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Paul Blick est d'abord un enfant de la Ve République. L'histoire de sa vie se confond avec celle d'une France qui crut à de Gaulle après 58 et à Pompidou après 68, s'offrit à Giscard avant de porter Mitterrand au pouvoir, pour se jeter finalement dans les bras de Chirac. Et Paul, dans tout ça ? Après avoir découvert, comme il se doit, les joies de la différence dans le lit d'une petite Anglaise, il fait de vagues études, devient journaliste sportif et épouse Anna, la fille de son patron. Brillante chef d'entreprise, adepte d'Adam Smith et de la croissance à deux chiffres, celle-ci lui abandonne le terrain domestique. Devenu papa poule, Paul n'en mène pas moins une vie érotique aussi intense que secrète et se passionne pour les arbres, qu'il sait photographier comme personne. Une vraie série noire - krach boursier, faillite, accident mortel, folie - se chargera d'apporter à cette comédie française un dénouement digne d'une tragédie antique. Jardinier mélancolique, Paul Blick prend discrètement congé, e ntre son petit-fils bien-aimé et sa fille schizophrène.
Le Goncourt 2019 m’a permis de découvrir un auteur mais j’ai préféré lire un de ses précédents livres plutôt que le primé ! Dans mon club de lecture on m’a conseillé Une vie française et La succession. J’ai commencé par le premier pour lequel j’ai eu un véritable coup de cœur (et qui m’a donné envie de lire d’autres « Dubois »). Un livre sur la famille, les amours, les amis, les emmerdes… sur le temps qui passe, la nostalgie, les désillusions…
Une vie française c’est l’itinéraire d’un enfant de la Vème République, Paul Blick. L’histoire démarre en 1958, ère de la toute puissance cathodique, lorsqu’un général catholique devenu président vivait dans les téléviseurs Grandin… puis 1968 vécu comme « un voyage intergalactique, une épopée plus radicale que la modeste conquête spatiale américaine ». Paul revêt brièvement le « corset du salariat » qu’il abandonne lorsqu’il épouse la fille de son patron et devient père au foyer. Loin de s’ennuyer, Paul mène une vie érotique secrète et développe sa passion pour la photographie dont il publiera deux livres à succès.
Mais est-il heureux ? Sa femme s’éloigne, ses enfants grandissent, il se rend compte que lui, l’enfant de 1968, est devenu un bourgeois malgré lui « emporté par l’énergie cinétique du corps social »… Il en est à s’interroger sur son sort lorsque surgit un drame qui n’est que le premier d’une véritable série noire...
Avec Une vie française, on est dans la comédie du genre à nous les petites Anglaises avec la traversée incontournable du Channel pour améliorer la pratique du French kiss et plus si affinités… Et que dire de son copain d’enfance David Rochas qui entretient des rapports ambigus avec le rôti familial du dimanche ! Puis survient le temps des tragédies.
Même lorsqu’il nous parle d’un temps que certains lecteurs ne peuvent pas connaître, Jean-Dubois possède le don de faire revivre les différentes époques traversées (le livre est d’ailleurs divisé en chapitres qui portent le nom des présidents successifs de la Vème République, jusqu’à Jacques Chirac).
Le succès de ce livre est certainement le fait que tout le monde s’y retrouve. Une enfance confortable mais déjà un regard d’observation sur les protagonistes familiaux, la découverte de la sexualité, une révolte adolescente, une conviction de jeunesse révoltée, un assagissement forcé par la venue du mariage, des enfants, des familles, des obligations matérielles, venant contredire vos pensées profondes, une vie qui n’est pas forcément celle qu’on aurait rêvée, le facteur chance (ou pas) mais dans le livre il fait rêver, puis les aléas qui peuvent se traduire dans des vagues tempétueuses, (tempête tueuse), où désespérément et miraculeusement les filins de sauvetage, fins et quasi invisibles, peuvent sauver une vie et la mener à bon port (enfin, sur la terre ferme en tous cas), même si bien cabossée comme un bateau pris dans les intempéries, quasi détruit mais toujours flottant et ramenant des êtres fatigués mais toujours habités par le devoir et l’amour, ne se démettent pas de la force de vivre.
Jean-Paul Dubois fait rythmer son roman avec les différents gouvernements que la France a connu depuis De Gaulle à Jacques Chirac. Une vie qui appellera particulièrement la génération prè-68 à nos jours. Mais cela n’est-il pas un schéma répétitif car chaque génération, ne ressent-elle pas un climat de révolte, un fort sentiment contestataire pour le changement, l’amélioration et le progrès ?
Le talent d’écrivain de Jean-Paul Dubois n’est plus à démontrer. Une écriture simple (enfin, qui semble simple mais qui est loin de l’être) offre une lecture fluide et addictive pour parler de chacun d’entre nous avec une dose d'humour qui fait du bien.
A la suite d'un deuil, le héros de l'histoire, Paul Blick retrace sa vie.Der Blick en allemand veut dire regard mais aussi perspective et on regarde la vie des Français sous le regard de Paul. Un livre et un auteur attachants, l'écriture est facile, la lecture l'est aussi. Une bonne retrospective de La France de De Gaulle à Chirac.
Un roman autobiographique sous fond de société française en pleine mutation... Je n'ai pas accroché, même si je reconnais que l’œil de l'auteur se révèle très affûté quant à la description de cette évolution très bien décrite.
Ouvrage majoritairement autobiographique, Une vie française nous relate la vie de Paul Blick, de la France des années 60 aux évènements les plus contemporains.
La construction du roman, découpé en chapitres correspondant aux mandats des différents présidents (incluant les deux "intérims" du président du Sénat, Alain Poher), est originale et nous permet de revoir les évènements qui ont jalonné l'histoire récente (premiers pas sur la lune, faux massacre de Timisoara en 1989) ou le parcours initiatique d'un Français de l'après-guerre (service militaire).
Néanmoins, malgré cette omniprésence des jalons historiques, le narrateur est aussi un homme de tous les temps avec lequel on partage les moments d'euphorie, de doute, de désillusion, la vie tout simplement. L’écriture est remplie d’humour ou plutôt d’ironie, fluide avec une vraie capacité de mettre des mots sur des évènements douloureux de la vie.
Ce livre était le premier de Jean-Paul Dubois que je lisais – un très bon moment de lecture en résumé.
Ce roman est épatant ! Je me suis surprise au lendemain de ma lecture à vérifier s'il s'agissait d'une autobiographie...c'est comme ça que je l'ai lu, et je suis persuadée que c'est ainsi qu'il fallait le lire, presque comme un témoignage, comme le roman d'une époque, le roman de la vie d'un homme qui relate ses malheurs, ses découvertes (sexuelles ou photographiques), et ses infimes bonheurs.
Je suis restée sous le charme, du début jusqu'à la fin, sans doute parce que, même si je suis bien plus jeune que l'auteur, j'ai eu l'impression d’égrainer des souvenirs, de revivre des moments forts...J'ai aimé le regard distancié sur le monde, souri souvent (ah ! la scène d'anthologie du rosbeef à l'aïl !!!), été émue..J'ai aimé le découpage en périodes "politiques", les vérités semées au fil des pages, l'humour sous-jacent.
C'est devenu un livre "hérisson" plein de pages cornées (pas de post-it sous la main entre plage et apéro), avec tant de choses qui m'ont touchées que je pense me souvenir un petit moment de ce roman !
Je n'avais pas gardé en mémoire "Vous plaisantez, Monsieur Tanner" mais j'ai hâte à présent de découvrir "Les accommodements raisonnables" ! et peut-être de retrouver, blague à part, les tondeuses à gazon et les dentistes ;o)
Le dimanche 28 septembre 1958, les français adoptent la nouvelle constitution de la Vème république et c’est également le jour de la mort de son frère. Ainsi commence le début de ce roman. A l’aube de ses 54 ans, Paul Blick retrace son enfance, sa jeunesse, son mariage, sa vie de doux rêveur photographe d’objets inanimés. Paul Blick marche à côté de sa vie jusqu’au jour du décès de sa femme dans un petit avion de tourisme en compagnie de son amant. L’amant, passe encore, mais, il s’aperçoit que son entreprise de Jacuzzi qu’il croyait très prospère est en déliquescence complète et qu’il doit tout vendre. C’est également l’instant de son réveil à la vie car il doit se prendre en charge et ne plus se laisser aller au gré des évènements.
Certains passages sont très amusants. Si vous trouvez un drôle de goût à votre rôti, regardez du côté de votre fils pré-pubère !!!! Lorsqu’il nous parle du héros, à la vie, à la mort, de sa mère, les souvenirs remontent à la surface.
Sans nous fatiguer ni nous lasser, Jean-Paul Dubois nous dépeint la vie sociale et politique de la seconde partie du XXème siècle qui est celle du baby-boom (je n’aime pas ce nom) à travers sa vie et celle de sa famille proche, la vie d’une famille française bourgeoise.
Ce n’est pas un simple récit : j’ai fait ci, il m’est arrivé ça. Non Jean-Paul Dubois raconte l’histoire, nous parle de son époque, de cette génération que je connais très bien puisque c’est la mienne. Chaque évènement de la vie personnelle de Paul Blick se trouve lié à un évènement de la vie politique et sociale. Par certains points, je trouve qu’il me ressemble comme un frère, ses doutes, ses espérances, je les ai connus, J’ai marché à côté de lui. Nous sommes passés par les mêmes stades, je n’ai vu et n’ai ressenti aucune nostalgie dans cette lecture. J’ai aimé les titres des chapitres, ne se référant par à l’histoire de la vie de Paul Blick, mais à nos Présidents de la République : Valéry Giscard d’Estaing (27 mai 1974 – 21 mai 1981), François Mitterrand (1) (21 mai 1981 – 7 mai 1988).
Je voulais lire « une vie française » depuis fort longtemps et j’ai passé un très bon moment, passant du sourire à l’émotion. Plus je lis Jean-Paul Dubois, plus je l’apprécie. Il n’y a que « Vous plaisantez Monsieur Tanner » que je n’ai pu terminer, il faudra que je retente une lecture.
Une vie française débute en 1958 dans une famille française, banale, habitant Toulouse. Un petit garçon de huit ans, Paul Blick, perd son grand frère de dix ans. Il raconte comment sa famille se délite lentement les premiers temps. Puis nous suivons son enfance, ses études, ses amours, ses amitiés, sa vie de tous les jours en somme dès cet instant, avec le regard d’un enfant, d’un adolescent puis d’un adulte, dans une France en pleine mutation politique, industrielle et sociale.
Ce roman qui se lit avec délice, écrit avec une grande habileté nous propulse cinquante ans en arrière dans cette vie ennuyeuse d’un français moyen. Tout au long de son parcours, le personnage que nous apprenons à connaître au fil des pages, se raconte, lui et son entourage au gré de la vie politique du moment, et des modifications sociales brutales. Au sortir de la guerre, habitant une famille restée à la mentalité d’entre deux guerres, grandit un enfant, un peu opportuniste, découvre les joies et les malheurs comme tous les enfants de cette époque, avec des repères qui changent parfois trop vite, rencontrent des bourgeois aux idées moyenâgeuses. Une vie française par procuration, et par les yeux de cet homme, nous retrace la France de l’époque, dans la vie des français, ancrée au plus profond de leurs croyances, leurs peurs, leurs aspirations et leurs tracas quotidiens.
Ce roman, c’est aussi la contradiction permanente. On s’imagine faire ce que l’on veut dans la vie et finalement elle nous joue des surprises. Paul Blick est un personnage avec ses contradictions déroutantes. Profondément gauchiste, limite communiste, il découvre en se mariant la vie bourgeoise. Homme au foyer, il ne travaillera que de sa passion, et seulement que de temps en temps. Il ne connaîtra donc pas les contraintes liées à un travail ainsi que les difficultés financières. Ce roman, c’est la vie qui vous surprend, par ses instants magiques comme par les moments tragiques. Magnifique, hilarant parfois, dramatique souvent…
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