Que s’est-il passé pour les écrivains, après qu’ils ont reçu le Prix Orange du Livre ? Nos lauréats font le point, sur le chemin parcouru, comme sur leurs activités d’aujourd’hui… Avant de retrouver leurs nouveaux romans chez le libraire.
Maylis de Kerangal, Prix Orange du Livre 2014 pour Réparer les vivants (Verticales)
Depuis le Prix Orange du Livre, Réparer les vivants a été adapté à l’écran, j’ai également publié deux livres, À ce stade de la nuit (Verticales), en novembre 2015, et Un chemin de tables (Le Seuil) en 2016. Avec le musicien électro Cascadeur, nous avons travaillé une adaptation scénique de Dans les rapides, en 2015. C’est une expérience que j’ai beaucoup aimée. Elle s’est prolongée avec une lecture musicale sur un texte inédit, Paula et le triomphant, que nous avons créée dans le cadre du festival « Tandem » à Nevers en 2017, puis donnée au festival « Les Emancipées » à Vannes, et enfin en mai 2018 à la Maison de la poésie à Paris.
Un nouveau roman dont j’ai rendu le manuscrit va sortir à la rentrée. C’est le premier qui n’émane pas d’une proposition d’un éditeur depuis Réparer les vivants. Depuis quatre ans, le roman, ses adaptations cinématographique et théâtrales, les traductions en 40 langues, m’ont beaucoup occupée. Des livres comme ça, qui d’un coup sont portés par des prix, par des lecteurs, ça emmène loin. L’enjeu pour moi a été de ne pas lâcher l’écriture, sanctuariser pour cela un temps quotidien dans une vie agitée. Ce que j’ai fait tout de suite : A ce stade de la nuit a été écrit au moment de la sortie de Réparer les vivants.
J’ai vécu quatre années très riches, avec la musique par exemple. Les projets avec Cascadeur ont donné lieu à du texte, ce qui a préservé une continuité dans l’écriture. Je travaille actuellement sur le prologue de Didon et Enée, l’opéra de Purcell qui sera donné le 6 juillet au festival d’Aix. Le prologue initial de cet opéra a été perdu. Alors j’ai accepté de me lancer dans l’écriture d’un mythe au présent, c’est une expérience très forte. C’est la première fois que je fais ce type de travail et il me plaît beaucoup.
J’ai aussi un projet de scénario, peut être que le fait d’avoir côtoyé le cinéma avec les adaptations de mes livres m’a donné l’envie d’écrire directement pour le grand écran. Je continue de vivre dans le rythme donné par la réception de Réparer les vivants.
Leur Prix Orange du Livre : le mot des jurés
Désormais directeur général de la grande librairie Millepages à Vincennes, c’est sous la blouse du libraire que Pascal Thuot a participé aux débats du Prix Orange du Livre 2014, qui a récompensé Maylis de Kerangal.
« D'abord, on t'invite à te joindre au jury qui décerne le Prix Orange et toi tu dis oui. Je me souviens de la première réunion, il faisait si beau ce jour-là. L'accueil était chaleureux. Lecteurs, auteurs et libraires constituant étaient bien contents de se retrouver, de gravir ensemble le raidillon livresque qui allait in fine couronner le formidable roman de Maylis de Kérangal. A chacune de nos rencontres il y eu des controverses, des prises de positions courageuses, des alliances et des coups de Trafalgar ! Sans oublier les rires et les bouffées d'enthousiasme ! Tout cela était parfaitement orchestré par un Erik Orsenna impérial. C'est comme ça que j'aime la littérature, quand elle ressemble à la vie. »
Propos recueillis par Karine Papillaud
Lire également :
Prix Orange du Livre, 10e édition. Déjà !
Prix Orange du Livre et après ? Louis-Philippe Dalembert en 2017 et Vincent Message en 2016
Prix Orange du Livre et après ? Fanny Chiarello, lauréate et Minh Tran Huy, jurée en 2015
Prix Orange du Livre et après ? Maylis de Kerangal, lauréate en 2014
Prix Orange du Livre et après ? Arthur Dreyfus en 2012 et David Thomas en 2011
Prix Orange du Livre et après ? Fabrice Humbert, lauréat en 2009
Prix Orange du Livre et après ? Michèle et Bénédicte, jurées, partagent de leur expérience