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Walter Appleduck est un jeune homme cultivé, poli et bien éduqué qui fait un "master cowboy". Le shérif de Dirtyoldtown et son adjoint Billy ont accepté de le prendre en stage pour lui apprendre les rudiments du métier. Les périodes de stage sont en général assez courtes, s'interrompant brutalement après le cours sur l'art du duel au pistolet. Mais Walter est bien décidé à s'accrocher et à apporter un peu d'humanité dans cette bourgade de ploucs. Sa tâche sera rude entre les évasions à répétition de Rascal Joe (qui revient à la prison parce qu'il a oublié son chapeau) et ses efforts pour aider Billy à draguer Miss Rigby (quand elle le traite d'« archétype du type rustre, macho, grossier et alcoolique aux idées dangereusement fascisantes », il croit qu'elle le drague).
Dans son désir de réformer la société qu'il découvre, Walter tentera de remplacer les duels au pistolet par des tournois de jeux de société (un bon Scrabble®, c'est quand même moins sanglant). Il sera également confronté à des problèmes d'une actualité brûlante comme quand il découvre que Billy, devenu addict aux nouvelles technologies, ne cesse d'envoyer des télégrammes bourrés de smileys à Miss Rigby et menace Rascal Joe de le virer de ses amis Facebook s'il ne se rend pas (ce qu'il fait illico).
Au final, Walter aura un bon rapport de stage mais, après son passage, l'Ouest aura bien changé.
Walter Appleduck est étudiant en master cow-boy et fait un stage dans le bureau du shérif de Dirty Old Town. C'est Billy, le shérif-adjoint qui est chargé de sa formation. Entre l'étudiant lettré et cultivé et le shérif un peu limité et même le reste de la population, les quiproquos sont nombreux. Mais chacun apprendra des autres.
Fabcaro scénarise et Fabrice Erre dessine cet album crétin et savoureux, multi-référencé à la BD, au western, à la BD-western et à l'actualité. De nombreux clins d’œil -dit-on clins d’œil ou clin d'yeux ? Euh..., clins d’œil car l'on n'en cligne qu'un seul à la fois ?- a des personnalités de divers horizons. L'humour est basé sur des situations bêtes, des anachronismes entre Billy qui vit au temps du Far-West et Walter qui a des références très en avance sur son temps, qui lorgnent vers le XXIème siècle. Les deux auteurs parviennent à aborder des thèmes très actuels : les réseaux sociaux, le racisme et la xénophobie, la justice, le sexisme, la "presse voyeuriste et dégradante qui n'a pour but que d'avilir autrui en étalant son intimité" (p.46) que d'aucuns nomment plus couramment et en bon français la presse-people.
C'est franchement très drôle et le dessin virevoltant et très coloré (par Sandrine Greff) participe à la bonne humeur. Très crétin disais-je ci-dessus, très décalé, un humour potache en même temps que sérieux par les thèmes abordés, l'humour faisant souvent passer des messages bien plus efficacement que de longs discours. Il paraîtrait qu'un tome 2 serait sorti...
Un drôle de western ( et un western très drôle)
Fabcaro, Fabrice Erre et la coloriste Sandrine Greff avaient déjà travaillé ensemble sur « Z comme Don Diego », jubilatoire parodie de la mythique série Zorro qui enchanta les mercredis après-midi de nombre d’entre nous. Ils reprennent ici du service en revisitant les codes du western comme Salomone et Lupano dans « l’homme qui n’aimait pas les armes à feu » ou les frères Maffre dans « Stern ». Pas une des scènes obligées ne manque à l’appel : l’attaque de la diligence, le duel, la poursuite d’un hors la loi, l’arrivée du télégraphe, les combats contre les indiens et même le sauvetage d’une demoiselle en détresse. On remarquera également des cameos de Lucky Luke et de Lee Van Cleef (les sept mercenaires) rebaptisé ici Olive Hank Cleef …
Mais cette série composée en deux tomes et prépubliée dans le journal « Spirou », prend le parti de pousser aussi graphiquement l’irréalisme et la parodie, contrairement à celles de Maffre et Lupano, grâce à des dessins tout en rondeur, une ligne élastique et des visages aux yeux globuleux et aux lèvres immenses. On perçoit ici, l’influence - revendiquée par Fabrice Erre- de Benito Jacovitti et de son héros jeunesse Cocco Bill. Les couleurs pastels, l’adjoint du shérif tout de rose vêtu, et les décors de cartons pâte inspirés par les maisons Playmobil soulignent d’ailleurs ce décalage.
Les auteurs déroulent une mécanique bien huilée : les chapitres font cinq pages et commencent chacun par une grande case de présentation. Chaque page se décompose en deux demi-pages se terminant chacune par une chute et il n’y a pas plus de six cases à chaque fois pour garder de la lisibilité. On y trouve du comique de répétition et des running gags ( les évasions de Rascal Joe par exemple) et surtout de nombreux clins d’œil et anachronismes comme dans le film de jean Yann « deux heures moins le quart avant Jésus Christ ». Ainsi, le Tipi du grand chef est rempli d’électroménager, un Mac Do côtoie le saloon et Billy danse le moonwalk. Les arrière-plans fourmillent de petits détails très drôles que l’enfant cherche avec plaisir à la relecture comme le pneu de la diligence crevé par une flèche indienne par exemple. Les deux auteurs jouent à fond la carte de l’absurde.
L’ensemble est plutôt frais et nettement moins caustique que les albums habituels de Fabcaro.
Candide au pays des cowboys
Le personnage principal, Walter Appleduck, est sympathique et candide : c’est un lettré de l’Est qui vient observer les mœurs de l’Ouest sauvage lors d’un stage d’immersion pour sa thèse qui traite non des chevaliers de l’an mille au lac de Paladru mais de : « l’Ouest américain et sa violence sous-jacente en tant que vecteur de valeurs fondatrices et outil de domination impérialiste dans un conflit ethno-culturel latent ». Il y a donc un grand écart culturel entre ces deux mondes et cela permet d’évoquer sur un ton léger la fracture sociale et la coexistence entre des personnes qui n’ont pas du tout les mêmes références.
Ainsi Walter découvre une « terra incognita » et se heurte aux valeurs de l’Ouest dans des leçons paradoxales dispensées par le shérif et Billy, son maître de stage, comme l’indiquent les titres de chacun des dix chapitres : « apprendre à ne pas vivre ensemble » (II), « un homme morte est un homme honnête » (III) ou « on est tous égaux sauf si on a une robe » (VI). En bon élève scrupuleux, il note ce qu’il apprend durant son mois de stage mais il essaye (peine perdue) de convaincre le shérif et Billy qu’une vision progressiste de l’existence existe.
Un récit polysémique
Les anachronismes n’ont pas comme seul but de faire rire : ils servent aussi à établir des passerelles avec le monde actuel et transforment ainsi la pochade en apologue et en satire. Fabcaro et Fabrice Erre pourraient faire leur l’adage de La Fontaine « en ces sortes de récits, il faut instruire et plaire » . Derrière l’humour, pointe ainsi la réflexion et la pédagogie : le dessinateur n’exerce-t-il pas en parallèle le métier d’enseignant ?
A travers certains thèmes qui parlent aux jeunes, les auteurs montrent les travers de notre société : on trouve ainsi des pages hilarantes sur l’addiction aux nouvelles technologies, le langage SMS et les émojis ; la presse à scandale est également brocardée (à travers le magazine Cowzer on reconnait grâce à l’homonymie et la paronymie une critique d’un « Closer » à la sauce cowboy qui « cause » mais n’informe pas ) et enfin la place de la femme et le plafond de verre sont également abordés à travers le personnage de Miss Rigby qui se présente aux élections.
Les lecteurs adultes pourront même percevoir dans l’album une critique de l’Amérique de Trump fondée sur la mythologie machiste du pionnier blanc prônant la peine de mort. Mais un coup de griffe est également adressé à certains éditeurs (français cette fois !) au chapitre IX « artiste , c’est un peu presque quasi comme un métier » qui reprend de façon absurde certains propos tenus sur la visibilité ou encore la rémunération et en soulignent ainsi l’irrecevabilité. Le trait et les couleurs choisies rappelleront alors non seulement « Cocco Bill » mais également « les Simpson » et leur côté caustique ! On retrouve in fine la plume au vitriol du Fabcaro de « Zaïzaï » ou « Et si l’amour c’était aimer » mais aussi l’œil du docteur en histoire Fabrice Erre spécialiste de la presse satirique au XVIII et XIXe.
Le deuxième volet des aventures de Walter Appleduck, « un cowboy dans la ville », vient de paraître. Cette fois, c’est Billy qui est placé dans le rôle du candide et permet de dénoncer les travers des mégalopoles. Gageons que cela sera aussi drôle ! A consommer de toute urgence !
je remercie NetGalley, Fabcaro & Fabrice Erre ainsi que les éditions Dupuis de m'avoir permis de le lire
#walterappelduck#NetGalleyFrance
Dirty Old Town. Walter Appleduck rencontre le shérif de cette ville afin de lui demander de faire un stage en plein Far-West. Il fera alors équipe avec Monsieur Billy, et y découvrira tout ce dont il a besoin de savoir pour sa formation. À moins que ce ne soit finalement Walter qui ait beaucoup à enseigner à tout le monde.
J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman graphique qui m’a totalement conquise. Les auteurs ont su m’offrir de belles tranches de rires et j’en aurais volontiers lu davantage.
Ce roman graphique est divisé en plusieurs leçons qui vont constituer la formation de Walter. Si à chaque fois, cela débute avec un semblant de sérieux, cela finit toujours par une situation cocasse totalement délurée.
C’est vraiment un roman graphique que je pourrais qualifier d’intelligent, puisque sous couvert de franche rigolade, il y a des thématiques très actuelles qui sont présentes, et les auteurs ont eu la bonne idée de faire la part belle à certains préjugés qui sont tenaces. Ils vont ainsi aborder l’égalité des sexes, la presse, la politique, et livrer de manière très comique une véritable analyse tout en finesse des travers de notre société.
Le mélange des genres est très réussi et comique. Il ne faut pas oublier que les auteurs placent leur intrigue en plein dans le Far-West, et pourtant une multitude de références actuelles vont parsemer le texte. J’ai trouvé cela très original, mais surtout, c’est fait avec beaucoup d’ingéniosité.
J’ai été conquise par les graphismes que j’ai trouvé très soignés et très visuels. L’effet comique ne passe pas seulement par le dialogue, mais également par les dessins qui sont très représentatifs. Je suis bon public en règle générale, et je dois avouer que pour ma part, les effets comiques ont fonctionné à chaque fois.
Un roman graphique avec lequel j’ai passé un excellent moment de lecture et qui sous couvert de rires, est une véritable réflexion sur les préjugés qui parsèment notre société actuelle.
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