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Ettore Fossoli est un écrivain raté, qui n'a jamais écrit que des livres mineurs désormais introuvables. Pour racheter cette misérable carrière. il a un dernier projet, qui l'obsède depuis des années : rédiger la biographie de Ludovico Lauter, un des derniers géants de la littérature en activité, à qui ont été consacrés de nombreux ouvrages, sans qu'aucun ne soit complet et satisfaisant. Fossoli, lui, entend aller plus loin et. pour ce faire, il bénéficie d'un atout majeur : il sait où se trouve Lauter, qui s'est retiré de toute vie publique depuis des années. Installé sur la côte orientale de la Sardaigne dans une petite maison louée par Roberta, une jeune étudiante qui rêve de partir en Australie mais qui ne veut pas quitter sa mère atteinte d'un cancer, le biographe retrace le parcours de Lauter. sa naissance à Cagliari. d'une mère sarde et d'un père allemand, ancien soldat de la Wehrmacht surnommé l'Allemand triste, son enfance à Home et à Wiesbaden, ses études à Bologne. le rôle de son oncle Siegfried et ses débuts littéraires décevants, puis le succès, l'exil américain, la consécration, la chute et la disparition. Mais qui est vraiment Ludovico Lauter, et pourquoi fascine-t-il autant un vulgaire scribouillard ?
Qu'il m'a été difficile d'entrer dans ce livre et de le continuer ! Je ne saurais pas vraiment dire pourquoi précisément. Peut-être le style de l'auteur, ou alors ses digressions très fréquentes, des réflexions en marge de l'histoire, sur la littérature, la liberté, sur la guerre, ... Et pourtant, il y a un je-ne-sais-quoi qui attire et retient le lecteur : l'humour, les portraits des personnages, une certaine fascination pour les ascendants de Ludovico Lauter tous plus ou moins "barrés". Bien décrits, ayant droit quasiment chacun à leur chapitre, ils expliquent la personnalité du héros. Les hommes sont peu glorieux, traîtres et faibles. Les femmes sont folles, mystiques ou jalouses. Ce roman dense retrace toute la vie des Italiens depuis le début du siècle dernier : une sorte de saga, le romantisme en moins, l'ironie en plus. Un roman linéaire, chronologique avec de brèves avancées dans le temps lorsque l'auteur revient à Ettore Fossoli, le narrateur, le biographe. Un roman qui fait naître un maître de la littérature italienne et mondiale, qui se plaît à en faire une vraie icône, qui malgré son aura se compromettra dans des livres moins bons, dans des émissions de télé annonçant le début de ce qu'on nomme désormais la télé-réalité. Alessandro de Roma prend un évident plaisir à faire et défaire ses personnages, à créer et détruire son intrigue à loisir. Il montre assez brillamment la force de la création artistique, romanesque, fictionnelle mais aussi ses faiblesses et notamment celles de dépendre de ses créateurs. Il prouve qu'un personnage de fiction, bien que de toutes pièces créé, peut influencer fortement et durablement la vie des lecteurs ou des spectateurs jusqu'à influer sur leurs comportements les plus intimes.
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