Et parle cette voix au timbre de printemps qui panse les engelures de l'hiver. Cette voix dérobée au fracas du verbiage, emmaillotée dans le silence de la nuit, nue au tournant de l'univers, vibrante dans la nitescence du jour sans déclin, cette Voix embrasse de part en part les poèmes de l'ami, Eric de Rus. Perdus dans les embruns des soucis obstruant l'horizon du monde, bercés par le clapotis des rêves bruissant dans la houle des jours, nous voilà tout soudainement emportés, par ces poèmes, au coeur d'une prodigieuse aventure que l'on pense d'abord immobile.
Au fil des mots, au gré des harmonies, au choc des images nous allons pourtant naviguer de l'extérieur à l'intérieur ; puis, par la grâce d'un souffle jailli d'ailleurs, nous passerons de l'intérieur au supérieur, ou plus exactement nous plongerons dans l'abîme intime qui transcende tout. Les poèmes d'Eric nous charrient délicatement sur les rives du grand large de l'existence. C'est là que retentit - ardent et secret - l'appel de la Voix.
Cette voix qui accompagne les mots d'Eric, creuse là où l'on demeure... Elle provoque là où l'on s'endort... Elle emporte là où l'on défaille.
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