint-Marly. J’aurais bien aimé suivre les recherches d’Oreste et de Laurence parmi ces milliers de livres.
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