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Anne Sultan

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Avis sur cet auteur (1)

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    Couverture du livre « Vivre avec sans : adagio maladie » de Anne Sultan aux éditions Des Femmes

    Yv Pol sur Vivre avec sans : adagio maladie de Anne Sultan

    Une femme s'exprime. Elle parle de sa maladie : l'alcoolisme. Ses subterfuges pour boire discrètement, ses descentes aux enfers, ses séjours à l'hôpital, ses fugues ou tentatives, ses cachettes pour boire jusqu'à un taux duquel elle pourrait ne pas revenir, ses rencontres avec ceux qui l'aident...
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    Une femme s'exprime. Elle parle de sa maladie : l'alcoolisme. Ses subterfuges pour boire discrètement, ses descentes aux enfers, ses séjours à l'hôpital, ses fugues ou tentatives, ses cachettes pour boire jusqu'à un taux duquel elle pourrait ne pas revenir, ses rencontres avec ceux qui l'aident à boire, avec ceux qui la soutiennent et qui vont l'aider à stopper, les départs des uns et des autres, fatigués...

    Ce court texte a été porté sur scène au théâtre et à la radio. Anne Sultan est danseuse, chorégraphe, metteuse en scène et autrice.

    Ce qui frappe dès le début, le livre même pas encore ouvert, c'est la langue. Le titre dont on se demande bien ce qu'il signifie, et puis les premières phrases :

    "L'écume du corps

    Le premier jour a lieu le dépôt du corps.

    Suis venue seule ici déposer reste. De corps." (p.5)

    Il faut accepter de se laisser bousculer, de changer ses habitudes, de lire une autre ponctuation, de respirer différemment. L'écriture est désaccordée, chaotique, qui interroge, interpelle, nécessite parfois des temps de lecture à haute voix -pour comprendre notamment comment lire ce point en milieu de phrase ou pour saisir parfois les sons des mots, les jeux avec iceux-, et qui, le rythme pris, se révèle fascinante dans ce sens où l'on a du mal à la quitter. Elle colle parfaitement au sujet, cette femme qui sombre toujours plus bas, qui ne parvient pas à remonter, dont le corps vacille et dont l'esprit soubresaute. Sa vie est hachée, cassée par son addiction.

    "J'ai vite

    A peine debout et ça peine à tenir. Deux bouts deux pieds levés vite et en place. Debout. Les membres tremblent encore de la veille. Non. Ça tremble parce la veille. De trop.

    Se taire et vite de tout ça qui gigote malgré soi.

    Éteindre le tremblement de la veille de trop. Vite.

    D'abord coucher cadavres de la veille de trop puis recouvrir avec papier journal et sacs plastique. Moins sonore comme ça au moment du jeté dans poubelle commune. Tout un art et tout ce temps pour." (p.20)

    J'ai forcément fait, pendant ma lecture, un parallèle avec la danse -un art que je ne connais ni ne comprends vraiment. Ce serait une danse très moderne, des corps désarticulés, aux gestes qu'on penserait désordonnés, accompagnés d'une musique pas toujours simple à entendre. C'est cela que je voyais et entendais, c'est sans doute convenu, attendu, mais je le disais je ne maîtrise par la danse. Je suis plus à l'aise pour donner mon avis en littérature et là, je peux dire que si ce livre n'est pas d'un abord aisé, il bouscule, émeut, oblige à le reposer, le reprendre, à lire à haute voix, à s'arrêter sur une phrase, un mot, une expression. Un livre qui ne peut laisser indifférent, et ça j'aime beaucoup.

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