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On n'est pas sérieux quand on a quinze ans - même en pleine Occupation. Chaque jour, au café Eva, une bande de zazous se retrouve pour écouter du jazz. Josette, Pierre et Jean sont lycéens, Sarah est coiffeuse, Charlie trompettiste, Marie danseuse, Lucienne apprentie mannequin. Dans un Paris morose, ils appliquent à la lettre les mots d'ordre zazous : danser le swing, boire de la bière à la grenadine, lire des livres interdits, chausser en toutes circonstances des lunettes de soleil et enfiler de longues vestes à carreaux.
À mesure que les Allemands montrent leur vrai visage, ces jeunes gens qui ne portent pas encore le nom d'adolescents couvrent les murs de Paris du « V » de la victoire, sèment la panique dans les salles de cinéma et les théâtres, déposent une gerbe le 11 novembre sous l'Arc de Triomphe, arborent, par solidarité et provocation, l'étoile jaune. Traqués par les nazis, pourchassés par les collaborateurs, rejetés par la Résistance, les zazous ne veulent pas tant « changer la vie » qu'empêcher qu'on ne leur confisque leur jeunesse.
Dans cet ample roman aux accents de comédie musicale, Gérard de Cortanze nous plonge au coeur d'un véritable fait de société trop souvent ignoré, dans le quotidien d'un Paris en guerre comme on ne l'avait encore jamais vu, et nous fait découvrir la bande-son virevoltante qui, de Trenet à Django Reinhardt, sauva une génération de la peur.
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Ils sont jeunes, ont entre 15 et 21 ans : s’appellent Josette, Charlie, Lucienne, Odette, Sarah, Jean, Pierre, Henri et Jo. Ils aiment écouter du jazz, porter leurs cheveux longs, s’habiller à l’américaine, manifester dans les rues et montrer leurs désaccords face à l’occupation.
Ils sont jeunes, ont entre 15 et 21 ans : vivent dans un Paris occupé par les allemands, connaissent les conflits de la seconde guerre mondiale et veulent résister à leur façon.
Ils sont jeunes, ont entre 15 et 21 ans : veulent tout simplement vivre et s’amuser pendant la seconde guerre mondiale.
Ils sont jeunes, ont entre 15 et 21 ans : ce sont une bande de Zazous !
Touchant différentes émotions, ce roman est très riche. Nous suivons alors nos Zazous et leurs périples durant l’occupation allemande: amour, confidences, arrestations, déportations…. Un roman « rythmé » empli de références musicales ! Une histoire pleine de surprises et de rebondissements !
D’une très belle écriture qui ne dénature pas l’Histoire, l’auteur nous amène auprès de ces jeunes Zazous, et nous fait voir leur vision du Monde et de la vie. Ils sont chacun différents, ont leurs préoccupations personnelles, mais sont tous liés par leur amitié et leur combat contre la guerre.
J’ai particulièrement aimé le personnage de Josette (qui s’appelle en réalité Catherine), cette fille sérieuse, calme, « la bonne copine » qui aimerait qu’on la regarde, et qui va, un jour, contre toute attente, se lier avec un soldat allemand…
Ce n’est pas un roman à l’eau de rose, c’est une histoire « réaliste », poignante mais aussi pleine de vie ! Un roman sur un thème que l’on connaît bien mais qui se focalise sur un sujet bien différent !
Ils sont une bande de jeunes entre 15 et 20 ans. Avant ils se retrouvaient tous les jours au café de Jo mais les circonstances les ont obligés à arrêter de se voir. Paris vient d’être envahi par les Allemands, nous sommes en juin 1940. Une fois la stupeur passée, Josette, Pierre, Jean tous trois lycéens, Sarah la coiffeuse, Marie la chanteuse et danseuse, Lucienne l’apprentie mannequin et Charlie le trompettiste américain décident de se revoir. Il faut bien continuer à vivre malgré l’occupation.
Ces jeunes sont réunis par leur amitié et par leur amour du jazz et du swing. Comme beaucoup de jeunes ils ont adoptés cette musique et l’accoutrement qui va avec. Ils sont des zazous, ils ne vivent que pour le plaisir d’être ensemble et d’écouter leurs musiciens favoris. Comme tout le monde, ils sont touchés par les restrictions et par la poigne allemande qui se fait de plus en plus forte.
De juin 1940 à la Libération nous allons suivre cette bande de jeunes qui malgré les coupures d’électricité, les rafles, la délation, le manque de nourriture, va mettre un point d’honneur à essayer de vivre comme ils l’ont toujours fait. Ils voient le swing comme une manière de vivre, comme un moyen de résistance à l’occupant. Ils vont devoir aussi protéger leur amie Sarah, qui est juive.
« Le zazou refuse l’ordre nouveau qui lui est imposé. C’est une attitude politique qui dicte le comportement du zazou. »
« Le swing, c’est notre musique. Et plus que cela encore. Le swing, c’est ce qui nous rassemble, nous unit, nous les jeunes de cette guerre que nous n’avons pas voulue et qui nous a entraînés au fond du gouffre. Et qui a bousillé notre jeunesse. Il faut bien qu’on s’amuse, qu’on oublie tout ça jusqu’au prochain drame qui va nous tomber dessus. »
Avec Zazous, Gérard de Cortanze nous offre une radiographie passionnante de la vie sous l’occupation à Paris à travers le prisme de ce mouvement. Des romans qui traitent de la deuxième guerre mondiale, il y en a à foison, mais ce thème est rarement abordé. Au départ, ces jeunes, ces doux-dingues paraissent bien inoffensifs, superficiels, mais par leur résistance aux interdits, par leur chahut lors des divertissements officiels, par leur présence aux manifestations, leurs petits sabotages, ils vont vite devenir une épine dans le pied de l’autorité allemande et de Vichy. Ces jeunes, rappelons qu’ils ont entre quinze et vingt ans, vont au péril de leur vie, choisir de résister en défendant leur façon de vivre, en luttant culturellement et politiquement contre la présence allemande. Cette manière de résister débouchera d’ailleurs pour certains sur un engagement dans les réseaux de résistance plus durs. Zazous est un roman passionnant, dramatique, entraînant comme le swing, cette musique qui trotte dans la tête, fait vibrer le corps, taper du pied en rythme (les références musicales sont nombreuses et pour vous plonger pleinement dans l’ambiance du roman, vous pouvez le lire en écoutant ces morceaux). Il rappelle que la majorité des membres de la Résistance était des jeunes, des femmes, ce qu’on oublie souvent quand on voit des films sur le sujet, dans lesquels, bien souvent, les héros sont campés par des hommes murs. Je vous recommande vivement ce livre que j’ai dévoré.
« - Dites-moi, professeur, qu’est-ce-que le swing pour vous ? demande Marie, en minaudant comme une élève studieuse.
Tout le monde dispose les tables du café comme dans une salle de classe, faisant un brouhaha terrible. Jean se prête au jeu, et sur un ton de vieux professeur chenu, la voix tremblotante rappelant celle de Pétain, il commence son cours.
-Mes chers enfants, j’ai décidé de faire don de ma personne au swing, car le swing, comme la terre, ne ment pas. Et je hais les mensonges qui vous ont fait tant de mal. Mais qu’est-ce-que le swing , Eh bien, le swing n’est pas une portée musicale. C’est une cheminée coupée par un fakir dans le dernier coupon de popeline laissé par le rationnement du textile. Le swing, c’est une jambe, un mollet. Comme le mollet de Marie, on pourrait croire ce mollet sportif, mais regardez-le bien, il est seulement swing. Une cravate peut être swing, aussi bien rayée que mouchetée, mais la vraie cravate swing, c’est celle de Jo, râpée et dirty. Un monsieur, prenez Charlie, peut très bien porter des bretelles rose bonbon, et être swing, non comme une clarinette, mais sous le nom de Charles, comme un saxophone. J’ajouterai qu’il y a une manière swing de découper le poulet, et une manière swing de le manger, mais ça, ce sera pour plus tard, quand les Boches seront partis. Le baiser, mesdames, comme celui que Charlie et Lucienne se font quand nous ne sommes pas là, peut être swing, ou « déplorablement » contre les règles du swing lorsqu’il est bâclé. Mais, mes chers enfants, votre vieux professeur se sent fatigué et irai bien se coucher, alors je vais terminer sur ces mots que je vous demande de méditer : les plus grands admirateurs du swing ne savent pas comment définir l’objet de leur admiration. C’est in-con-tes-ta-ble-ment ce qui en fait pour eux la beauté et la grandeur. Et j’ajouterai ceci, avant cette fois d’aller vraiment me coucher : Goebbels le Nabot a raison de craindre le swing. Le swing fait danser les gens au lieu de les faire marcher au pas. Le swing les fait exulter au lieu de les mettre au garde-à-vous ! Le swing symbolise la liberté. Niggerswing, Swingbazillus, Judenswing ! Prout ! »
On connait tous l’expression « faire le zazou », mais au final on est très peu à connaître l’histoire de ces zazous, et plus particulièrement sous l’occupation allemande à Paris.
Mais voilà un vide que Gérard de Cortanze s’apprête à combler avec un sens du détail et de l’Histoire époustouflant. D’ailleurs je ne sais même pas pourquoi je dis cela, vu que les deux ne vont pas l’un sans l’autre. En effet par le détail du Paris occupé, en nous racontant la presse, les arrestations, les fusillades, les décrets anti-zazous, les actions zazous, les lois antisémites, le lien trouble entre musulmans et nazi (d’ailleurs j’ai découvert ici la branche SS musulmanes), l’épuration d’après-guerre, etc., l’auteur nous raconte l’Histoire avec un grand H ; nous plongeant ainsi réellement dans le quotidien difficile du Paris occupé et donc de nos personnages.
Qui eux sont certes imaginaires, mais comme ils sont placés dans un monde réaliste et décrivant une jeunesse réelle, on pourrait les croire réels. Surtout que l’auteur ne les épargne pas dans le malheur, puisque chacun à leur manière nos personnages vont subir cette guerre.
Et puisque je parle des personnages… c’est le moment de faire un point sur eux.
Porter par une plume simple mais prenante, nous allons donc suivre ici tout un groupe de jeune adolescent, qui aime le swing, le style anglais, et affiche à l’égard de la guerre un « j’m’en foutiste » patent, avec cette ritournelle en fond sonore qui dit « que la jeunesse ne doit pas mourir à cause de la guerre ». Pourtant malgré leur refus des grandes actions de résistance, leur refus de s’engager réellement et de juste se « contenter » de quelques petites actions marquantes, comme le port d’une étoile jaune détournée, de déranger les séances de cinéma, etc., nos héros vont devoir s’engager plus qu’ils ne le voudraient. Pour les amis, pour eux, pour leur pays, ils devront cacher des vérités et parfois frôler la collaboration par intérêt ou par amour.
Tout ceci aura forcément des répercutions sur leurs liens, parfois la tension montera entre les personnages, mais ça n’ira jamais vraiment plus loin que quelques brouilles car l’amitié est plus fort que tout. Et c’est là un peu le bug du livre, ça fait franchement pas très convaincant de ne pas voir les liens cassés davantage, alors qu’à côté le livre ne manque pas de réalisme. Franchement, est-ce qu’une amitié peut survivre à une guerre et dans ce contexte à des comportements opposés aux autres, opposés à nos engagements ? Personnellement j’ai des doutes…
Bon tout cela n’est finalement que détail, car la fin de Josette rattrape cela. En effet, par ce personnage l’auteur nous présente vraiment ces humains en morceaux qui ne savent plus comment vivre après une guerre qui bouleversa l’Histoire et leur vie.
En conclusion c’était une lecture historique agréable et enrichissante que je recommande vivement malgré quelques longueurs.
http://voyagelivresque.canalblog.com/archives/2016/05/02/33755018.html
Ils sont nombreux les Zazous du café Eva. Il y a Odette, Marie, l’artiste qui chante dans les cabarets, Lucienne, Sarah la jeune fille juive, Josette, Jean et Pierre les lycéens, Charlie, l’américain qui devient français-antillais pour survivre, et Gerhard, le soldat allemand qui aime tant la musique. On a un peu de mal à les reconnaitre. Et pourtant, ils vivent tous les maux des jeunes grandis trop vite dans les tourments de l’histoire. Qu’il s’agisse d’amour ou d’amitié, leurs aventures sont celles des jeunes de leur âge, relations torturées, compliquées ou évidentes, heureuses ou tristes, mais souvent réalistes. Malgré tous les interdits qui paraissent tellement incroyables, énormes ou dérisoires, mais qui lorsqu’on les brave chaque jour deviennent mortellement dangereux.
Au fil des pages, l’auteur nous présente un panorama assez complet de la vie artistique, de la musique, de la mode, de la vie en somme, de cette jeunesse qui vit dans un Paris occupé mais pas vaincu. Vision que l’on trouve rarement dans les romans traitant de cette époque. C’est étonnant et permet de comprendre comment chacun a réussi à se débrouiller pour vivre, s’habiller, faire bonne figure, pour trouver ce semblant de normalité qui même dans l’excès prouve que l’on existe.
Petit bémol peut être, au fil de la lecture, on se demande d’où viennent ces jeunes qui vont si souvent au cinéma et au concert l’après-midi - puisqu’il faut rentrer avant le couvre-feu et parce que tout s’arrête le soir- et qui chaque jour ou presque se retrouvent au café Eva. Quand vont-ils au travail, quelle est leur vie, où sont leurs familles et que fait leur entourage, sont-ils des étudiants sans parents, qu’elle est donc leur réalité dans ce monde des années 40 ?
Dans ce roman de Gérard de Cortanze, l’occupation et les années sombres de la seconde guerre mondiale sont décrites en musique et avec beaucoup d’originalité, car le phénomène Zazous est peu connu et peu décrit finalement. Tout le monde à plus ou moins entendu le mot sans toujours savoir ce qu’il recouvre. Nous voilà donc un peu moins ignorants, et sans doute un peu admiratifs de ces jeunes de 15 à 20 ans qui, sous couvert d’insouciance, cherchaient malgré tout à montrer leur refus de vivre sans agir dans un Paris occupé par l’ennemi, après l’armistice signée par un général Pétain collaborateur et tellement décevant.
Le texte est parsemé de très nombreuses anecdotes et de faits historiques, ce qui aurait peut-être mérité un deuxième tome, rendant ainsi plus crédible et plus fluide l’histoire de cette bande de zazous auxquels on met un peu de temps à s’attacher. C’est cependant un roman très complet, intéressant et passionnant surtout lorsqu’on s’intéresse à la petite histoire, celle qui par ses actions combinées forme la grande Histoire.
En lisant ce roman, j’ai découvert qui étaient vraiment les Zazous » et surtout le rôle que ces adolescents de 15 ans avaient joué pendant la seconde guerre mondiale.
Ils se distinguent par leur tenue vestimentaire complètement décalée, leurs apparences physiques (la photo de couverture est un bel exemple), leur attitude anticonformiste, « je m’en foutiste », une philosophie proche de l’existentialisme de Sartre, plusieurs fois cité dans ce roman, au même titre que Simone de Beauvoir.
Leur esprit d’opposition à la privation des libertés, aux mesures imposées par le gouvernement de Vichy et à l’endoctrinement de la jeunesse se traduit par la fréquentation des bars dans des quartiers qu’ils privilégient, Quartier Latin et autres, l’organisation de concours de danse, la musique, le swing, la fréquentation des cinémas et des théâtres où ils perturbent les spectacles qui y sont programmés choisis pour plaire ou ne pas déplaire à l’ennemi…
La culture est leur arme de résistance.
Leur engagement est à haut risque, et la plupart sont confrontés à des arrestations, des emprisonnements et autres sévices.
Dans le groupe que nous fait intégrer Gérard de Cortanze, la fraternité est grande, même si comme dans tout groupe constitué, les dérives existent. Dans ce roman, le lecteur vit au rythme de ces années de guerre et de folie, d’effroi, heureusement atténués par de beaux moments où la poésie s’installe.
J’ai appris beaucoup en lisant ce roman, et en le refermant, je reste stupéfaite de la force de ce mouvement, filles et garçons de 15 ans, capables de se mobiliser pour préserver leur jeunesse au risque de leur vie. J’ai maintenant envie d’en savoir plus, et notamment quel était le milieu social de ces jeunes, l’auteur ne parle pas de leurs familles. Etaient-ils donc aussi libres ? Leur combat est à la fois signe d’une grande maturité, mais aussi d’une grande insouciance qui était sans doute leur force. Pourtant, au fil de leurs douloureuses expériences, ils ne renonçaient pas. Quel courage !
Quelle a vraiment été leur influence pendant ces années ? La réponse se trouvera dans les recherches que je mènerai sur « les Zazous ».
L’un des bémols de ce livre est sa longueur. Heureusement, il se vit presque comme une comédie musicale, tellement la musique est présente et les scènes bien décrites. Les personnages du groupe des Zazous sont sympathiques, on les aime et ils nous touchent.
Certains passages concernant leurs rendez-vous dans les bars peuvent paraître redondants, mais on ne s’ennuie pas.
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