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C'est à mon sens une lecture dont on peut même se passer...
Le 3 octobre 2013, un navire venu de Libye débordant de réfugiés sombre au large de l'île de Lampedusa, faisant plus de 300 victimes. Maylis de Kerangal est dans sa cuisine, seule. C'est la nuit. Elle écoute la radio, le drame, les victimes. Imperceptiblement son esprit se détache de la réalité, se laisse emporter par un mot qui s'impose à son insu : Lampedusa.
Immédiatement, c'est le visage de Burt Lancaster qui s'invite. Quel rapport avec la catastrophe ?
Il est le prince Salina di Lampedusa du Guépard de Visconti, film adapté de l'unique roman de Guiseppe Tomasi di Lampedusa qui raconte le déclin de l'aristocratie sicilienne au début du XXe siècle. Aux images de naufrages, Maylis de Kerangal superpose celles, baroques et crépusculaires, du célèbre long-métrage. Et se dessine la silhouette de Burt Lancaster en noble sicilien, lui le comédien né à New York de parents anglo-irlandais. Prince et migrant à la fois.
Comme le flux et le reflux qui charrient les corps des noyés, Maylis de Kerangal repasse par sa cuisine où, « à ce stade de la nuit », son poste de radio poursuit le lancinant récit du drame avant qu'à nouveau, elle se laisse prendre par le souvenir d'autres îles, Stromboli à la « sensualité fatale » évoquée dans une ardente nouvelle (« Sous la cendre »), par le naufrage du Lusitania au sud de l'Irlande en 1915 qui amorce son récit « Ni fleurs ni couronnes », ainsi que par d'autres voyages, d'autres ouvrages, avant de revenir à Lampedusa, symbolisant dorénavant « la honte et la révolte ». Lampedusa : deux planètes à leur point de friction ? Ou la même humanité à son point de jonction ?
Avec ce texte court à l'écriture précise, subtile, presque douce, l'auteure invoque la magie des mots, et leur puissance évocatrice permet de faire vibrer, a posteriori, tout son parcours romanesque autrement, depuis Ni fleurs ni couronnes jusqu'à Réparer les vivants. Il est rare qu'en tentant de mettre à nu son art poétique, un écrivain parvienne si bien à condenser la trajectoire d'une écriture et à faire oeuvre à part entière.
Magnifique de sensibilité et de clairvoyance
Quelle bonne idée de rééditer ce texte qui fut écrit en mai 2014 pour les 14 èmes rencontres littéraires en pays de Savoie.
Octobre 2013, aux alentours de minuit, une femme lambine dans la cuisine, savourant la solitude d'une maison endormie quand aux infos elle entend la nouvelle.
Lampedusa, sonorité douce et festive, celle du film le Guépard de Visconti, musique et images qui trottent dans la tête.
Soudain c'est le basculement vers l'indicible de notre époque, ces gens qui fuient leurs pays pour survivre, qui confient leur vie à des marchands d'espoir et la mort au bout du voyage.
En l'occurrence environ 500 personnes sur une embarcation partie de Libye dont 366 morts à quelques kilomètres des côtes italiennes.
L'esprit divague sur les mots, la tonalité des reportages comme si les mots ne voulaient pas se raccrocher à la réalité.
Comme si les accommoder à des souvenirs personnels, allait éloigner la réalité.
Penser aux paysages traversés, aux images engrangées, aux parfums gardés, mais fuir puis une voix dans la radio déchirante comme un éclair, hurle : vergogna...venez voir.
Le cerveau encore en mouvement comme les vagues, oscille , de roulis en roulis, voit se répandre ces hommes, ces femmes et ces enfants qui ne savaient probablement pas nager, échoués ...
Les quelques survivants ont été accueillis par la population de Lampedusa qui ont tendu la main à plus pauvre qu'eux, ceux qui doivent fuir un pays au péril de leur vie.
"Et le 3 octobre 2013, le nom Lampedusa concentre en lui seul la honte et la révolte, le chagrin, désignant un état du monde..."
Le parti de l'auteur n'est pas de commenter ce désastre mais plutôt de montrer le choc que provoquent les faits retransmis pas les ondes, le parcours nécessaire pour mettre une réalité sur ces voix.
En mots simples Maylis de Kerangal nous parle d'humanité et pourtant la question reste que font les pays occidentaux et l'Europe pour que ces drames cessent... La réponse ?
Finalement, je tente de nouveau de lire l’auteure, dont j’avais abandonné Naissance d’un pont il y a quelques années. Ce texte court en est l’occasion.
Je dois dire que je suis agréablement surprise, je peux dire que j’ai aimé cette méditation d’une nuit.
Lu d’une traite, l’écrivain a su me faire entrer dans ses méditations à la limite du songe, à l’heure où les pensées et les images s’enchainent sans ordre.
Oeuvre de commande pour la Fondation Facim (Fondation pour l’Action Culturelle Internationale en Montagne), Maylis de Kerangal nous parle surtout des paysages qui ont bercé notre vie, des lieux reliés à notre parcours personnels.
Une belle et douce lecture.
L’image que je retiendrai :
Celle de l’arrivé en bateau sur l’île de Stromboli de la narratrice, avec son enfant dans les bras, pour rejoindre un homme.
http://alexmotamots.wordpress.com/2016/01/08/a-ce-stade-de-la-nuit-maylis-de-kerangal
Je partage l'avis de Pierre, j'étais impatiente de lire ce texte mais je suis un peu déçue par une position décalée face à la réalité des migrants et à une poésie qui ne parvient jamais (ou presque) à émouvoir. Nous sommes bien loin de la digne attitude du prince Salina.
Après les lectures passionnantes de " Réparer les vivants " et de " Tangente vers l'est ", ce petit opuscule de 72 pages que nous propose Maylis de Kerangal cet automne prend une allure de friandise surprise avant un ouvrage plus consistant. Bien sûr le sordide naufrage de ce bateau de migrants à Lampedusa n'augurait pas une lecture joyeuse mais promettait le regard éclairé d'une de nos plus talentueuses romancières de la décennie. Je me suis donc réservé une petite plage de tranquillité confortable pour déguster comme il se doit " A ce stade de la nuit " (toujours des jolis titres !)... Et, je ne sais pas, une mauvaise posture ? Un mauvais moment malgré, coussins, ambiance douce et belle lumière ? La friandise est passée de travers. J'ai retrouvé dans ces quelques pages un concentré de ce qui pointait parfois le nez dans ses précédents romans, ce léger voile de préciosité et cette pose intello, qui empêchaient déjà, pour ma part, un enthousiasme total pour ses écrits.
Certes il y a quelques pensées pour ces victimes, mais j'avoue que la confrontation de l'intello face à ce désastre politico/humanitaire m'a au mieux agacé au pire paru totalement déplacé. C'est assez joliment écrit, car, on ne peut lui enlever, le style est là,( même si elle abuse des énumérations et du name droping ). Cependant je ne suis pas bien certain de l'opportunité de faire paraître cette petite chose qui, pour moi lecteur lambda, ternit plutôt son image d'écrivain, en la dévoilant comme une privilégiée assez poseuse.
Alors, je vais bien vite essayé d'oublier cette petite chose avant la parution d'un prochain roman....
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2016/01/03/33140808.html
Difficile de résumer ce pourtant si court récit.
Dans la nuit du 3 octobre 2013, la narratrice écoute les informations à la radio : on y évoque le naufrage d'un bateau de migrants au large de l'île de Lampedusa. Des centaines de morts. À ce stade de la nuit, la narratrice évoque tout ce que représente Lampedusa avant ce drame dont il est maintenant rattaché à jamais à l'horreur et l'exil. Elle divague aussi sur ses souvenirs de voyages, sur des livres, des films notamment Le Guepard tiré du roman de Giuseppe Tomasi di...Lampedusa.
Très bien écrit, ce récit de Maylis de Kerangal apporte une réflexion sur le phénomène de migration, sur notre société actuelle, sans oublier pour autant de la poésie. Malgré tout, j'avoue avoir eu un peu de mal à m'accrocher au texte tout au long de la lecture.
Notons que ce livre est le fruit d'une commande passée à l'auteur à l'occasion des 14e rencontres littéraires en pays de Savoir le 4 juin 2014 à Chamonix.
Après avoir découvert Maylis de Kerangal l'année dernière avec son magnifique "Réparer les vivants", je me suis précipitée sur le nouveau livre qu'elle vient de publier, persuadée que son écriture allait à nouveau m'emporter.
Quelle déception!
Ce texte correspond à une commande qui lui a été passée lors des 14èmes Rencontres littéraires des pays de Savoie en 2014.
Elle traite du drame des migrants notamment à Lampédusa sous un angle surprenant qui ne m'a pas du tout séduite.
La narratrice est dans sa cuisine et entend un bulletin d'information à la radio parlant du naufrage d'un navire, au large d'une petite île, Lampédusa. On annonce plus de 300 morts parmi les passagers, des migrants venant de Lybie.
Tout au long de la nuit, elle suit les informations et laisse son esprit divaguer sur ce que le nom de Lampédusa lui évoque notamment le film "Le guépard" de Visconti et l'acteur Burt Lancaster... Ensuite ce seront de multiples digressions sur des paysages, des moments de sa vie... Pour finalement bien peu parler des migrants et de leur drame...
L'écriture de Maylis de Kerangal est toujours aussi belle, aussi rythmée et musicale mais j'ai trouvé cette fois le texte trop confus, trop lyrique, pas du tout à mon goût.
C'est certainement un bel exercice littéraire mais je n'en ai pas bien vu l'intérêt.
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2015/12/a-ce-stade-de-la-nuit-de-maylis-de.html
C'est à mon sens une lecture dont on peut même se passer...
Et bien Joëlle,votre critique me conforte . J'ai eu ce livre en main , ai entendu quelques critiques semblables à la vôtre, en fait j'ai eu l'impression qu'on avait affaire à une" humanité de confort moral" Lecture éventuelle à plus tard.
"À ce stade de la nuit" fût une commande passée à l'auteur à l’occasion des 14e rencontres littéraires en pays de Savoie qui se sont tenues le 7 juin 2014 à Chamonix. Ce petit ouvrage fut édité une première fois à tirage limité en mai 2014 à l'initiative de la Fondation Facim et réédité pour la rentrée littéraire d'automne 2015.
Ce petit livre rassemble des souvenirs de l’auteure suite à l'écoute à la radio d'un fait divers : Le 3 octobre 2013, un navire venu de Libye, débordant de réfugiés, sombre au large de l’île de Lampedusa, à deux kilomètres des côtes, faisant plus de 300 victimes. Dans sa cuisine Maylis de Kerangal, apprend et suit l’information de ce drame. Le nom Lampedusa lui rappelle le film "Le guépard" de Visconti (adapté du livre de Lampedusa) et notamment l'acteur de Burt Lancaster mais aussi des lieux, des paysages, des moments de vie, etc.
Pour moi, ce petit récit contient de beaux passages mais je n'ai pas toujours accroché. Je trouve que Maylis de Kérangal aurait du parler davantage du problème des migrants. Elle se perd un peu trop dans ses souvenirs. Je ne suis donc pas aussi enthousiasme que certains lecteurs-internautes de Lecteurs.com ou d'autres sites web du même genre.
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Je comprends ton ressenti Pierre car le sujet est très douloureux, mais pour moi le livre ne raconte pas le drame des migrants. C'est une mise en mots du parcours que fait une information aussi dramatique pour arriver jusqu'à une réalité. La réalité ne fait malheureusement que s'aggraver et il est difficile de démêler toutes ces données si l'on ne veut pas voir des visages à travers ces désastres.